Par Jawhar CHATTY La chaleureuse accolade, à Tunis, entre Béji Caïd Essebsi et Madeleine K. Albright n'aura, du moins on le suppose, échappé à personne. La profondeur du message d'Obama à la Tunisie, la haute finesse du discours du président de la République à la clôture de l'«Investment and Entrepreneurship Conference» non plus. Ce qui nous laisse avancer, sans risque de nous tromper, que entre Essebsi et Obama il y a un peu de cette sympathie lucide, de cette amitié intelligente qu'avaient l'un pour l'autre, le leader Habib Bourguiba et J.F. Kennedy ! L'Histoire se répète, dit-on. C'est vrai, à quelques variantes et nuances près néanmoins. Entre les toutes premières années de la 1ère République et celles de la 2e République, le parallèle est en effet saisissant. Les défis sont de la même ampleur quoique relativement de nature différente. La mondialisation, la globalisation économique, l'extrémisme religieux et le terrorisme ont entre-temps fait leur apparition rendant un peu plus complexe l'équation du développement et plus compliqués les règles régissant les relations internationales et le positionnement stratégique des Etats. Bourguiba a choisi pour la Tunisie la voie de la modernité et de l'ouverture sur le monde libre. Il a à cet effet engagé, avec le soutien de l'ami américain, un profond mouvement de réforme et d'édification d'une société instruite et d'une économie libérale. Aujourd'hui, il s'agit d'engager un mouvement réformateur de la même ampleur sinon davantage. Il s'agit de consolider l'ancrage de la Tunisie dans la modernité. Il s'agit d'opérer une révolution copernicienne au sein de notre mode de croissance qui mettrait l'économie nationale au diapason de la globalisation et de ses exigences. C'est ambitieux et nécessaire. Mais c'est aussi ambitieux et nécessaire que l'avait, il y a si peu, été la réussite de la Tunisie sur le plan politique et sur la voie de la démocratie. C'est désormais ce projet que voudrait aussi voir réussir l'administration américaine. «La Tunisie est aujourd'hui au milieu du gué», a déclaré BCE. «Il faut un minimum de confort pour pratiquer la vertu», a-t-il ajouté citant Saint Thomas d'Aquin. «Soyez assurés que les Etats-Unis ne laisseront pas la Tunisie au milieu du gué», lui a expressément répondu l'ancienne secrétaire d'Etat américaine aux Affaires étrangères, Madeleine Albright. L'ami américain retrouvé ? Tout porte à l'admettre. Dans l'histoire des relations tuniso-américaines, c'est assurément un grand nouveau cycle qui commence.