Invité par l'ambassade de Pologne en Tunisie, le pianiste polonais Marek Tomaszewski s'est produit vendredi dernier à l'Acropolium de Carthage. Poésie, originalité, toucher raffiné, style irréprochable, virtuosité jamais tapageuse : comme pour tous ceux qui entendaient Marek Tomaszewski pour la première fois, ce concert fut une superbe découverte. Diplômé du Conservatoire national supérieur de Varsovie, il formait avec Waclaw Kisielewski le duo de piano à succès Marek and Wacek. Un an après la disparition de Wacek, Marek forme un autre duo avec le pianiste français Michel Prezman. Ensemble, ils enregistrent deux CD et donnent plusieurs concerts en Europe, aux Etats-Unis, au Canada et en Russie. Après une pause consacrée à l'activité pédagogique, Marek revient en 2000 sur les devants de la scène, cette fois-ci en solo et se produit essentiellement en Europe et aux Etats- Unis. On lui doit notamment la transcription pour un seul piano de la version pour deux pianos du Sacre du Printemps, d'Igor Stravinski. Son apparition à l'Acropolium, tout en sobriété et en simplicité, constitue le prolongement de la musique qu'il est amené à servir, en l'occurrence Ode à la joie de la Symphonie N°9 de Beethoven — d'après le Chorus de Friedrich von Schille— une adaptation joyeuse pour piano de Marek Tomaszewski lui-même qui prend ses marques également dans la Danse Hongroise N°5. En préservant la forme originelle de l'œuvre de Johannes Brahms, il traite la transcription avec une intuitive spontanéité qui ne laisse pas indifférent. La 2e Rhapsodie de Franz Liszt, emportée par un geste fulgurant, conserve une clarté et une luminosité qui doivent aussi à la finesse de touche, à la note d'humour et à la virtuosité du jeu. Ensuite, Les Barricades Mystérieuses, d'après François Couperin, cette œuvre créée pour clavecin a été revisitée par le pianiste par les magistraux accords du piano. Puis, il a interprété Vivaldi. Des Quatre Saisons, il a choisi l'hiver, quoi de plus approprié en cette soirée de fin novembre? Improvisateur inspiré, Marek Tomaszewski a en effet, entièrement revisité ce chef-d'œuvre et nous a, offert un revigorant moment. Grâce au jeu des paraphrases, la composition a bénéficié d'une fraîcheur surprenante. Il enchaîne ensuite avec les reprises des thèmes de films : Les routes polonaises d'Andrezej Krylewicz, et Rosemary's Baby de Krzystof Komeda, thème principal du film de Roman Polanski. Suivent, Asturias d'après Isaac Albéniz, Machivelic Teamsur des thèmes de Richard Wagner et Paul Dukas pour finir en beauté avec une Berceuse d'Igor Stravinsky ( L'oiseau de feu). Toutes ces reprises relèvent de la même démarche, à la fois lyrique et contrôlée, conjuguant abstraction et vision épurée. On en redemande!