Par Abdelhamid Gmati Demain, la fête du Travail. Elle est célébrée en Tunisie et dans un grand nombre de pays, le 1er mai de chaque année, jour chômé et payé. Dans un certain nombre de pays, elle obéit à d'autres choix. En Amérique du Nord (USA, Canada), par exemple, c'est le premier lundi du mois de septembre qui a été choisi pour cette fête du Travail ; mais on célèbre la fête des travailleurs le 1er mai, qui n'est pas férié. Au Japon, cette fête du Travail a lieu le 23 novembre, jour férié. Ce jour de congé est supposé louer le travail et célébrer la production. En Europe, et particulièrement en France, ce jour du 1er mai est aussi le jour de la fête du muguet, dont on offre un brin en guise de porte-bonheur. Venant du Japon, le muguet, appelé aussi lys des vallées, clochette de mai, est reconnaissable par ses fleurs blanches en forme de clochettes qui symbolisent, selon le langage des fleurs, le retour du bonheur. En Tunisie, la communauté française et plusieurs Tunisiens ont commémoré cette fête du muguet ces dernières années. Cela s'est fait par un déjeuner, avec animation, organisé au profit d'œuvres caritatives. Une action de solidarité. Comment se présente cette fête du Travail, chez nous, cette année ? Eh, bien, on fête le travail par une multiplication de grèves touchant pratiquement tous les secteurs socioéconomiques, y compris l'enseignement et la santé, en passant par la magistrature et la douane. Mieux : à la veille du round final des négociations portant sur les augmentations des salaires dans les secteurs public et privé, la tension monte entre les centrales ouvrière et patronale. On ne sait quelle mouche a piqué le secrétaire général de l'Ugtt de s'en prendre aux hommes d'affaires tunisiens dont il dit qu'ils « courent derrière les privilèges, évitent de payer l'impôt, soutiennent la centralisation économique et refusent l'investissement dans les régions intérieures». Bien entendu, les patrons, membres de l'Utica, ont réagi, considérant être déçus par ces déclarations qui « portent atteinte à la relation entre l'organisation patronale et l'Ugtt, ce qui pourrait avoir un impact négatif sur la situation sociale dans le pays ». Ils estiment que « la persistance des difficultés économiques dans le pays et la tension qui marque la scène sociale, à cause des grèves et sit-in et des protestations, se sont répercutées sur l'activité économique, tout en menaçant la paix sociale ». Mais il n'y a pas que cela. Ceux que d'aucuns appellent « les vautours » reprennent, semble-t-il, du poil de la bête. Des ex-patrons de la Troïka, battus à plate couture lors des dernières élections, rompent le silence et reviennent au devant de la scène, clamant leur intention de reprendre le pouvoir. Il y a même un ex-conseiller qui prédit des élections présidentielles et législatives, au plus tard à la fin de 2016. Un simple vœu ou un aveu d'une intention de saborder le processus légitime actuel ? La démagogie, la calomnie, les accusations, les procès d'intention fusent de partout et prospèrent surtout dans les médias. On s'en prend au Premier ministre, aux ministres, à tout ce qui existe. On va même jusqu'à inventer un remaniement ministériel, ou à faire démissionner un conseiller. Alors qu'il n'en est rien, bien sûr. Faux débats, surenchères, diversions, négations et dénigrement. Le président de la République est attaqué, d'abord, parce qu'il « est aux abonnés absents et ne fait rien », puis parce qu'il se comporte comme quelqu'un « qui prépare une dictature ». Dans les faits, il y a des Tunisiens qui travaillent. D'abord le Premier ministre et les ministres qui se démènent, sillonnant les régions du pays, multipliant les réunions et les décisions, s'engageant à redresser l'économie du pays et à parer au plus urgent, à savoir renflouer les caisses de l'Etat, et s'attaquant à chaque problème qui se pose. Et puis, il y a la société civile, des citoyens qui, sourds aux Cassandre et aux pêcheurs en eau trouble, travaillent et multiplient les initiatives. Exemples : «Mahleha Tounès», une exposition sur 3.000 m2 à l'entrée du parc de Sidi Bou Saïd, réunira le 10 mai 2015 artisans traditionnels, nouveaux créateurs, métiers de bouche. Organisée par une agence de communication, cette manifestation sert à découvrir ou à redécouvrir toutes les richesses du patrimoine tunisien, les créateurs dans des domaines aussi variés que la broderie, la peinture, les instruments de musique, la décoration d'intérieur, la mode, l'orfèvrerie, la cosmétique, la pâtisserie ...Les bénéfices seront reversés à une association. L'Association tunisienne pour le futur de la science et de la technologie a reçu 5 médailles, dimanche dernier, lors de sa participation à un concours international des inventions dans le domaine des sciences et de la Technologie qui s'est tenu en Turquie. Parmi les 250 participants tunisiens, des jeunes âgés entre 13 et 17 ans qui ont présenté 52 projets et ont reçu 2 médailles d'argent et 3 médailles de bronze avec des projets dans les domaines de l'ingénierie, de l'environnement et des énergies renouvelables. Samedi dernier, on fêtait le livre, la littérature et la culture avec la 19e édition du « Comar d'or », un événement organisé par une compagnie d'assurances qui a, depuis longtemps, cru en l'importance de la culture et du mécénat culturel Mentionnons aussi ce jeune Tunisien, sapeur-pompier, originaire de Sousse, qui voulait planter le drapeau tunisien au sommet de l'Everest et qui en a été empêché par le séisme qui a dévasté le Népal et auquel notre compatriote a échappé. Ne dit-on pas que le « mal n'a besoin que de l'inaction des gens » ? Alors, fêtons le travail et le muguet.