Changement de rythme de travail et baisse du rendement. L'animation de la vie socioculturelle et économique n'a pas suivi, peut-être à cause de la conjoncture Un peu plus de 2 ans après sa mise en application, il est peut-être temps de faire un premier bilan du travail sous le régime de la semaine de 5 jours. En fait, l'idée avait pris naissance depuis plusieurs années. Le Tunisien s'est demandé s'il était possible de travailler cinq jours et de se reposer les samedis et les dimanches. Du moins, dans le secteur public. Cette idée a fait du chemin et a abouti un certain mois de septembre 2012, sous la forme du décret n° 2012-1710 du 14 septembre 2012, relatif à la répartition des horaires et jours de travail des agents de l'Etat, des collectivités locales et des établissements publics à caractère administratif. Le 17 septembre 2012, le nouvel horaire entrait en vigueur. Ceci a donné un rythme du lundi au vendredi à raison de 40 H de travail par semaine et de 31,5 H par semaine pendant la période d'été. La période d'horaire d'hiver s'étend du 1er septembre jusqu'à la fin du mois de juin. La période d'horaire d'été s'étend du 1er juillet jusqu'à la fin du mois d'août. En vérité, ce rythme commence à poser quelques difficultés. Les citoyens remarquent une grande « baisse de forme » des agents publics et un gaspillage de temps énorme. Environ 300.000 agents publics improductifs Lorsqu'on passe dans les rues des villes, on voit de nombreux fonctionnaires dans les cafés alors qu'ils devraient être à leurs bureaux. De même, lorsqu'ils sont au travail, il est rare qu'ils accomplissent les tâches dont ils sont chargés. D'autres rentrent carrément chez eux après avoir pointé et ne reviennent que pour pointer une deuxième fois (notamment ceux qui n'habitent pas très loin de leur lieu de travail). On estime, d'ailleurs, le nombre des agents publics improductifs à 300 000. Tandis que la charge des salaires des recrues inactives et des fonctionnaires marginalisés est estimée à 3 milliards de dinars. L'impact des tiraillements politiques au cours de ces trois dernières années a contribué à donner le coup de grâce à une administration quasi moribonde. Rien n'est fait pour la réanimer. Pis encore, les grèves et les arrêts de travail intempestifs ont presque achevé l'œuvre de sape. On ne peut pas, évidemment, passer sous silence le dévouement de nombreuses personnes qui croient toujours en l'efficacité et la pérennité de notre bonne vieille administration. Eux savent que c'est grâce à elle que la Tunisie est encore debout et qu'elle peut tenir encore malgré les blocages et les sabotages. Les nominations et contre-nominations incessantes de responsables à tous les niveaux n'ont pas été sans causer de grands torts au bon déroulement du système. Mais il en faudra bien plus pour ébranler cette gigantesque machine. Lourde, certes, mais qui continue, néanmoins, de remplir le minimum de ce qui lui est demandé. Animer la vie culturelle et les loisirs Aujourd'hui, il est temps de revoir ce qui a été fait depuis l'instauration du nouveau rythme administratif. Car, en réalité, cette stratégie était basée sur plusieurs axes. L'essentiel n'était pas de réduire le nombre de jours ouvrables pour la simple réduction. Il s'agissait, surtout, de redynamiser la vie économique, associative, culturelle...Ça, c'était avant 2011. Depuis, les choses ont changé. Le travail en tant que valeur a perdu du terrain face à une mentalité montante qui met en premier le profit personnel, l'égoïsme et l'exploitation. Qu'a-t-on vraiment fait pour animer la vie associative ? Pas celle que nous voyons aujourd'hui et qui se caractérise beaucoup plus par la gesticulation et l'insignifiance que par l'efficacité. Où est cette ambiance culturelle tant attendue et cette animation des institutions scolaires et des loisirs ? N'est-ce pas dans ce but que l'idée de changer le rythme administratif a été préconisée ? Notre administration et, généralement, le secteur public fonctionnent à plusieurs vitesses. Il y a ceux qui sont obligés de travailler parce qu'ils sont face au public et aux administrés malgré quelques frictions et conflits. Il y a, aussi, ceux qui se cachent derrière leurs bureaux douillettement, été comme hiver, et qui sont planqués dans leur coin sans bouger le petit doigt. Ce doigt, il bouge... à la fin de chaque mois pour compter les billets de banque reçus comme salaire.