La pérennisation de la révolution passe-t-elle nécessairement par les punitions collectives? C'est la question qui taraude et divise la classe politique depuis trois ans. La ligne de clivage entre partisans et adversaires de l'exclusion passait entre la troika et l'opposition. La première y étant favorable, alors que le seconde y était hostile. Les débats autour de la loi électorale ont montré que ce n'était plus le cas. C'est à l'intérieur de chaque camp que les lignes de partage existent désormais. Ettakattol a rejoint le camp des défenseurs de la loi et Ennahdha, celui de ses adversaires. Dans l'opposition, certains partis comme El Joumhoury et l'alliance démocratique semblent plus réceptifs aux arguments de ceux qui pensent qu'il faut protéger la révolution, surtout que les caciques de l'ex RCD commencent à se manifester. Ce recentrage doit nous dessiller les yeux sur les véritables mobiles des uns et des autres. Inutile de se cacher derrière son petit doigt. Le projet de loi d'immunisation de la révolution n'a été réactivé que le jour où la troika a pris conscience de la popularité de Nidaa Tounès, alors que l'opposition ne pouvait que se réjouir de voir ce parti monter en puissance au point de rééquilibrer le paysage politique.On a beau dire qu'on veut immuniser la révolution, c'est à leur propre parti et à son avenir qu'ils pensent en premier lieu Depuis, le choses ont évolué. Il y a eu les deux rencontres entre Ghannouchi et Caïed Essebsi et le dégel entre les deux hommes, les pressions internationales, les évènements d'Egypte. Seuls les imbéciles n'auraient pas changé après tant de bouleversements. La loi d'immunisation a été rangée dans les tiroirs avant d'être discutée article par article par l'ANC. Le leader d'Ennahdha s'est déclaré hostile à toute exclusion et a même regretté la dissolution de l'ex RCD. On peut tout dire de Rached Ghannouchi sauf qu'il n'est pas un fin politique. Il a compris que le rapport de forces a changé. Désormais il doit composer avec son meilleur ennemi. Il a découvert en BCE, un interlocuteur valable. Beaucoup de choses les séparent. Mais c'est un adversaire à sa mesure. Il n'a pas été insensible à ses appels au dialogue. On n'est pas encore au stade de l'alliance, mais à celui de la mésentente cordiale. Ce qui constitue un progrès énorme quand on se rappelle la violence des attaques lancées contre le président de Nidaa. Demain, ils seront peut-être les deuix piliers d'une coalition qui englobera la plupart des partis. Ce sera sans doute la solution idéale pour sauver la révolution. Quant aux tentatives de remettre sur le tapis la loi d'exclusion, elles constituent les derniers soubreauts de partis à l'agonie qui se parent des oripeaux de la révolution dans l'espoir de reconstituer une troika bis. Mustapha Tags : RCD ANC Rached Ghannouchi Beji Caïed Essebsi