Protection des frontières, formation militaire, indemnisation des familles des martyrs et prise en charge sanitaire des blessés, en attendant le plan quinquennal 2016-2021 Le gouvernement Essid continue à dévoiler les axes prioritaires de son plan d'action, un peu plus de deux mois après sa prise de fonctions. M. Farhat Horchani, ministre de la Défense nationale, a, à son tour, révélé, hier à la Kasbah, les cinq priorités que son département a tenu à mettre en œuvre au cours des cent premiers jours d'activité. Mais avant de les aborder en série, le ministre s'est arrêté sur deux points fondamentaux qu'il faut prendre en considération dans la lutte contre le terrorisme. Tout d'abord, cette guerre déclarée en guise de revanche à l'attentat du Bardo n'est pas facile, d'autant qu'elle exige un travail de longue haleine, un lourd potentiel sécuritaire et militaire et un dispositif de formation transversale. Car, a-t-il fait remarquer, les choix stratégiques de l'Etat post-Indépendance n'étaient pas orientés vers l'investissement en armes et munitions, ce qui explique ce déficit dont souffre, aujourd'hui, l'appareil militaire. « On n'est pas face à une guerre classique pour évaluer les dispositions de l'ennemi ni l'ampleur de ses incursions», a-t-il indiqué. D'où l'importance de tenir compte d'un second point de grande importance : l'antiterrorisme par approche multiforme. Lutte multiforme Au-delà de la logistique sécuritaire, cette contre-guérilla ne saurait être remportée qu'avec une stratégie de lutte globale mettant en avant les dimensions socioéconomiques et culturelles du phénomène. Autant dire les maux de la société qu'on devrait traiter à la racine, tels que la pauvreté, l'exclusion, les disparités régionales, la désertification culturelle et du culte, et bien d'autres facteurs favorables à l'extrémisme et stimulateurs au port d'armes contre l'Etat. Et M. Horchani de souligner que l'approche sécuritaire n'est, en fait, qu'un nécessaire adjuvant qui vient en ultime phase. Dans ce même ordre d'idées, le ministre a fait valoir les opérations militaires anticipatives effectuées à titre préventif dans la guerre antiterroriste. La chasse à l'homme est, ainsi, menée en étroite coordination avec les forces de sécurité au niveau aussi bien hiérarchique qu'opérationnel. Le ministre de la Défense nationale a, ensuite, énuméré les cinq priorités de son département, lesquelles reposent sur trois fondements d'ordre militaro-sécuritaire, social et professionnel. Premier projet relevé comme priorité : la protection de nos frontières sud-est du pays, tout en renforçant le dispositif défensif aux points frontaliers de Ras Jedir à Dhehiba. Une sorte de cordon sécuritaire long de 168 km sur tout le littoral frontalier dont seulement 2 km ont été, jusqu'alors, couverts. Le reste est en cours de réalisation, afin de pouvoir maîtriser la situation dans les régions concernées. L'objectif est double : combattre le terrorisme et veiller à couper la route aux contrebandiers. C'est que, prévient-il, le trafic illicite d'armes et leur prolifération dans le pays ont à l'origine la porosité des frontières. Contrebande et terrorisme sont deux faits ravageurs dont l'un alimente l'autre. Deux polycliniques militaires au Kef et à Tataouine Les deuxième et troisième priorités sont de vocation sanitaire : améliorer la prise en charge des militaires et de leurs familles. Elles consistent à construire, d'ici avril 2016, deux polycliniques militaires au Kef et à Tataouine, regroupant plusieurs disciplines médicales (pédiatrie, gynécologie, médecine générale...). La chirurgie est restée, quant à elle, du ressort de l'hôpital militaire de Tunis. Notons que les travaux de réalisation ont à peine démarré, il y a deux ou trois jours. La quatrième mesure urgente concerne, en priorité, les martyrs et blessés de l'institution militaire. Un dossier-chantier est déjà ouvert, dans l'objectif de rétablir leurs situations administrative et financière encore en instance. En plus, le ministère de tutelle vise à satisfaire les besoins des familles des victimes, tout en garantissant leurs droits financiers, à savoir les pensions de retraite, le capital décès, la prise en charge sanitaire des familles militaires. De même que le logement et l'emploi au profit des membres des familles des victimes, ainsi que leur soutien moral à travers des visites à domicile. La cinquième et dernière priorité revêt un aspect d'ordre professionnel consistant à créer un centre de formation en plongée sous-marine. Ce centre dont le premier coup de pioche est prévu pour bientôt sera construit à Zarzis, avec la coopération italienne qui se chargera de son financement et son équipement. Les frais d'infrastructure sont confiés au gouvernement tunisien. Il sera fin prêt d'ici septembre 2017. Par ailleurs, le ministre a relevé qu'un tel projet, étalé sur 7200 m2, aura un impact positif sur le développement dans la région. Et de rappeler, encore, qu'à ces cinq projets prioritaires s'ajouteront d'autres réalisations aussi importantes entrant dans le cadre du plan quinquennal du ministère de la Défense nationale 2016-2021.