Redynamiser la diplomatie économique, renforcer la diplomatie sécuritaire, raffermir les relations de la Tunisie avec ses voisins immédiats ainsi qu'au niveau arabe, s'ouvrir aux composantes de la société civile tout comme aux médias, consolider la sollicitude pour les Tunisiens à l'étranger et participer à réunir les meilleures conditions pour réussir les prochaines élections. Ce sont là les axes du programme de la politique étrangère de la Tunisie au cours de la dernière étape du processus transitionnel tels que présentés par M. Mongi Hamdi, ministre des Affaires étrangères, au cours du déjeuner-débat organisé récemment à Carthage par la Fondation Farhat-Hached, dans le cadre du lancement des activités de son espace d'échanges : le Club diplomatique international, qui projette de se réunir tous les mois. Chefs de mission diplomatique, représentants d'organisations internationales, diplomates accrédités à Tunis, anciens diplomates tunisiens, universitaires, dirigeants d'associations, journalistes et autres ont pris part à cette rencontre ayant eu pour thème: «La diplomatie en période transitionnelle: l'exemple de la Tunisie». Après avoir présenté le club et ses objectifs, M. Noureddine Hached, ancien ministre, ancien ambassadeur, fils du grand leader national, le martyr Farhat Hached, et président de la fondation du même nom, s'est félicité de la qualité de l'assistance et de sa présence notable. «C'est le signe infaillible de la profondeur de votre amitié et de votre fraternité pour la Tunisie et de votre confiance en son avenir»», a-t-il fait remarquer avant de céder la parole à M. Salmane Al Herfi, ambassadeur de la Palestine à Tunis et doyen du corps diplomatique dans notre pays, pour souhaiter la bienvenue aux présents. Face à l'azur d'une mer calme dans un golfe de Tunis très lumineux et savourant un menu tunisien de grand chef, les convives ont eu droit, tout de suite après, à un exposé clair sur les nouveaux déterminants de la politique étrangère de la Tunisie de la transition donnée par le chef de la diplomatie tunisienne. Confusion au sein de l'appareil de l'Etat et son action, régression économique, tractations politiques et un penchant pour la violence sous toutes ses formes, voilà ce qui caractérise toute période de transition, a fait remarquer d'emblée le ministre. Et de préciser que ladite étape comprend également la mise en place de la démocratie et des rouages du nouveau système politique. «Cependant, a-t-il tenu à souligner, il n'existe pas de formule préétablie et prête à l'emploi pour concrétiser toutes ces exigences. C'est ce qui a fait que nous sommes partis des spécificités tunisiennes, c'est-à-dire notre culture du dialogue, de la communication et du consensus. A cela sont venus s'ajouter les grands changements ayant touché la région, ce qui nous a poussés à une autoévaluation qui a permis de conférer à notre diplomatie la flexibilité nécessaire à son adaptation aux changements et à y réagir tout en sauvegardant les principes et les fondamentaux de l'action diplomatique». «Ainsi, a affirmé le ministre, il nous fallait dépasser l'action diplomatique dans son sens traditionnel pour être en harmonie avec la feuille de route pour la transition ainsi que pour les priorités du gouvernement». Economique, mais aussi sécuritaire De cette vision et ces objectifs ont découlé les axes cités plus haut. La diplomatie économique s'est traduite ici par une action ciblée en vue de mobiliser le soutien financier au pays, avec pour préoccupation première, les exigences du budget, l'effort de développement, l'emploi, les investissements... Objectifs qui ont nécessité, selon le ministre, un effort soutenu pour rétablir la confiance avec nos partenaires et les pays frères et amis. Cela en cherchant à s'implanter et à conquérir de nouveaux marchés, surtout en Afrique et en Asie du Sud. Une cellule économique a ainsi vu le jour au sein du cabinet du ministre dont l'objectif premier est de soutenir nos missions diplomatiques à l'étranger sur le plan de l'action en faveur de l'économie. Cela sans oublier l'association des hommes d'affaires tunisiens aux déplacements programmés. Côté diplomatie sécuritaire, M. Hamdi a expliqué qu'elle consiste à échanger les informations avec les différents pays concernés, à favoriser des programmes de soutien en matière de formation et de logistique et surtout à établir des programmes visant à promouvoir les zones frontalières (avec l'Algérie et la Libye). Il s'agit de lutter contre le terrorisme, le trafic d'armes, le blanchiment d'argent, la contrebande, l'émigration clandestine, etc. «Reconquérir» notre environnement Afin de raffermir les relations de la Tunisie avec ses voisins, la diplomatie tunisienne a multiplié les actions visant à approfondir la concertation avec son environnement. La situation en Libye a ainsi focalisé toute l'attention du gouvernement qui la considère aujourd'hui comme une affaire interne d'autant que près d'un millions de Libyens résident en Tunisie. Cela tout en respectant la souveraineté de notre frère et voisin. C'est dans cette optique-là que la Tunise a appelé à un dialogue libyco-libyen, tout en offrant son savoir-faire et son expérience dans ce domaine. Au niveau arabe, a appelé M. Hamdi, il fallait redynamiser nos relations avec les pays de cette région, surtout les pays du Golfe avec lesquels nos relations n'étaient pas assez solides. Conscient de l'importance du rôle de la société civile, le ministère des Affaires étrangères a commencé à s'ouvrir aux structures associatives avec le souci de respecter leur indépendance mais en faisant en sorte que les principaux dossiers bénéficient d'échanges et idem pour les médias car l'information précise et crédible est à la base d'une action diplomatique fondée sur la confiance et les échanges de points de vue. C'est d'ailleurs pour cela, a fait remarquer le ministre, que son département vient de se doter d'un porte-parole officiel. Autre axe et non des moindres, servir les Tunisiens à l'étranger, surtout ceux parmi eux qui sont en difficulté. Une cellule de crise a été créée à cet effet et elle focalise actuellement son action sur les prisonniers en Syrie et en Irak et sur les Tunisiens disparus en Italie. La participation au renforcement et à la finalisation du processus transitionnel, surtout le bon déroulement des élections présidentielle et législatives attendues, est enfin le dernier axe de cette stratégie. «Soit une feuille de route au sein de la feuille de route», a de son côté fait remarquer M. Hached, avant d'ouvrir le débat. Ce dernier a porté sur des cas bien précis auxquels le ministre a répondu toujours en se référant à ladite stratégie.