Le Forum pour une nouvelle République (Nou-R) a invité neuf partis candidats aux élections législatives à s'adonner à un exercice du pouvoir. Se projeter dans l'avenir en tant que chef du gouvernement et présenter les priorités, orientations et actions des 100 premiers jours du gouvernement : un exercice qui s'est avéré difficile eu égard aux présentations des uns et des autres. Les partis candidats aux élections législatives sont-ils prêts pour accéder au pouvoir ? Ont-ils fixé leurs priorités, leurs orientations stratégiques et les actions urgentes à entreprendre au cours des 100 premiers jours du gouvernement ? A entendre les candidats, participants à la conférence-débat, tenue hier à Tunis, et organisée par Nou-R (Forum pour une nouvelle République), autour du thème : «Les 100 premiers jours du gouvernement, propositions des partis», il semblerait que la réponse soit «Non !». L'idée lancée par le Forum pour une nouvelle République (Nou-R) est originale. Il s'agit pour les partis présents de se projeter dans l'après-26 octobre 2014. Quand les résultats des élections auront été rendus publics, que l'Assemblée nationale aura été constituée et que le nouveau gouvernement aura été mis en place. L'exercice auquel se sont livrés les partis participants consiste à se considérer à la tête du gouvernement. Partant, ils auraient à communiquer autour de la politique et des actions du gouvernement pendant ses 100 premiers jours. Maher Kallel, membre fondateur de Nou-R, indique que les représentants des partis avaient à répondre à quatre questions cruciales. D'abord, quelles sont les priorités du gouvernement dès sa mise en place ? Les priorités d'ordre social, économique, politique et transversal. Ensuite, quelles sont les actions à lancer pendant cette période ? Et, enfin, quelles sont les réformes à entreprendre. «Dans le monde politique moderne, il est reconnu que les 100 premiers jours d'un gouvernement font généralement son succès ou son échec. Et tous les analystes recommandent de ne pas perdre de temps et de passer directement à l'action dès la mise en place du gouvernement», explique Hassen Zargouni, fondateur du Forum. Priorités rapprochées, absence de mesures S'il est vrai que l'ensemble des partis s'accordent à dire que la Tunisie a besoin de réformes structurelles, il n'en demeure pas moins qu'ils n'ont pas réussi à présenter des actions concrètes, des solutions alternatives pour les 100 premiers jours du gouvernement. La majorité s'est contentée de synthétiser leur programme général, couvrant les cinq prochaines années. Du côté d'Ettakatol, Mamia Banna souligne que les priorités des 100 premiers jours du gouvernement seraient d'abord la réforme administrative, en généralisant, à son sens, les guichets de services administratifs uniques. Ensuite, la révision du code des investissements. Puis la sécurité à travers la mise en place d'une agence nationale de renseignements et la constitutionnalisation du Conseil national de sécurité. Autres priorités : la révision du code des procédures pénales. « Pour la prochaine étape, la Tunisie a besoin d'un gouvernement efficace. Et pour atteindre cet objectif, il faudrait un gouvernement d'union nationale, qui proposerait un programme commun, concocté à partir des différents programmes des partis qui le composent», a déclaré la candidate. Pour l'Union pour la Tunisie (UPL), parti Al Massar, la priorité des 100 jours du gouvernement est d'adresser des messages sécurisants aux différents intervenants dans la société. El Massar, affirme Anouar Ben Naouli, prône un gouvernement basé sur la gestion par objectifs, un travail participatif qui se focalisera sur la prise de décisions urgentes en matière de réforme et dans la continuité de ce qui a été réalisé par le gouvernement Mehdi Jomâa. Au sens du candidat UPT, cinq priorités caractériseraient les 100 premiers jours : la lutte contre la pauvreté ; l'amélioration du pouvoir d'achat; l'amélioration de la qualité de vie ; le parachèvement de la mise en place des institutions constitutionnelles; l'enseignement et, enfin, l'engagement de réformes administratives. Hichem Ben Fadhl, candidat Afek, souligne que les priorités de son parti sont également au nombre de cinq, qualifiées de «5 R» : rétablir la confiance, redynamiser l'économie; engager des réformes; améliorer les recettes de l'Etat et garantir une équité fiscale. Les priorités changent en fonction des partis. Aussi, pour Anis Jaziri, CPR, la priorité est de rétablir la confiance certes, mais aussi et surtout d'éviter les tiraillements politiques. Sur le plan économique, le CPR envisagerait, parmi ses priorités, le retour à la production du bassin minier, en l'occurrence celui du phosphate à Gafsa, et le fait de lutter contre le commerce parallèle et la contrebande. Mais il s'agit aussi de maîtriser le déficit budgétaire et de ramener le taux de couverture de la balance commerciale à 82%... à l'horizon 2019 ! Du côté de Tayar démocratique, Walid Balti fait savoir que c'est la lutte contre le terrorisme qui est en première ligne, afin de rétablir la confiance. Il faut ensuite mettre en place une structure de contrôle de la police et lutter contre le commerce parallèle... Enfin, du côté d'Al Joumhouri, Taïeb Houidi souligne que la réforme de l'Etat est nécessaire à travers une révision de la politique publique de chaque département. Il convient également de démarrer une politique de l'emploi offensive et d'engager six grands chantiers pour la construction de 5.000 logements. Mais aussi engager la réforme bancaire et lutter contre la pauvreté. Si les priorités sont légèrement différentes d'un parti à un autre, ce sont les propositions d'actions concrètes qui ont manqué à cette rencontre. La plupart des partis représentés se sont contentés de faire un effort de synthèse des programmes de leur parti, sans pouvoir présenter des réponses convaincantes à l'assistance. C'est ce qui ressort du débat engagé. Pratiquement aucun parti n'a présenté le « How to do », le comment faire pour atteindre les ambitions fixées.