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Une manœuvre nommée Takiyya
Publié dans Leaders le 04 - 12 - 2014

D'après son Dalil al-i‘idad lil intikhabat (Guide destiné à la préparation des élections), Harakatou al-Nahdha tablait sur un franc succès aux élections législatives lui garantissant au minimum 50% des sièges. Elle n'en obtient que 31,8% et perd de ce fait la possibilité de constituer autour d'elle une majorité parlementaire et de nommer le prochain gouvernement. Il reste comme lot de consolation possible, le deuxième pôle de l'éxecutif mais Harakatou al-Nahdha n'a pas de candidat issu de ses propres rangs parce que, d'après les multiples sondages, aucun de ses membres n'est en mesure de remporter l'élection présidentielle au suffrage universel. Se rabattre sur la candidature d'un fidèle allié, en l'occurrence M. Marzouki, devenait l'ultime chance pour garder un pied dans le pouvoir. On comprend alors pourquoi la redoutable machine électorale décrite par Dalil al-i‘idad lil intikhaba se soit mise en route pour réaliser ce que nous pouvons qualifier de miracle Marzouki.
A 12 685 voix près, le score réalisé par ce dernier au premier tour de la présidentielle représente la somme des suffrages obtenus par Harakatou al-Nahdha (943 543), le CPR (69 794) et le courant démocratique (66 396) lors des élections législatives du 26 octobre 2014.
Personne n'a le droit de reprocher à Harakatou al-Nahdha de mettre sa machine électorale au service du candidat qu'elle juge le mieux disposé à servir ses desseins ; cependant, deux types de reproches peuvent être formulés. Le premier concerne la dimension initiatique de la Haraka, l'opacité de ce qui se dit et se prépare à l'intérieur de ses structures, le second reproche est d'ordre éthique. Est-il admissible que ceux qui s'autoproclament plus musulmans que tous les autres musulmans fassent du mensonge un usage banal qui n'émeut même pas leurs propres disciples? Comment, les Frères musulmans justifient-ils cette pratique clairement condamnée par l'islam et toutes les religions révélées?
Al-taqiyya, un mensonge halal
Les Frères musulmans de Tunisie, comme ceux d'ailleurs, se réclament d'Hassan al-Banna, d'Abu al-Alaa al-Mawdudi, de Sayyed Qutb… A des degrés divers et plus ou moins ouvertement, ces maîtres-à-penser qualifient notre société « Jahiliyya », c'est-à-dire prés-islamiques. Elles restent donc à islamiser ; c'est la raison pour laquelle la prédication représente la base, le noyau dur des activités fréristes. De leur point de vue, la conquête du pouvoir politique vise à éliminer le « ta‘gout » (l'Etat moderne et ses institutions) qui se dresse sur leur chemin. C'est sûrement pour mobiliser les courants les plus extrémistes que M. Marzouki a eu recours au vocable « ta‘gout » à l'occasion de sa campagne électorale.
A partir du moment où les Frères musulmans comme d'autres courants qui leur sont proches considèrent notre société « Jahiliyya », ce que l'Islam interdit, comme le mensonge par exemple, devient licite, une ruse de guerre pour se protéger de leurs « ennemis ». Ils appellent ça « al-taqiyya », cette dernière est destinée à endormir la vigilance de leurs adversaires pour les prendre en traître et les terrasser.
Usant de la « taqiyya », Harakatou al-Nahdha a proclamé sa neutralité lors du premier tour de l'élection présidentielle. Ses dirigeants ont proclamé leur neutralité et laisser la liberté de choix à leurs électeurs. Mais nous avons vu la machine électorale nahdhaoui, décrite dans Dalil al-i‘idad lil intikhaba comme une structure pyramidale, hautement centralisée, s'activer, avec l'efficacité constatée, en faveur de M. Marzouki… Faut-il rappeler que les structures pyramidales démarrent par le haut et non par le bas ?
A la veille du deuxième tour, en guise de « taqiyya », une rumeur commence à circuler, « Harakatou al-Nahdha va appeler ses électeurs à l'abstention », entendons-nous dire. Même si cette position était proclamée au plus haut niveau de la Haraka, cela n'empêchera pas certains, comme lors du premier tour, de s'apercevoir, que la machine nahdhaoui à faire voter Marzouki ne connaît aucun répit.
Cette déclaration, lancée comme un ballon d'essai, suggère, aux Tunisiens d'une façon générale et aux électeurs de BCE plus précisément, que Monsieur Marzouki va se retrouver, au deuxième tour, seul, abandonné par Harakatou al-Nahdha, avec tout juste les voix du CPR et celles des groupuscules qui se sont détachés de son parti et qu'en conséquence son échec ne fait plus aucun doute…
Sur le fond, ce message subliminal, nahdhaoui, vise à démobiliser les partisans de BCE qui vont considérer la partie gagnée d'avance…
Il y a quelques mois, sur une chaîne de télévision égyptienne, l'animateur de l'émission demande à M. Kamal al-Halabaoui, Frère musulman d'Egypte : que pouvez-vous nous dire M. Rached al-Ghannouchi, vous qui l'avez côtoyé pendant de longues années à Londres ? La réponse fut en ne peut plus concise : renard !
Le risque de revoir M. Marzouki à Carthage n'est pas écarté
Les scores serrés du premier tour de la présidentielle n'écartent pas la possibilité de voir le candidat Marzouki rempiler pour cinq ans à Carthage et, comme il nous a habitué, user de ses prérogatives pour dresser l'institution présidentielle contre le gouvernement et pourquoi pas dissoudre l'Assemblée des représentants du peuple… Faut-il prendre le risque de voir un tel scénario se réaliser ?
Quand Jacques Chirac s'était retrouvé au deuxième tour de l'élection présidentielle de 2002 face à Jean-Marie, candidat de l'extrême droite, la gauche et la droite française se sont donné la main pour barrer la route à l'extrême droite. Jacques Chirac remporte ces élections avec 79,71 % ! Cela n'a pas empêché, par la suite et quand cela était devenu nécessaire, l'opposition de gauche d'exprimer ses désaccords avec le président qu'elle a contribué à porter au pouvoir. Ce qui s'est passé ailleurs, peut éclairer notre démarche, ici, en Tunisie.
La sécurité de l'Etat Tunisien n'a jamais été autant menacée que depuis l'accession de la Troïka au pouvoir et de M. Marzouki à la présidence de la République. Des deux candidats qui restent en lice pour le deuxième tour, M. Caïd Essebsi est celui qui, par son passé et sa culture, se positionne comme le serviteur de l'Etat, le protecteur de ses institutions et le garant de sa sécurité. Sur ce point fondamental la convergence entre BCE et la gauche ne fait aucun doute. La justice sociale et non pas la charité à la petite semaine ainsi que l'opposition au néolibéralisme économique resteront de vains mots sans un Etat fort et démocratique. Hamma Hammami qui a réalisé une brillante campagne présidentielle est, sans aucun doute, l'homme qui peut trouver les mots justes, les mots historiques pour mobiliser ses électeurs et ceux de la gauche en faveur de BCE et éviter au pays la poursuite du cauchemar.
Jallel SAADA,


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