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Une enquête qui fait mal
Liberté de conscience et de croyance
Publié dans La Presse de Tunisie le 15 - 05 - 2015

Première du genre à explorer les opinions du Tunisien relativement à la liberté religieuse, une récente enquête présente des chiffres qui laissent rêveur... Le réflexe identitaire le dispute toujours à l'attachement aux libertés !
L'article 6 de la Constitution stipule que l'Etat est garant de la liberté de conscience et de croyance. Jusqu'où cependant, la population entérine-t-elle ce principe dans ses prises de position privées ? C'est la question qui a fait l'objet récemment d'une enquête, à l'initiative de trois acteurs que sont le Forum des sciences sociales appliquées, l'Institut arabe des droits de l'Homme et l'Observatoire national de la jeunesse. Dans une conférence de presse tenue mercredi dernier à Tunis, des éléments de réponse ont été apportés à la question sous la forme de «résultats préliminaires». En effet, le projet comporte des étapes et l'on devrait s'attendre, dans le prolongement de l'annonce de ces premiers résultats, à une conférence nationale au cours de laquelle seraient annoncés les résultats définitifs. Entre-temps, il y aurait aussi des débats à l'échelle régionale... Il s'agit donc d'une opération de longue haleine qui bénéficie d'ailleurs du soutien financier du Fonds arabe pour les droits humains.... Les questions adressées aux 1.200 personnes interrogées dans le cadre de l'enquête portent essentiellement sur le respect de la croyance d'autrui, sur le prosélytisme, sur l'engagement religieux et ses expressions et sur la relation entre l'Etat et les lieux de culte.
Manque de maturation
Mais d'ores et déjà, et pour être «préliminaires», ces résultats ne manquent pas de susciter l'étonnement. Comme le relèvent les intervenants lors de la conférence de presse, on est en présence de positions contradictoires. Ce qui dénote un manque de maturation au niveau de leur élaboration. Par exemple, les personnes interrogées sont favorables à hauteur de 39% au respect de la croyance d'autrui et à hauteur de 33% à la liberté de croyance en général. Ce qui, en soi, ne représente pas des chiffres particulièrement satisfaisants. Mais, dès que la question se déplace sur le terrain du changement de religion, la proportion passe à 28% d'opinions favorables. Et quand on précise cette question en évoquant la religion en faveur de laquelle s'opérerait le changement, le pourcentage s'effondre carrément. En effet, les enquêtés s'opposent à 88% au passage de leurs concitoyens du sunnisme au chiisme, à 93% de l'islam au christianisme et à 95% de l'islam au bahaïsme... Par ailleurs, ils sont 91 % à rejeter toute idée d'évangélisation sur le territoire national, tout en admettant avec exactement la même proportion le principe d'un prosélytisme musulman en terre non-musulmane... Cette incohérence est pointée par les auteurs de l'enquête et commentée par l'idée que dans l'esprit de la personne interrogée, on passe insensiblement de l'affirmation d'une liberté à une attitude de défense identitaire et à la pensée d'un danger qui viserait la communauté nationale. Mais ce changement de perspective pourrait très bien être compris comme une façon de vider de sa substance le principe de tolérance...
En fait, dès les premières paroles énoncées par les conférenciers, on a mis en garde contre l'exemple libanais, dans la mesure où il s'agit d'un modèle qui prévoit la diversité des confessions mais qui, d'une certain façon, occulte la liberté de conscience et consacre une sorte de compartimentation confessionnelle de la société.
Du pain sur la planche
C'est en vertu de la liberté de conscience que le citoyen est en droit de choisir ses convictions et, donc, de passer éventuellement d'une religion à une autre. Puisant dans une idéologie du passé, dans une sorte de «paranoïa culturelle» en laquelle on pourrait voir les vestiges de la période coloniale dans nos mentalités, le Tunisien peine encore à assimiler l'idée que l'illicite, ce n'est pas de changer de religion selon ce que dicte la conscience, c'est de criminaliser l'exercice de cette liberté fondamentale.
L'ambition affichée par les conférenciers est que le pays abandonne bientôt la tolérance comme simple slogan — voire de slogan creux — pour en arriver à une tolérance effective et cohérente. Par rapport à cet objectif, force est de reconnaître que le chemin risque d'être encore assez long. Force est aussi de reconnaître que la politique menée en ce pays pendant des décennies autour du thème de la tolérance a eu des résultats apparemment très décevants, conséquence d'une approche superficielle et essentiellement rhétorique. Autant dire que l'école, dont on revoit aujourd'hui la philosophie, a du pain sur la planche concernant cette question... Les médias aussi, dont le rôle est de savoir quitter le mainstream quand il le faut.
Certains autres chiffres apportés par l'enquête confortent la grisaille du constat. Pour 52% des interrogés, la protection du sacré par l'Etat porte sur le sacré musulman, à l'exclusion de celui des autres religions. D'autre part, le mariage mixte fait l'objet d'un rejet de la part de 40% lorsqu'il s'agit du Tunisien musulman avec l'étrangère non-musulmane. Le conférencier souligne ici le fait que ce rejet ne s'appuie pas sur la loi religieuse, puisque celle-ci autorise cette forme de mariage mixte. On invoque plutôt des considérations relatives à l'unité de la famille, au fait que les fils ou les frères qui s'engagent dans ces mariages seraient «confisqués» par l'épouse, pour ainsi dire... Quant au mariage entre la Tunisienne musulmane avec le non-musulman, proscrit quant à lui par la charia, ils sont 37 % à l'accepter au nom de la liberté individuelle... Chiffre auquel s'ajoutent 7,5% des interrogés, pour qui ce mariage est acceptable en cas de circonstances exceptionnelles... Ce qui signifie quand même qu'ils sont plus de 55% à le refuser absolument.


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