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Lecture dans l'initiative du mouvement du Peuple et des Citoyens
Publié dans Leaders le 28 - 12 - 2014

Après avoir déclaré avoir accepté le verdict des urnes, une décision qu'il a regretté par la suite, avec ce qu'on peut appeler« l'affaire des Cartes d'identités », M. Marzouki du haut du balcon de son QG de campagne à annoncé la création du« Mouvement du Peuple des Citoyens ».Un mouvement qui semble-t-il regrouperait tous les citoyens soucieux de la préservation de la démocratie, de la liberté et des principes de la révolution.
Evidemment, une telle annonce a suscité des réactions passionnées les passions dans un sens comme dans un autre en fonction du positionnement par rapport au président sortant. Les uns ont vu dans cette initiative le dernier rempart contre « Ettaghaouel » et le retour de la dictature, les autres, une manière populiste de se maintenir sur l'échiquier politique en drainant les foules vers la lutte pour la cité idéale.
Loin des ardeurs, des passions et desanalyses à travers le prisme de l'émotion, M. Marzouki, a encore une fois fais le bon choix, mais, encore une fois il s'est dangereusement planté sur les moyens.
De l'évidence de l'idée…
Sur un plan politique, il serait absolument inimaginable que M. Marzouki n'annonce pas la création d'un mouvement. Il est peut être imprévisible, mais il est tout sauf stupide.
Après le factice émiettement de la poignée de CPRistes (car in fine, le CPR « canal historique », le courant démocratique et Wafa sont toujours ensemble), se retrouver avec plus d'un million de votants est un vrai trésor de guerre que M. Marzouki ne peut se permettre de laisser comme cadeau du départ à la retraite. L'occasion est trop belle pour ne pas vouloir en profiter et se poser désormais comme le chef de file de l'opposition en vue des batailles à venir.
Cette décision élémentaire politiquement pose une question. En voulant se proclamer comme l'opposant numéro en comptant sur les sympathisants d'Ennahdha, est-ce que cette dernière sera reléguée en arrière-plan ? En d'autres termes, est-ce qu'Ennahdha devra s'inquiéter?
A mon humble avis, non et ce pour les raisons suivantes :
* Un intérêt politique commun: contrairement au discours officiel, Ennahdha a bel bien soutenu M. Marzouki. D'ailleurs, ses leaders historiques MMM. Jebali, Ellouze et Chourou l'ont fait publiquement. En plus, politiquement parlant, M. Marzouki et le mouvement islamiste se rejoignent sur leur opposition à Nida Tounés qu'ils n'ont cessé de combattre depuis sa création.
Il ne faut pas perdre de vue aussi que lors de son mandat et hormis l'épisode de Mahmoudi, M. Marzouki a été toujours un soutien de taille pour le mouvement islamiste. Des discordances ont été évidemment entendu ici ou là, mais sans pour autant emmener vers la rupture.
* Il n'existe pas de conflit sur les valeurs: bien que M. Marzouki n'ait pas donnée plus de détail sur son mouvement, il parait impossible que ce dernier prône des valeurs antagonistes à la référence religieuse de la deuxième force politique du pays. M. Marzouki ne se réclame pas de la gauche, et il n'est pas dans le combat pour la laïcité (de toute façon, il ne l'est plus depuis le 23 octobre 2011). Sa volonté de synthèse n'a été qu'un trompe-l'œil comme son jeu raté d'équilibriste.
Je dirais même qu'Ennahdha se retrouve parfaitement dans les slogans de M. Marzouki puisqu'elle a découvert que le discours religieux passe mal, du moins encore, dans la société tunisienne et du coup, cela lui a permis d'exister idéologiquement sur la scène politique tunisienne. Preuve de l'efficacité de ce nouveau lieu de rencontre idéologique, le vote massif des sympathisants d'Ennahdha pour le candidat sortant
* Ennahdha ne pense pas à la présidence…du moins pas encore: sur l'aspect électoral, le seul possible lieu de confrontation sera les élections présidentielles (les élections législatives sont encore lointaines et Ennahdha a suffisamment d'expérience pour imposer la discipline à ses sympathisants lors des scrutins).
M. Marzouki n'est pas le concurrent d'Ennahdha dans la course au palais de Carthage, car cette dernière n'a pas de candidat pour la présidence. Sans faire dans le procès d'intention, je pense qu'aussi bien le candidat sortant que le mouvement de M. Ghannouchi parient sur des élections présidentielles anticipées vu l'âge de M. BejiCaid Essebssi et il est peu probable qu'Ennahdha ait un candidat présidentiable d'ici quelques années… Dans ce cas, même si elle ne le soutient pas publiquement, elle ne s'opposera pas à lui face à un candidat de NidaTounés ou de la gauche…
Mais le coup politique dans son principe ne doit pas cacher les moyens qui sont mis pour y parvenir et sur ce plan, M. Marzouki a choisi la plus mauvaises des manières…
A la dangerosité des moyens…
Encore, une fois, M Marzouki choisit le plus mauvais des moyens, à savoir la radicalisation. Son appel sonne comme une véritable déclaration de guerre. Il constitue une triple rupture: avec les citoyens, les institutions et aussi paradoxalement que cela puisse le paraitre avec les objectifs de la révolution qu'il prétend défendre:
* La rupture avec les citoyens:contre tous les primas de la politique, à savoir la négociation et le dialogue. M. Marzouki choisit la rupture. Comme il l'a fait pour les relations avec la Syrie, son “renvoi” du gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie et son attitude face au dialogue national, le président sortant choisit de jouer une partie du peuple contre l'autre en brandissant les slogans du retour de la dictature. Il pointe du doigt une majorité du peuple et la désigne comme subversive, esclave des dictateurs et bonne pour le bûcher…Désormais, le droit-hommiste fait dans le stalinisme en s'appuyant sur l'armée rouge dont les LPR seront désormais le noyau.
M. Marzouki appelle à la vigilance citoyenne pacifique, mais il sait que les choses vont dégénérer…Si cela arrive, il sait qu'il peut toujours brouiller les pistes en criant à la lutte pour l'idéal et les exactions policières dont ces partisans peuvent en être l'objet.
Du président de la Tunisie, M. Marzouki risque de devenir celui des LPR…Triste destin...
* La rupture avec les institutions:
La question qui se pose est dans quel cadre ce mouvement mènera sa lutte? Si on exclut, la poignée des députés CPRistes, ce mouvement n'a pas de représentation au sein du palais de Bardo (Ennahdha ne va pas jouer son opposition aussi radicalement), pas de portefeuilles ministériels et évidemment, il n'est plus à Carthage. Il n'est pas présent au sein des syndicats et il ne dispose pas d'influence au sein de la presse grand public.
La lutte si elle aura lieu, sera désormais dans les rues. Il serait ainsi dangereux pour notre démocratie naissante de voir sa vie évoluer en dehors des institutions, qui rappelons-le constituent son socle.

* La rupture avec les objectifs de la révolution:
Je ne sais pas si on fait exprès ou si certains sont frappés d'une amnésie chronique, mais les objectifs de la révolution du 14 janvier étaient Liberté, justice et dignité nationale. Il est évidement clair, même pour Monsieur Marzouki, que ces objectifs sont à prendre dans leur sens le plus large. Il ne s'agit pas uniquement de liberté d'expression. Il n'est qu'un aspect parmi d'autres mais aussi de liberté économique, d'accès au travail, de justice sociale, etc. Or, par sa déclaration, Monsieur Marzouki ne présente évidemment aucune piste dans ce sens, car tout simplement, il n'en a pas. Il se suffit d'un slogan sur un aspect. Le reste n'est pas important pour lui.
Or, pour que cette initiative prenne le corps d'une véritable mouvance politique, il faut qu'elle s'inscrive clairement dans une approche plus universelle de la liberté.
M. Marzouki ne le fait pas car il n'a pas de solutions. Tout ce qui l'intéresse est uniquement le pouvoir pour le pouvoir. Visiblement, M. Marzouki comme ses partisans n'ont pas compris que leur défaite électorale est due à leur échec à appréhender le “Bonheur du citoyen” dans toutes ses dimensions politique, économique et sociale.
Quelqu'un a dit “ Monsieur Marzouki a raté sa sortie, comme il a raté son mandat”. Je ne suis pas loin de partager cet avis. Je ne reproche pas à M. Marzouki le fait qu'il n'ait pas eu plus de prérogatives (avec du recul et en analysant ses décisions, je pense même que ce fut la plus sage des décisions que l'Assemblée Nationale Constituante ait prise). Ce n'est pas une faute, mais je lui reproche de ne jamais avoir été un président rassembleur.
M. Marzouki a été toujours dans l'anti-dialogue. Son discours de synthèse entre laïques et islamistes, n'a jamais été suivi de faits, bien au contraire.
L'appel du 23 décembre confortera tous ceux qui n'ont pas voté Marzouki, car un président, est appelé, avant tout,à être celui de tous les tunisiens, pas celui qui montera les citoyens les uns contre les autres.
M. Marzouki, la vraie attitude citoyenne n'est pas dans les baptêmes à la hussarde, mais celle qui respecte le choix du peuple et le souci pour la persévérance pour la démocratie commence par le respect de ses institutions et en premier lieu le verdict de l'isoloir.
Je ne sais pas quel avenir aura ton mouvement du peuple des citoyens, mais en tant que citoyen, mon choix est fait. Je continuerai à appartenir à un peuple plus grand et plus démocrate, le mien, celui de la toute la Tunisie…avec la fierté en plus…
Mohamed Fayçal Charfeddine


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