Par Mahmoud HOSNI LE troisième «World Happiness Report», publié par l'ONU, accorde à la Tunisie la 107e place. Ce rapport annuel, publié après ceux de 2013 et 2014, place notre pays bien loin derrière les pays maghrébins. Ainsi, la Libye vient en tête du groupement régional, occupant une bonne 63e place, suivie de l'Algérie (68e place) et supplantant le Maroc (92e place) et la Mauritanie (124e place).Serions-nous donc le peuple le plus malheureux de la région maghrébine ? Mais voyons d'abord comment est menée cette étude. Celle-ci classe les pays — 158 au total —, ou plutôt le degré de bonheur de leurs populations à l'aune d'indicateurs invariables dont le PIB par habitant, l'espérance de vie en bonne santé — et pas grabataire ! —, les libertés publiques, la corruption aussi bien en politique que dans les affaires, le soutien social, la générosité citoyenne et les mécanismes sociaux.Des critères que nous sommes bien loin de posséder et de détenir et pour lesquels les Tunisiens avaient pourtant fait la révolution, pleins d'espoirs... Une révolution pour la dignité, la liberté, l'équité et contre l'injustice criante. Une révolution vite confisquée par des hommes et des partis politiques — surgis de nulle part — et qui, à travers des promesses fameuses ont fini par la détourner de ses objectifs initiaux, allant jusqu'aux assassinats politiques !Heureux qui, comme les Tunisiens, ont fait une révolution mais qui, surpris, l'ont vue échapper de leurs mains, pour aller se poser ailleurs. Résultat : le Tunisien est aujourd'hui désabusé; il n'a presque plus confiance. Il ne croit plus au mirage, quatre ans après la révolution. Il se résigne enfin à son sort, à son petit train-train quotidien, en attendant un miracle ou une...autre révolution. Bilan: aujourd'hui, il ne réunit aucun des critères quantifiés par l'ONU. La corruption, tel un cancer avancé, ronge tout le corps et le mine.Le PIB ? Allez voir l'envol du coût de la vie. Les libertés publiques ? Il faut continuer à lutter pour les garantir. La générosité citoyenne et les mécanismes sociaux ? Aujourd'hui, c'est chacun pour soi devant les difficultés grandissantes de la vie et les caisses de l'Etat saignées à blanc, le salaire des présidents et les privilèges des hauts cadres de l'Etat. Allons ramasser les miettes, si jamais il en tombait !Mais tout de même, tout n'est pas si noir. Ne nous laissons pas aller au cynisme, au désespoir et au sentiment d'impuissance à changer le cours des choses et de l'histoire.La Tunisie, ce pays à la fois beau et généreux, qui n'a pas tari tout au long de trois mille ans d'histoire, est encore capable de donner sans compter. Alors, sachons-lui donner en retour. Certes, la notion de bonheur est relative, mais sachons tailler ce concept à notre mesure. La force de l'homme n'est-elle pas de se forger un idéal ? Un idéal qui nous redonnera confiance et bonheur.M.H.