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La Place du Leader, réhabilitée, retrouvera-t-elle le musée et le buste dédiés à Habib Bourguiba?
Publié dans Leaders le 15 - 02 - 2016

Il y a près d'un an, la Place du Leader était dans un état piteux : dallage défoncé par les grosses racines de vieux ficus, branches d'arbres pendantes et manque d'éclairage. Depuis, la Municipalité de Tunis y a engagé, à grands frais, des travaux de réfection et d'embellissement qui ont fini par donner à l'endroit une belle allure. Le parterre a été rehaussé au moyen de pavés bicolores qui sont d'un bel effet. Des colonnes surmontées de poutrelles servent de cadre agréable pour de nombreux bancs publics. Aux vieux arbres, maintenant bien élagués, ont été ajoutés des palmiers ornementaux et des jasmins. Le petit parking aménagé du côté ouest de la Place est d'autant bienvenu que le stationnement, en cet endroit bien fréquenté, commençait à poser problème depuis longtemps. Cette réhabilitation est particulièrement réjouissante dans une ville laissée à l'abandon par ses édiles, depuis cinq ans. Des ouvriers préposés au nettoyage de fin de travaux et à l'installation des réverbères parlent d'une inauguration imminente de la Place nouvellement réaménagée, par un très haut responsable.
Une place fortement chargée d'histoire
L'appellation actuelle de la Place date du lendemain de l'indépendance du pays. Elle vient du fait que Habib Bourguiba a habité, longtemps, en tant que locataire, au frais de son parti, une petite maison située du côté sud de la Place. C'est dans cette maison que Bourguiba a été arrêté, le 10 avril 1938, au lendemain de la grande manifestation au cours de laquelle les forces coloniales avaient massacré un grand nombre de nationalistes venus protester contre la comparution de Ali Belahouane au tribunal de Tunis. Le procès qui s'en suivit a débouché sur de longues années d'emprisonnement de Bourguiba en Tunisie puis en France.
Avant l'Indépendance, la place s'appelait la Place aux Moutons. Dans ses environs, en direction du sud, s'alignaient la Place au Chevaux et la Place au Blé. Tous ces lieux se situaient dans le faubourg étroitement enserré entre les deux murailles de la ville de Tunis : celle de la Médina proprement dite et celle des faubourgs qui ne prennent de l'ampleur que du côté de Bab Al Jazira et de Bab Souika. La situation du chapelet de places dont faisait partie celles aux Moutons n'était pas due au hasard. Elle s'expliquait, d'une part par la nature de leurs activités qui, pour des raisons d'espace et de salubrité, ne pouvaient pas être hébergées par la Médina et d'autre part, par le débouché des grandes voies d'approvisionnement qui partaient vers l'ouest et le sud-ouest.
Un environnement remarquable
De la Place du Leader, la porte de la muraille extérieure est toute proche. Il s'agit de Bab Sidi Kacem Jélizi dont le beau Mausolée est dédié à un artisan d'origine andalouse, vénéré, depuis le XVè siècle pour son savoir-faire en matière de céramique et sa piété proverbiale. Le mausolée qui donne sur la place est bien visible à partir du Boulevard du 9 avril 1938 et même de la proche banlieue ouest de Tunis. Ce monument qui héberge, depuis plusieurs décennies, le Musée de la Céramique et le Centre National de la Céramique d'Art, n'est pas le seul qui donne sur la place. Lui fait face la mosquée El Haoua, appelée, jadis, mosquée Attaoufik, fondée par la princesse Atf, épouse du premier sultan hafside, Abu Zakaria al Hafsi. Le geste de la princesse pieuse a été accompli après le décès de son mari qu'elle avait épousé une fois convertie du christianisme à l'Islam. La construction du monument remonte au milieu du XIIIè siècle. Classé comme monument historique en 1912, il a été restauré en 1968-1969. C'est un bon témoignage monumental de la consécration définitive de la ville de Tunis comme capitale et centre urbain florissant, à partir du début du règne des Hafsides.
Derrière la mosquée, se trouve la rue Jamaâ El Haoua sur laquelle donne l'impasse Kradechji dont le fond est occupé par l'Institut des Belles Lettres Arabes (IBLA), créé en 1926 et installé dans ces locaux depuis 1932. De part et d'autre de la place du Leader se trouve, du côté nord, le siège de l'Université Ez-Zitouna et l'Institut Supérieur de Théologie, et du côté sud l'Institut Supérieur de la Civilisation Islamique, fréquenté principalement par des étudiants originaires de l'Afrique subsaharienne. La place est bordée du côté est par un collège et l'une des plus vieilles écoles primaires de la ville de Tunis.
En traversant le boulevard du 9 avril 1938, à la hauteur de Bab Sidi Kacem, on se trouve en face du siège de l'Université de Tunis dont le bâtiment voisin est celui de la Faculté des Sciences Humaines et Sociales. A quelques centaines de mètres de la place, se situent la Bibliothèque nationale, L'Ecole Normale Supérieure, l'Institut Supérieur des Etudes Préparatoires en Sciences Humaines, l'Institut Supérieur des Sciences Humaines de Tunis et l'Institut National du Patrimoine. La Place de la Kasbah, qui communique avec la Place du Gouvernement, siège séculaire du pouvoir étatique, se situe à quelques centaines de mètres de la Place du Leader. Cette concentration d'institutions éducatives, culturelles et de recherche donne à la place dédiée à Bourguiba une centralité exceptionnelle.
Un musée fermé en cache un autre
Depuis 1974, la maison qui avait été habitée par Habib Bourguiba abrite le ''Musée du Leader''. L'établissement a été fermé, il y a de nombreuses années, pour réfection et rénovation. Depuis plus d'un an, les travaux qui y avaient été engagés donnaient l'impression d'être terminés. La Conservatrice du Patrimoine affectée au musée, depuis plusieurs années, semblait, alors, avoir pour unique tâche de dire à ceux qui se présentaient pour la visite que le musée était encore fermé. Il y a près d'un an, le bruit de l'inauguration à l'occasion du ''Mois du Patrimoine'' a couru pendant plusieurs semaines. Il n'en fut rien. Depuis peu, des ''travaux de finition'' y sont engagés de nouveau, au ralenti.
Le drame du Musée du Leader ne fait pas oublier celui du Musée de la Céramique vidé, depuis de longues années, de sa collection précieuse et unique en son genre, qui s'étend des premières créations médiévales jusqu'au type dit Kallaline de l'époque contemporaine. La fermeture de l'établissement qui avait été restauré, il y a longtemps, grâce au soutien de l'Espagne, date d'environ huit ans. Justifiée par une sérieuse dégradation due aux infiltrations d'eau, elle n'a été suivie d'aucune intervention en matière de travaux. Les rares visiteurs étrangers qui se hasardent encore à se rendre au musée, munis de leurs guides, ne sont consolés que par la très originale collection de stèles funéraires islamiques qui se trouvent dans une aile de l'espace extérieur du mausolée.
*En réalité, le Mausolée de Sidi Kacem Jélizi ne vit, depuis de nombreuses années, que par l'activité soutenue et très louable du Centre national de Céramique d'Art dont les responsables rêvent d'un local plus fonctionnel qui se situerait en dehors du monument historique. Un tel déménagement, dans les environs immédiats de la zaouia, permettrait de débarrasser cette dernière de la construction moderne qui la défigure.
Le buste de Bourguiba, déposé et dissimulé
Avant la fermeture du musée pour travaux, la place du Leader avait été privée d'un monument qui en constituait l'ornementation rappelant le dédicataire du lieu. Il s'agit d'un buste de Habib Bourguiba installé sur un socle modeste mais qui le mettait suffisamment en valeur pour la grande satisfaction de nombreux adultes et écoliers qui fréquentaient la place. Le monument a disparu au lendemain du 7 novembre 1987. Où se trouve-t-il ? Dans le local du Musée du Leader ? Dans les réserves de l'Institut National du Patrimoine, à côté des statues de l'époque coloniale contre lesquelles Bourguiba et ses compagnons de lutte ont longtemps protesté ?
Quel meilleur décor pour la Place du Leader, réhabilitée, que le buste dont elle a été privée pendant une trentaine d'années ? La nouvelle Ministre de la Culture qui est aussi – faut-il le rappeler ?- en charge de la ''Sauvegarde du Patrimoine'' serait bien inspirée de se pencher sur le dossier des deux musées et du buste de la Place du Leader. Elle pourrait profiter de la belle occasion qu'offrira l'inauguration du nouvel aménagement de la Place du Leader pour remédier à des négligences qui ont trop duré.
Au mois de janvier dernier, la nouvelle ministre a présidé la cérémonie de l'inauguration du buste de Tahar Haddad au siège de la Bibliothèque Nationale. Il s'agissait, en réalité, d'une solution de rechange après que la statue du grand réformateur ait été démolie à El Hamma, sa ville natale, au début du mois de février 2015. La ministre ira-t-elle plus loin pour Bourguiba en restituant son buste à la place qui porte le titre le plus populaire donné à l'homme politique pendant sa lutte pour l'indépendance du pays ? Nul doute que les statues érigées en hommage public trouvent mieux leur place dans les espaces publics. Les musées et autres espaces clos font penser plus à l'histoire ancienne qu'à l'histoire contemporaine.
L'honnêteté politique et l'honnêteté tout court commandent à nos gouvernants de trancher la question des statues de Bourguiba qui ont été déplacées ou dissimulées à la vue des Tunisiens. Sans musée et sans statue, la place du Leader ne gagnerait-elle pas à retrouver son ancienne appellation, la Place aux Moutons?


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