Une vraie campagne de propreté a lieu ces derniers temps. Elle semble s'inscrire dans le long terme puisqu'elle dure depuis plusieurs semaines. Sous l'impulsion du gouvernement — sans doute — les différents départements et services concernés ont fini par bouger. Pourvu que les citoyens le comprennent Quatre années de chaos ont mis le pays sens dessus-dessous. Tout y allait de travers à tous les niveaux. On a eu beau se plaindre, rien n'y fit ! Nos villes et nos campagnes ont souffert le martyre avec les tas d'immondices qui vous agressent là où vous allez, point de salut sauf quand on est chez soi. Et encore dans le voisinage, vous ne voyez que saleté et un paysage de désolation. Les espaces verts ont été complètement défigurés pour devenir des décharges d'ordures. Les trottoirs sont jonchés des restes de légumes et des fruits avariés jetés par les commerces des environs. Les restaurants du centre de la capitale, spécialement ceux de la rue du Caire, déversent les invendus de nourriture partout où bon leur semble. Même l'avenue H.Bourguiba n'y a pas échappé. A la rue Ibn-Khaldoun et dans ses environs, c'est encore pire. Tout le monde prenait part à cet enlaidissement des lieux publics. Aucun coin n'est épargné par cette vague d'incivisme destructeur. Toutes les rues et les artères sont devenues des marchés mais quotidiens, où on laisse la nuit toutes sortes d'ordures sans se soucier le moins du monde de ce que vont endurer les pauvres éboueurs de plus en plus débordés et souvent incapables de s'acquitter convenablement de leur tâche ingrate. Ajoutez à cela l'impuissance de l'autorité de s'y opposer et la boucle est bouclée. Cela ne peut durer éternellement et une action salvatrice doit y mettre un terme même si cela doit se faire dans la douleur pour certains qui, d'ailleurs, n'ont qu'à s'en prendre à eux-mêmes tels ces étalagistes anarchiques qui ont donné à nos cités et villes le plus hideux des visages. Et c'est dans ce climat de désespoir qu'un tel sursaut a vu le jour avec cette campagne de nettoyage qu'on observe partout et qui est vivement saluée par les vrais citoyens. Tunis, ses environs et jusque sur les routes menant vers l'intérieur du pays, une véritable fourmilière est mise en place pour rendre propres ces espaces qui croupissent sous la saleté depuis plus de quatre ans! C'est une sorte d'opération de propreté coup de poing. Et on en a tant besoin à l'approche de la saison chaude. Opération coup de poing ! Il s'avère ainsi que quand on veut on peut. Et l'on ne peut, sur ce point précis, que saluer cette action de grande envergure initiée par le gouvernement qui a, sans le moindre doute, mis les municipalités jusque-là en état de totale léthargie, devant leurs responsabilités pour s'acquitter de leurs devoirs. Certes, il y a beaucoup à faire après quatre années d'absence presque totale, mais ne dit-on que le plus dur est de commencer? Il y avait, à n'en point douter, une sorte d'obstacle moral qui faisait qu'on préférait ne rien entreprendre pour éviter toute réaction susceptible de dégénérer en troubles si on cherchait à faire appliquer la loi. Ceci est vrai dans un sens, mais il suffit de faire preuve de fermeté pour que toute velléité soit étouffée dans l'œuf. Et quand il y va de l'ordre et de la propreté point de compromis. Aujourd'hui, et partant de cette conviction, on est en passe de réussir à débarrasser la capitale des étals anarchiques et des bandits qui faisaient la loi dans tous les coins de la ville avec leur langage et leurs manières de se comporter faits d'indécence et d'obscénités. Débarassées de ces hors-la-loi, nos artères ont, petit à petit, retrouvé leur âme que beaucoup de passants n'ont pas manqué de saluer, se disant pourvu qu'on ne lâche pas prise surtout au mois du carême, où il sera, après, très difficile de les déloger. Les femmes et les filles empruntant ces rues se disent soulagées, elles qui ont tant souffert des mots obscènes et du harcèlement auxquels elles étaient quotidiennement exposées. Les commerçants de la rue Charles-De-Gaulle et des rues adjacentes, qui avaient enduré un vrai calvaire au cours des dernières années, lancent un grand ‘‘ouf'' après avoir vu partir ces centaines d'étalagistes qui semaient la pagaille et n'hésitaient pas à user de leurs forces physiques et de tous les moyens pour s'imposer là où ils n'avaient aucun droit. Mais on est toujours sceptique, craignant que, demain, ils soient de nouveau là ! Cela dit, et côté propreté, on remarque partout des ouvriers et des ouvrières et toute sorte d'engins du plus petit au plus gros, pour mettre au propre la capitale qui commence à renaître de ses cendres. Cette opération ne concerne pas que le centre-ville, elle est observée même sur les axes routiers à la sortie de Tunis : on enlève les détritus, on élague les arbustes, on débarrasse les bas-côtés de ces maudits sachets qui ont couvert tous les espaces, on fait les traçages des passages-piétons, on remet en place ce qui a été détruit par les hordes de vandales et de routiers indisciplinés (glissières et toute sorte de panneaux routiers), on refait la chaussée là où il le faut. On ne peut que se féliciter d'un tel réveil et de cette hargne pour regagner le temps perdu. Et on ne peut que féliciter les services municipaux, ceux de la voirie dépendant du ministère de l'Equipement qui, de leur côté, font de l'ouvrage pour rendre moins dangereuses certaines routes où des centaines de nids de poule ont vu le jour et n'ont pas été comblés de bitume. L'on espère que ce qui est valable pour Tunis l'est pour les autres villes et pour notre campagne, elle aussi fauchée par cette déferlante d'incivisme. Mais encore faut-il que les Tunisiens s'y mettent aussi de leur part afin, au moins, d'arrêter de se comporter comme ils l'ont fait tout au long de ces années de folie meurtrière. Qu'ils se comportent en citoyens dignes de ce qualificatif pour aider à la propreté de l'environnement dans lequel ils vivent et pour donner l'exemple, le meilleur, à leurs enfants pour bannir certains gestes et comportements.