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Le tambour, pour l'éternité
Allemagne — Günter Grass s'éteint à 87 ans
Publié dans La Presse de Tunisie le 14 - 04 - 2015

Le Prix Nobel de littérature Günter Grass, conscience morale de l'Allemagne post-nazisme dont il était l'écrivain le plus connu à l'étranger, est mort hier à 87 ans dans une clinique de Lübeck, ville du nord de l'Allemagne où il résidait. Sur sa page internet, frappée de la mention «Günter Grass 1927-2015», son éditeur Steidl, qui a annoncé ce décès dans un tweet, a publié plusieurs photos noir et blanc de l'écrivain, au profil si reconnaissable : épaisse moustache, pipe toujours allumée et lunettes baissées sur le nez. Selon la «Maison Günter Grass» à Lübeck, l'écrivain est décédé des suites d'une «infection».
Homme de gauche, réputé pour ses prises de position polémiques, Günter Grass, Prix Nobel de littérature 1999, était l'écrivain allemand de la seconde moitié du XXe siècle le plus connu à l'étranger. Il a «accompagné et marqué comme personne l'histoire de l'Allemagne d'après-guerre avec son engagement artistique, politique et social», a estimé la chancelière Angela Merkel, citée par son porte-parole. Grass était, en effet, à la fois une figure incontournable du paysage littéraire allemand et un acteur du débat public national qu'il contribuait à secouer par ses prises de position souvent polémiques. Son chef d'œuvre reste «Le Tambour» (1959), l'histoire d'Oskar Matzerath, petit garçon qui décide de refuser de grandir et dont le petit tambour résonne des soubresauts du nazisme, de la guerre et plus généralement du monde violent des adultes. Succès planétaire, le livre sera adapté au cinéma par Volker Schloendorff et reçut la Palme d'or à Cannes en 1979 et l'Oscar 1980 du meilleur film en langue étrangère.
Révélations tardives
L'écrivain, longtemps compagnon de route des sociaux-démocrates et proche du chancelier Willy Brandt, a pourfendu les omissions de la classe dirigeante allemande d'après-guerre sur le nazisme. Un positionnement qui donna un écho d'autant plus fort aux révélations tardives qu'il fit en 2006 dans son autobiographie «Pelures d'oignons» : l'écrivain, ancien membre des Jeunesses hitlériennes, avait été enrôlé en 1944 dans les Waffen SS, ce qu'il avait toujours passé sous silence. Né en 1927 à Dantzig, devenue Gdansk dans l'actuelle Pologne, ville du fameux «corridor» à l'origine de l'invasion de ce pays en 1939, Grass est le fils d'une mère d'origine cachoube (minorité slave de Prusse) et d'un modeste commerçant allemand. Après la chute du régime hitlérien, il connaît l'errance dans l'Allemagne de l'année zéro, puis le miracle de la reconstruction dans une République fédérale anticommuniste et matérialiste. Après un apprentissage de sculpteur, il séjourne à Paris dans les années cinquante et se décide pour une carrière d'écrivain.
Dans l'Allemagne prospère des années 60, traversée par la contestation étudiante puis le terrorisme rouge, Günter Grass se veut contestataire, mais dans un sens réformiste. En janvier 1993, il quitte avec fracas le Parti social-démocrate (SPD) devenu à ses yeux trop conservateur, ce qui ne l'empêchera pas de s'engager en 1998 en faveur du chancelier SPD Gerhard Schröder. Il reçoit en 1999 le Prix Nobel de littérature couronnant l'ensemble de son œuvre, 27 ans après un autre écrivain allemand politiquement engagé, Heinrich Böll. La dernière des prises de positions polémiques de Grass datait d'il y a trois ans. La publication dans un quotidien allemand d'un poème dans lequel il défendait l'Iran et estimait qu'Israël menaçait, avec ses armes atomiques, «la paix mondiale déjà si fragile», avait provoqué une véritable tempête de réactions. Israël l'avait alors déclaré persona non grata. Les hommages rendus à l'écrivain et à l'homme public portent la trace de ses prises de position et des réactions souvent viscérales qu'il a pu susciter.
Joue du tambour pour lui,
petit Oskar
L'ancien président polonais et Nobel de la Paix Lech Walesa a salué «un grand intellectuel qui aimait Gdansk», sa ville natale. «Nous avons eu une vision similaire du monde, de l'Europe, de la Pologne. Nous avons vu l'avenir plutôt en rose, en tirant des leçons d'un mauvais passé entre Allemands et Polonais», a-t-il souligné.
Le président allemand Joachim Gauck a salué la mémoire d'un écrivain dont l'œuvre, «miroir impressionnant de notre pays», «constitue une part immuable de son héritage artistique et culturel». Pour l'Autrichienne Elfriede Jelinek, autre Nobel de Littérature, «Le Tambour a été (...) le début d'une nouvelle langue». «Nous étions amis et nous nous estimions», a pour sa part déclaré l'écrivain hongrois et Prix Nobel, Imre Kertesz. «C'est très triste. Un vrai géant, un inspirateur et un ami. Joue du tambour pour lui, petit Oskar», a commenté sur son compte Twitter l'écrivain britannique Salman Rushdie, en référence au héros du «Tambour».


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