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Caïd Essebsi, 100 jours à Carthage : retard à l'allumage, recentrage, en attendant le grand choc positif
Publié dans Leaders le 13 - 04 - 2015

Le président Béji Caïd Essebsi aura bouclé le vendredi 10 avril courant ses premiers cent jours à Carthage. Elu à la présidence de la République le 21 décembre, il avait été investi par l'Assemblée des Représentants le 31 décembre et pris ses fonctions le jour-même. Le compteur de son mandat de cinq ans a commencé immédiatement à tourner. Comment s'y est-il pris et quel premier bilan ? Analyse.
La perception générale des cents premiers jours de BCE à Carthage laisse apparaître successivement trois grandes séquences. La première qualifiée de retard à l'allumage, a été marquée par un grand silence depuis la célébration chahutée de l'anniversaire du 14 janvier. La deuxième, semble être celle des manœuvres de calage et d'ajustements de fonctionnement notamment avec le gouvernement, en conformité avec les dispositions constitutionnelles. Quant à la troisième, elle est amorcée par une reprise de la parole, pour le lancement effectif de son mandat.

L'agenda présidentiel était pourtant fort chargé. Bousculé par l'actualité brûlante, sollicité par des urgences et des questions de grande importance, BCE devait gérer à la fois la formation du nouveau gouvernement, cinq déplacements à l'étranger, le tout récent à Paris en point d'orgue, un premier conseil des ministres sous sa présidence et surtout de graves attentats terroristes, celui du Bardo, le plus lourd en victimes comme en significations. Sans omettre les tiraillements internes qui ont secoué son parti Nidaa Tounès et les difficiles négociations sociales entre le gouvernement et l'UGTT.

Rompant un suspense de plusieurs jours, Caïd Essebsi demandera à son ancien ministre de l'Intérieur au lendemain de la révolution, Habib Essid de former le gouvernement. Il aura fallu deux essais pour y inclure Ennahdha, sans satisfaire toutes les ambitions dans tous les camps, ni apaiser la contestation des adversaires à ce gouvernement de coalition. D'évidence, un tel gouvernement est fragile, difficile à mettre en branle en parfait alignement et totale cohérence. Habib Essid se mettra à l'ouvrage, avec les moyens et ressources du bord. Il rendra compte le 15 mai prochain du bilan de ces cent premiers jours, et exposera les 130 mesures prioritaires de son plan d'urgence.
Ni quémandeur, ni contempteur
L'international sera pour BCE entre l'inattendu, l'incontournable et le stratégique. L'inattendu, c'est le décès du Roi Abdallah d'Arabie Saoudite et l'investiture de son frère, le Roi Salmane. Il lui fallait alors faire un voyage éclair à Riadh, mis à profit pour réchauffer les relations bilatérales et rencontrer nombre de chefs d'Etat. L'incontournable, c'est surtout sa visite, début février, à Alger, revoir son ami historique et voisin stratégique le président Bouteflika et son équipe. Il conduira lui-même la délégation tunisienne aux sommets africain (Addis Abeba) et arabe (Sharm Sheikh).

Le déplacement stratégique sera à la faveur de la visite d'Etat en France, voulue essentiellement politique et de repositionnement international, avant de participer en juin prochain au sommet du G7 au château d'Elmau, en Allemagne et de se rendre à Washington pour s'entretenir avec Barack Obama. A la clé, l'engagement des Etats-Unis de hisser la Tunisie au statut de pays « allié majeur non-membre de l'OTAN ».
Chacun dans son rôle
L'international est en fait éminemment important pour au moins deux questions clés : la sécurité et la relance économique. S'il multiplie les contacts de haut niveau, dans un statut ni quémandeur, ni contempteur, Béji Caïd Essebsi met avec habileté l'occident face à ses propres responsabilités, démontrant à ses pairs que face à un ennemi commun qu'est la radicalisation et le terrorisme, la sécurité de la Tunisie fait désormais partie intégrante de celle de l'Europe, de la méditerranée et des autres régions du monde. Ancrant les principes de base lors de ses différents entretiens, il entend cependant laisser au gouvernement le soin d'assurer la négociation et la gestion des accords et programmes de coopération à conclure. Chacun doit être, pour lui, dans son rôle. Complémentaire.
Le temps de la parole, le temps de l'action
Inquiets de son long silence durant les deux premiers mois, les Tunisiens n'ont commencé à retrouver leur Béji qu'à partir du jeudi 5 mars 2015. Ce soir-là, devant Madeleine Albright, la ministre américaine du Commerce et sa forte délégation d'hommes d'affaires, il avait donné libre cours à sa verve, officiellement improvisée, en fait soigneusement ciselée.Il récidivera le 20 mars, dans son discours-thérapie de la fête de l'Indépendance, glissant son appel à la réconciliation nationale, fondement de l'unité et de la cohésion.

Deux jours auparavant, rebondissant sur l'attentat contre le Bardo, il s'empressera de descendre à la Kasbah, se montrant à la barre. La grande marche de solidarité fera défiler à ses côtés nombre de chefs d'Etat et de gouvernement, à commencer par François Hollande et confirmera la Tunisie au centre d'une grande attention. La presse étrangère afflue de partout s'abreuvant de sa parole. Le temps de la parole reprend... en attendant celui de l'action.
Agir, vite, avec courage et rigueur
Autant Béji Caïd Essebsi a réussi facilement à l'international, autant, il peine encore à reconquérir l'opinion publique tunisienne. Le Tunisien moyen n'a pas encore perçu le moindre changement dans sa vie quotidienne depuis la victoire électorale de Nidaa Tounès et de son chef. Ni dans son pouvoir d'achat, l'embauche de ses enfants, ni dans le freinage des abus et de la corruption et autres attentes pressantes. Il a certes l'impression que les dirigeants changent, que le cap est peut-être meilleur et plus rassurant qu'auparavant, mais qu'il demeure le grand oublié dans tout cela. Les partis sont fragilisés par leurs querelles intestines, l'opposition est quasi inexistante, la surenchère des revendications syndicales menace chaque jour la scolarité des enfants, la pérennité de l'entreprise et le fonctionnement des services publics. Il ne peut s'empêcher de constater que le débat politique est en panne, que les réformes encore sous la cape des fonctionnaires et que le pays est, au mieux, administré, et non gouverné. Comme si la machine, usée, fatiguée après les élections, s'est ralentie au risque de s'arrêter, les plus chanceux ayant obtenu un maroquin, ici ou là.

Crise de leadership, se plaigne-t-on. A quelques exceptions près, les grands leaders sont fatigués. Porté par la légitimité des urnes en président de tous les Tunisiens, c'est à Béji Caïd Essebsi d'incarner ce leadership et de jouer pleinement son rôle de chef, c'est-à-dire d'animateur et mobilisateur en chef. De sonner l'alarme, de tirer la classe politique de sa torpeur, d'expliquer à la classe ouvrière les impératifs de la nouvelle étape qui commence et aux chefs d'entreprise, le nouveau contexte, de secouer l'administration et de préparer le pays en ordre de marche pour mieux combattre le terrorisme et assécher son terreau. Une nouvelle échéance électorale s'annonce proche, celle des municipales. Nos ruelles et quartiers, ployant sous le poids des ordures et du passe-droit, souffrent de quatre années de démission des services municipaux, d'abus et de délabrement.
Le grand choc salutaire
Le calendrier est serré. Dans un mois, le gouvernement doit rendre compte du bilan de ses cents jours. Tout se passe comme si Nidaa Tounès et ses alliés ne se sentaient pas encore au pouvoir et ne réalisaient pas l'ampleur du jugement sévère des élus et des Tunisiens qui les attend en cas de retard. Dans deux mois, c'est le ramadan, c'est-à-dire le ralentissement de la productivité et l'accroissement de la consommation, l'épuisement du pouvoir d'achat en dommage collatéral direct. C'est aussi le temps des examens scolaires et universitaires au terme d'une année, fort perturbée, ne pouvant garantir la qualité requise. Pointera alors l'été, la séance unique qui se poursuivra après le ramadan, les dépenses et les frustrations. La rentrée promet d'être chaude, très chaude.

Quelles sont les marges de manœuvres du président Béji Caïd Essebsi dans tout cela ? Réduites et énormes à la fois. A lui de leur donner toutes leur dimensions et de créer le choc psychologique salutaire.


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