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Migrants - Sophie Bessis : La paille et la poutre
Publié dans Leaders le 09 - 09 - 2015

Voilà plusieurs semaines que l'Europe est confrontée à la plus grande vague d'arrivée de réfugiés depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Des dizaines de milliers de personnes, hommes seuls, couples, familles entières frappent à sa porte pour fuir les guerres qui ravagent le Moyen Orient et une partie de l'Afrique subsaharienne. Depuis un peu plus d'un an, une grande partie de ces damnés de la terre viennent de Syrie et d'Irak. La Grèce et l'Italie sont débordées. L'Allemagne s'attend à recevoir en 2015 quelque 800 000 demandeurs d'asile.

Les migrations Sud-Nord changent de nature. Aujourd'hui, ce ne sont plus seulement des migrants en quête d'une vie meilleure qui tentent d'accoster aux rivages de l'Europe, mais des populations cherchant à échapper aux bombes, aux destructions, aux exactions commises sur les civils par des régimes sanglants et des entités jihadistes qui font de l'horreur leur fond de commerce. Après de longues hésitations et de multiples drames, l'Europe occidentale ouvre ses portes à ces fugitifs, au nom de ce qu'elle considère comme le socle de ses principes, le respect des droits universels. C'est ce qu'a rappelé le 31 août la chancelière allemande Angela Merkel, en déclarant que les Européens perdraient leur âme à ne pas respecter ces valeurs.

On peut toujours penser que c'est insuffisant, et déplorer les trop nombreuses manifestations de racisme qui s'expriment ici et là. On peut rappeler à juste titre que les Occidentaux portent une lourde part de responsabilité dans les conflits sans fin qui déchirent le Moyen Orient, et que leurs politiques aggravent la misère du monde. Mais partout, sauf en Europe de l'Est héritière d'une longue histoire d'oppression de ses minorités, des milliers d'autochtones accueillent les rescapés en leur souhaitant la bienvenue, les logent, les nourrissent et manifestent pour demander à leurs gouvernements de mieux les prendre en charge. Des réseaux de « villes solidaires » se constituent. Même les dirigeants les plus réticents comme le Britannique David Cameron ou le Français François Hollande se sentent obligés de lâcher du lest devant la pression d'une partie non négligeable de leurs opinions.

Voilà donc une Europe qui semble renouer - pour combien de temps ? - avec ce qu'elle a de meilleur. Et que se passe-t-il en face, sur la rive sud de la Méditerranée ? Hormis le Liban et la Jordanie, pays arabes frontaliers de la guerre qui abritent bon gré mal gré des millions de réfugiés, aucun Etat arabe ayant aujourd'hui la chance d'être en paix n'a levé le petit doigt pour venir en aide aux « frères » syriens et irakiens. Les richissimes monarchies du Golfe se fichent comme d'une guigne de la souffrance humaine, tout le monde le sait et leur indifférence n'est pas une surprise. Mais où sont l'Egypte, la Tunisie, l'Algérie, le Maroc ? A part quelques voix d'autant plus respectables qu'elles sont solitaires, le silence de leurs hommes politiques, de leurs élites, de leurs intellectuels, devant la tragédie que vivent leurs frères est pour le moins assourdissant. Pas un rassemblement de solidarité, pas une proposition d'accueil même symbolique, pas une quête, pas un geste qui relèverait de la plus simple compassion. Où sont ceux qui sanctifient à longueur de discours la « nation » arabe et disent aspirer à son unité ? « On a déjà donné », avancent quelques Tunisiens rappelant le bel élan de solidarité qui s'est manifesté en 2011 envers les réfugiés libyens. Ce temps semble bien fini. Le chacun chez soi l'emporte désormais.

Si, au moins, ce monde là se réfugiait dans un silence gêné. Mais non, les mêmes donnent urbi et orbi des leçons d'humanisme, reprochant à l'Occident de ne pas en faire assez pendant qu'eux en font moins encore. Ils crient au racisme dont souffrent au nord du monde les populations immigrées, pendant que dans nos pays les migrants subsahariens sont le plus souvent traités comme des sous-hommes et que beaucoup sont renvoyés chez eux sans ménagements. Ceux qui déplorent avec raison les milliers de noyés qui gisent au fond de la Méditerranée savent-ils que le Sahara est une mer de sable où meurent par centaines des Africains que l'Algérie – entre autres – expulse de son territoire ?

A être sélective, à se cantonner à des protestations déclamatoires, l'indignation ne vaut rien. Et quand on fait si peu pour tendre la main à ceux qui souffrent, s'ériger en donneurs de leçons relève de l'indécence. Quelles que soient les réticences de ses classes politiques, la frilosité de ses populations, les peurs d'une partie de ses opinions travaillées par les discours de l'exclusion, l'Europe donne aujourd'hui l'exemple en matière d'accueil. Et les damnés de la terre contemporains, des Syriens aux Erythréens et aux Afghans ne s'y trompent pas. C'est vers elle qu'ils veulent aller, et non pas vers nos jeunes « démocraties » qui ont encore tout à apprendre du respect de ce qui fait partout notre commune humanité. Jamais, de ce côté-ci de la Méditerranée, la parabole christique n'a été d'une telle actualité : « Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l'œil de ton frère et n'aperçois-tu pas la poutre qui est dans ton œil à toi ! ».


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