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Analyse des incidences de la hausse des salaires et des risques encourus par l'endettement public
Publié dans Leaders le 07 - 01 - 2016

Dans ce papier, je propose l'analyse de l'actualité économique à propos de deux brulants sujets qui occupent la place publique:
* Les incidences de la hausse des salaires dans le secteur privé sur notre économie,
* Et, les risques encourus à cause de la montée de l'endettement public suite aux récentes déclarations controversées de Chadly Ayari «Arrêtons de diaboliser la dette extérieure»
Les débats y en a à la pelle mais hélas l'analyse des vraies questions manque à l'appel. Les « analystes » se bousculent aux plateaux des radios et des télévisions… ! Mes propos doivent être interprétés comme étant un complément indispensable à un débat qui a occulté, sans doute pour des considérations politiques mais aussi par ignorance (des non spécialistes) et/ou connivence de certains intervenants, des aspects essentiels des thèmes en question.
1/ Les incidences à court et moyen terme d'une augmentation des salaires
Inutile de rappeler qu'une augmentation des salaires se traduit selon toute logique par une augmentation du pouvoir d'achat des actifs. Encore faut-il, d'ailleurs, que cette augmentation soit indexée sur l'indice des prix, c'est-à-dire le niveau d'inflation ?
Dans notre cas la hausse des salaires s'apparente à une relance de l'activité économique (de la croissance) par la consommation. Il s'agit donc d'un choix de politique économique ou plutôt d'un volet d'une stratégie plus globale ayant pour objectif ultime le redressement de la production, de la croissance et de l'emploi. La relance par la consommation a deux incidences aussi importante l'une que l'autre :
1.1/ Contrainte interne : Risque de spirale inflationniste?
La hausse des salaires va tout naturellement se répercuter sur le coût total de production. De facto, une hausse des prix des produits finaux mais aussi intermédiaires aura lieu. Les entrepreneurs vont bien chercher à préserver leur marge de profit pour s'assurer une capacité d'autofinancement pour ainsi pouvoir investir et accompagner la croissance de leur entreprise.
Avec un taux d'inflation qui avoine déjà les 6%, nous risquons, à cause d'une telle hausse, d'être entraînés dans une dangereuse spirale inflationniste.
Il faut certes augmenter les salaires pour améliorer le quotidien de nos compatriotes, particulièrement les plus démunies d'entre eux, mais il faut parallèlement chercher à mieux contrôler l'impôt sur les bénéfices et les charges salariales pour ne pas handicaper davantage la compétitivité de nos entreprises.
Il va falloir surtout œuvrer dans le sens de l'instauration d'un pacte républicain : Un pacte de responsabilisation citoyenne impliquant tous les acteurs sociaux (UGTT, UTICA, Partis politiques,…), y compris la société civile. Cet aspect sociopolitique est très souvent sous-estimé pour ne pas dire carrément négligé dans les négociations socioéconomiques. Il y va de notre cohésion nationale. Quelle société voulons-nous constituer, établir ? Une société égalitaire, fondée sur le principe de la méritocratie ? Ou, au contraire, une société inégalitaire marquée par un individualisme exacerbé ?
1.2/ Contrainte extérieure : Risque d'éviction de l'argent injecté
Le taux d'ouverture [(exportation + importation)/ 2*PIB] de notre économie avoisine les 45%, autrement-dit le degré d'ouverture de notre économie est très élevé; en plus clair, un emploi sur deux dépend de nos échanges internationaux.
Pire, le taux de couverture qui exprime le rapport entre les exportations et les importations est à peine de 70%. Nos importations dépassent donc nos exportations : De ce fait, nous nous endettons pour consommer!
Avec de tels ratios l'augmentation des salaires, c'est-à-dire cette relance par la consommation risque d'être un sérieux échec. En effet, l'argent injecté ira en large partie relancer les activités économiques de nos partenaires européens et chinois. La France avait connu une telle mésaventure en 1981, avec le gouvernement Mauroy. C'est l'Allemagne qui en avait pleinement profité. L'appareil productif français était incapable de répondre à la demande supplémentaire de consommation de ses citoyens.
Pour éviter ce type de débâcle il faudra que notre appareil productif soit capable de répondre positivement aux demandes supplémentaires. Limiter nos importations est une nécessité pour sauvegarder à la fois notre tissu industriel mais aussi nos efforts de relance.
2/ «Arrêtons de diaboliser la dette extérieure» : Une déclaration contestable!
Le Gouverneur de la Banque Centrale avait le mardi 5 janvier 2016, devant la commission des finances, de la planification et du développement, relevant de l'Assemblée des représentants du peuple (ARP), appelé à l'arrêt à la « diabolisation des dettes extérieures », ajoutant que l'Etat aura toujours besoin de liquidité.
Pour enfoncer le clou «La masse salariale en Tunisie représente 14% du PIB. C'est l'un des taux les plus élevés au monde, ce qui explique le recours constant de l'Etat à l'endettement extérieur», a-t-il insisté.
2.1/ La perte de souveraineté est réelle!
La dette des Etats peut constituer une menace pour la souveraineté. Si les emprunts contractés ne justifient pas un investissement rentable à moyen et long terme le risque d'une situation de surendettement est réel. D'après les déclarations de monsieur Chadly Ayari c'est la masse salariale de la fonction publique qui justifierait, causerait, l'endettement. Un tel schème nous expose dangereusement à l'opinion des agences de notation et les emprunteurs exigeraient des primes de risque plus élevées.
Récemment dans le cas de la Grèce, certains parlementaires allemands indélicats avaient même suggéré qu'elle cède quelques-unes de ses îles pour alléger sa dette! Vu l'engouement de certains de nos partenaires occidentaux pour l'île de Jerba la crainte qu'ils s'invitent à l'île de beauté est sérieusement envisageable. Les vagues de colonisation que le monde ait connu ont toutes commencé ainsi : endettement, mise sous-tutelle et enfin occupation !
2.2/ Que faudrait-il faire, alors ?
Les nouveaux emprunts ne doivent surtout pas servir pour payer les frais de fonctionnement de l'Etat (salaires des fonctionnaires et dépenses courantes) mais ils doivent impérativement, nécessairement, être investis dans un grand programme d'infrastructure (routes, hôpitaux, universités,…) et des projets rentables à moyen et long terme. Il faudrait donc une politique budgétaire expansionniste, active, contra-cyclique, en somme une politique de relance par l'investissement. Pour que cette politique atteigne son objectif, son optimum, et que le principe du multiplicateur keynésien joue pleinement, il faudra, obligatoirement, confier les travaux à des entreprises tunisiennes tout en leur fixant l'obligation d'utiliser, dans la mesure du possible, que des produits et des matériaux locaux. Autrement, nous courons deux risques majeurs :
1/ l'argent injecté dans le circuit économique, au prix d'un endettement, risquerait de relancer, en cas d'importation excessive, l'économie de nos partenaires européens et chinois
2/ Un endettement excessif pourrait avoir pour conséquence la perte de notre souveraineté à l'instar du traité du Bardo du 12 mai 1881.
Ezzeddine Ben Hamida
Professeur de sciences économiques et sociales (Grenoble)


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