Dans l'objectif de promouvoir l'image de la Tunisie en tant que destination de choix pour les investisseurs américains en quête de marchés encore vierges sur le continent africain, la Chambre de commerce tuniso-américaine (Amchamb) a organisé une conférence sur l'Investissement et l'Entrepreneuriat. La conférence sur «l'Investissement et l'Entrepreneuriat», qui s'est déroulée à Tunis, était riche en messages, plutôt économiques cette fois. Quels étaient les messages clés que les organisateurs envisageaient de mettre en exergue lors de cet événement ? La conférence a en effet été riche en messages forts, relayés par les divers intervenants. Il y a eu tout d'abord le message vidéo du Président américain Barack Obama dans lequel il s'est adressé au peuple tunisien où il a salué la «transition démocratique historique en Tunisie» et l'esprit de consensus qui a prévalu tout au long du processus que traverse le pays. Il a souligné que la stabilité institutionnelle et la croissance économique sont étroitement liées à la création d'emplois. Il a également annoncé la volonté des Etats-Unis de supporter des initiatives d'entrepreneuriat, en particulier celles ciblant les jeunes et les femmes, afin d'accroître la croissance future dans le secteur privé tunisien. Plusieurs autres initiatives US ont également été annoncées. Je citerais, entre autres, le lancement d'un partenariat public-privé pour soutenir les entrepreneurs à travers des initiatives du secteur privé et qui porte le nom de RISE (Regional Investments to Support Entrepreneurship), la création d'un programme de développement pour les entreprises et les banques tunisiennes, le soutien et l'appui de l'incubateur mondial américain 1776 aux accélérateurs et incubateurs locaux, la création de 2.500 emplois via le programme «business competitiveness and reform» mené par l'Usaid. En outre, l'Overseas Private Investment Corporation (Opic) va mettre en place, avec trois banques tunisiennes, un fonds s'élevant à $ 37,5 millions pour encourager le développement des petites et moyennes entreprises tunisiennes avec un focus sur le secteur de la franchise. Enfin, Cisco a annoncé l'extension de sa plateforme d'apprentissage «Cisco Academy Network Program» —qui forme actuellement plus de 20.000 étudiants dans la région du Maghreb à travers 46 académies actives— à plusieurs institutions de formation professionnelle et complémentaire en Tunisie. Bien sûr, cet événement régional de grande envergure a été placé sous le haut patronage de Son Excellence Monsieur le Président de la République et a été rehaussé par le plus haut niveau de représentativité du pays ! C'est ainsi que son ouverture a été assurée par le chef du gouvernement, M. Habib Essid, en présence de plusieurs membres du gouvernement et à cette occasion, plusieurs mesures rassurantes ont été annoncées portant sur des projets de réformes structurelles et faisant de notre pays une plateforme adéquate pour l'investissement étranger. A côté des engagements du gouvernement tunisien, nous avions aussi œuvré pour que le secteur privé et particulièrement les chefs d'entreprise tunisiens puissent concrétiser leur volonté et leur désir de nouer des relations d'affaires et de partenariat avec les Etats-Unis. C'était, d'ailleurs, le but de l'événement : offrir aux hommes d'affaires maghrébins et américains l'occasion de se rencontrer et établir des liens d'affaires solides et prometteurs. Le séminaire a été achevé sur une note très positive: avec le message d'espoir véhiculé par Son Excellence Monsieur le Président de la République ayant permis à la rencontre d'atteindre tous ses objectifs. Vous pouvez d'ailleurs constater que beaucoup de messages et de signaux positifs ont conforté la position de la Tunisie en tant que partenaire stratégique des Etats-Unis. La majorité des intervenants, notamment américains, se sont attardés sur l'impératif d'engager des réformes, particulièrement celles déjà annoncées. Selon vous, quelles sont les réformes les «plus urgentes» et qui auront un impact direct sur l'activité des entreprises et le comportement des investisseurs américains et tunisiens ? Je pense que les réformes les plus urgentes concernent tout d'abord les lois de finance et de taxation afin de créer un environnement propice et favorable à l'investissement étranger. Le code d'investissement tunisien doit changer pour dynamiser la croissance mais aussi envoyer les bons signaux et montrer que la Tunisie est un pays ouvert pour le «business». Au-delà de la facilitation des procédures administratives et financières, qui pourrait contribuer à accélérer la croissance en facilitant les initiatives entrepreneuriales, il est indispensable de rassurer les investisseurs étrangers en garantissant la paix sociale mais aussi la sécurité, et ce, sur tout le territoire tunisien. Notre pays dispose d'un atout majeur sur lequel nous pouvons orienter les investissements futurs. La haute qualité du potentiel humain, avec une jeunesse diplômée et hautement qualifiée, coïncide parfaitement avec la volonté du secteur privé à investir dans les secteurs à haute valeur ajoutée et notamment dans les domaines de l'éducation et de la formation, de la technologie, des infrastructures, etc. Là aussi, il existe un potentiel important pouvant donner naissance à un partenariat tuniso-américain mutuellement bénéfique. D'ailleurs, la Tunisie pourrait aussi se doter d'une loi favorisant les partenariats public-privé fondés sur la transparence et la prédictibilité pour les entreprises nationales et étrangères désireuses d'investir en Tunisie. De son côté, l'Amcham (Chambre tuniso-américaine de commerce en Tunisie) continuera à œuvrer pour la mise en place d'un accord de libre-échange (Free Trade Agreement) qui est crucial à mon sens pour augmenter l'attrait de la Tunisie par rapport à d'autres pays de la région pour les sociétés américaines et étrangères désirant investir dans la région. La conférence fait partie d'un plan dit de «séduction» des Etats-Unis. Pouvez-vous nous faire part des activités programmées au cours de cette année? J'aimerais souligner que le plan de route de l'Amcham a pour objectif majeur de promouvoir la Tunisie en tant que destination d'investissement. «Investments & Entrepreneurship Conference» était un jalon important de ce plan, mais pas le seul. Plusieurs autres actions sont prévues. Comme je l'ai mentionné avant, nous continuerons à œuvrer pour la mise en place d'un accord de libre-échange entre la Tunisie et les Etats-Unis, car cela fait partie des priorités de l'Amcham. Nous envisageons également de former un comité dédié au suivi des recommandations et des résultats de la conférence. Enfin, nous continuerons à promouvoir la Tunisie comme un hub régional qui peut jouer un rôle stratégique notamment en facilitant l'ouverture sur le Maghreb et vers la région subsaharienne. Nous œuvrons pour l'émergence d'un authentique partenariat entre les entreprises US et tunisiennes en vue de co-développer de nouveaux marchés et de nouvelles opportunités. Au début de la mission de l'actuel comité directeur de l'Amcham, on s'est doté d'un slogan significatif «From vision to action» et à ce titre, plusieurs actions concrètes ont été réalisées avec les rencontres périodiques et les différents séminaires organisés, la publication de revues spécialisés mettant l'accent sur les atouts du pays faisant de notre pays une destination opportune Nous avions aussi organisé des visites aux USA appelées «Door Knock Missions», visant à contacter individuellement des investisseurs américains et à faire du lobbying auprès des décideurs américains dans l'objectif de soutenir la transition économique dans notre pays et d'en faire une plate-forme pour desservir les marchés de la région. A ce titre, nous avons joué un rôle positif en contribuant à faire réussir la visite de l'ancien chef du gouvernement, M. Mehdi Jomaa, dans ses aspects économiques. Nous continuons à œuvrer pour rapprocher davantage les opérateurs économiques des deux côtés afin que le partenariat économique tuniso-américain puisse favoriser l'amélioration du volume des échanges et que les investissements communs puissent atteindre des niveaux plus élevés. Nous espérons, aussi, que le dialogue stratégique entamé entre les gouvernements des deux pays, au cours de l'année 2014, sera concrétisé par un accord écrit, permettant, ainsi, de définir une feuille de route claire et concise, entre les deux pays.