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De Manuel Valls à Donald Trump, islamophobes à tous les étages
Publié dans Leaders le 28 - 01 - 2017

La campagne électorale pour les présidentielles en France prend son envol à 86 jours du jour fatidique. Si M. François Fillon a porté haut la bannière de sa foi catholique contre un « Ali Juppé », voilà maintenant M. Manuel Valls qui part à l'assaut d'un « Bilal Hamon » lors des Primaires Citoyennes du Parti Socialiste. En effet, depuis M. Nicolas Sarkozy qui faisait de la danse du ventre devant les électeurs du parti d'extrême droite, exprimer son islamophobie est devenu tout à fait banal dans la France de 2017. Le mot magique pour rallier les électeurs islamophobes, racistes et extrémistes est celui de «laïcité».
En mai 2015, M. Jack Lang, ancien ministre de l'Education et Président de l'institut du Monde Arabe à Paris, déplorait le travestissement de ce terme en écrivant : «On use et on abuse du mot «laïcité»: récupérée, utilisée par la droite extrême notamment, la laïcité devient une arme de combat qui dissimule à peine ses visées xénophobes, souvent antimusulmanes. Au lieu de quoi la laïcité devrait être comprise comme un trésor pour tous, une règle de vie qui garantit le respect des croyances et assure la séparation entre les institutions publiques et les religions.» (Régis Debray, «L'enseignement du fait religieux à l'école laïque», Editions Odile Jacob, Paris, 2015, p. 11-12).
Hystérie politique
A l'occasion de la Primaire Citoyenne du dimanche 22 janvier 2017, la France a vécu à nouveau le débat clivant qui a fait rage, en 1989, au Parti Socialiste, entre MM. Fabius et Chevènement d'une part et MM. Jospin et Rocard d'autre part. Si les premiers étaient contre les signes extérieurs, les seconds prônaient plutôt le dialogue.
En 2017, si M. Benoît Hamon s'inscrit du côté de M. Jospin, M. Valls, par contre, ne perd aucune occasion pour évoquer les racines chrétiennes de la France et voit dans ces signes «un fanion de l'Islam radical et du salafisme, avant –poste du jihadisme». M. Montebourg, de son côté, refuse « la stigmatisation d'une population» et rejette « la tyrannie d'une minorité». M. Hamon va plus loin quand il dénonce « un double déni» :celui qui consiste à nier le lien des terroristes djihadistes avec l'Islam mais aussi celui de la responsabilité de la République, les autorités ayant arrêté les subventions à un grand nombre d'associations, laissant se développer à la dérive, en marge de la population, les jeunes des banlieues. Pour lui, «l'islam identitaire est une forme d'identité de consolation, parce qu'à défaut de pouvoir vivre ensemble, on vit entre soi» (Lire Politis, 19-25 janvier 2017, p. 7-8). Il s'insurge contre «l'hystérie politique dangereuse» qui enveloppe ces questions. Il est ainsi en accord avec M. Vincent Peillon – ancien ministre de l'Education- qui compare la situation des musulmans en France à celle des juifs sous l'Occupation allemande du temps du gouvernement du Maréchal Pétain à Vichy, la Collaboration. Concernant la laïcité, le professeur de philosophie Peillon fustige l'ignorance «des élites françaises» affirmant que «notre pays est en train de régresser sur sa connaissance de la laïcité ». Pour lui, il existe une vision orthodoxe de la laïcité qu'il compare à une religion avec «des dogmes» et «une forme d'intolérance» qui aujourd'hui «désignerait certaines populations» alors que la laïcité, pour lui, est l'organisation de la liberté de conscience pour chacun».
Qui veut stygmatiser cinq millions de musulmans?
Le premier tour du 22 janvier a laissé groggy M. Valls, sévèrement battu sur le terrain du travail et du social par M. Benoît Hamon. Du coup, pour le second tour du primaire du PS du dimanche 29 janvier 2017, l'ancien ministre de l'Intérieur tente de se placer sur une hasardeuse trajectoire communautarisme-laïcité-«identité». Et c'est ainsi qu'il affirme, sur France Info, mardi 24 janvier, qu'il y a, chez celui que les électeurs ont placé bien avant lui, M. Benoît Hamon, «des ambiguïtés, des risques d'accommodement» vis-à-vis de l'islam radical. A en croire Libération, un ministre proche de M. Valls qualifie M. Hamon de «candidat des Frères musulmans» et de «caresser les barbus dans le sens de la barbe» (Le Figaro.fr, 24 janvier 2017). Dans la même veine violente, le député Malek Boutih, soutien de Valls, accuse Hamon d'être « en résonance avec une frange islamo-gauchiste» et de justifier «les comportements sexistes » et «non républicains» oubliant que son candidat- alors Premier Ministre- dans l'affaire du burkini, a été désavoué par le Conseil d'Etat. Interrogé en décembre 2016 sur l'absence de femmes dans certains bars de banlieue et sur le rôle de l'Islam, Hamon avait répondu: «Historiquement, dans les cafés ouvriers, il n'y avait pas de femmes» et devait préciser par la suite que le sexisme, n'est pas «réservé à un seul type de café et le machisme à un seul type de population» et qu'il est à combattre partout (L'Humanité, 25 janvier 2017, p.7). Pétri de la pensée de Rocard et de celle de Gramsci- «mais point doctrinaire»- Hamon explique ainsi les choses par les facteurs sociaux plutôt que religieux. (Zineb Dryef, Le Magazine du Monde, 28 janvier 2017, p. 16). Face aux assauts de Valls, le directeur de campagne de Hamon demande à l'ancien premier ministre « de ne pas jouer sur les peurs et l'instrumentalisation» et poursuit: «Nous croyons à la laïcité, contrairement à d'autres. La laïcité est un pacte, elle permet de vivre ensemble.» Et de conclure: «u lieu de stigmatiser cinq millions de musulmans, nous voulons lutter contre l'islam radical».
Un referendum sur la laïcité dimanche?
A son dernier meeting de campagne le 26 janvier, oubliant le chômage et la pollution qui frappent les Français, Manuel Valls affirmé que le second tour de la primaire socialiste « est un référendum sur la laïcité» et dénoncé la «naïveté» de son adversaire sur les questions de laïcité. Et Valls de faire applaudir les noms d'Elisabeth Badinter- qui ose dire: «il ne faut pas avoir peur de se faire traiter d'islamophobe» sur France Inter le 6 janvier 2016- ainsi que celui de Caroline Fourest- polémiste très controversée- et celui du journaliste Mohamed Sifaoui « opposant viscéral et controversé du salafisme» écrit Laure Bretton (Libération, 27 janvier 2017). Face à ce climat nauséabond, M. Hamon n'a pas de mots assez durs pour condamner « une version dévoyée de la laïcité» et regrette «que des personnes de ma famille politique relaient des attaques de l'extrême droite.»
«Les versions dévoyées de la laïcité» courent hélas les rues actuellement en France. N'a-t-on pas vu, le 15 janvier 2017, le Chœur de l'armée française entonner l'hymne israélien à la Grande Synagogue de Paris? «Qui plus est, cet évènement s'est officiellement déroulé au profit de l'Appel national pour la «tsédaka» qui consiste à reverser des collectes d'argent à la seule communauté juive» écrit le site europalestine (visité le 19 janvier 2017). Affublé par l'extrême droite du prénom de «Bilal», M. Hamon trouve ce prénom très joli: «Je serai fier qu'on m'appelle Bilal ou Elie ou David, peu importe, tous ces prénoms qu'ils détestent, eux les antisémites, eux les racistes, à qui nous ne laisserons ni la France ni la République»
Les électeurs attachés aux valeurs de la gauche trancheront, dimanche 29 janvier, entre M. Hamon et M. Valls et entre la vision de la laïcité de chacun d'eux, le but étant la paix civile, permettant «à une Cité de se rassembler par –delà ses différences sans les nier ni les brimer» (Régis Debray et Didier Leschi, «La laïcité au quotidien», Gallimard, Paris, 2016, p. 7).
«Je pense que l'islam nous hait»
Cette expression du Président Donald Trump sert de titre à l'éditorial du New York Times (26 janvier 2017). Combattre « le terrorisme islamique radical » a toujours servi de mantra à M. Tromp. Nul ne peut être, dit en substance cet éditorial, contre le combat visant l'Etat Islamique, combat que M. Obama a mené et où il a engrangé les succès telle l'élimination d'Osama Ben Laden. Mais, poursuit l'éditorial, «M. Trump veut maintenant faire plus et mieux. Le problème est que cette approche, comme nous le savons, est de nature à plus enflammer le sentiment anti-américain dans le monde plutôt que de rendre les Etats Unis plus sûrs». Le journal relève que M. Tromp n'a pas dit de quelle manière il allait éradiquer le danger terroriste mais l'emploi de slogans du type «islam radical», chers à ses conseillers, procède d'une lecture naïve de la menace que représentent 40 000 extrémistes. Cette même lecture diabolise et aliène 1,6 milliard de musulmans de par le monde. Les détails qui émergent suggèrent que les plans de M. Trump pour éliminer les extrémistes violents foulent aux pieds les valeurs américaines et le droit international. Non seulement, le président va mettre un frein(**) à l'entrée des ressortissants de pays à majorité musulmane comme la Syrie, le Yémen, l'Iran, le Soudan, la Somalie…mais fait exception néanmoins pour l'Arabie Saoudite et l'Afghanistan. Il compte rétablir la torture et les prisons américaines à l'étranger bien que son secrétaire à la Défense s'y oppose.
Les experts sont d'avis que l'Administration Trump vise surtout à limiter l'activité politique des musulmans aux Etats Unis. Le journal constate que les projets de M. Trump portent atteinte à la crédibilité des Etats Unis comme gardien des droits humains et qu'ils sapent les libertés dans le pays. Il aurait même énoncé l'idée d'une reprise de l'Irak et semble donc ignorer que les revenus de l'Etat Islamique proviennent du pétrole syrien.
Pour comprendre les initiatives de M. Trump, il faut, dit le New York Times, s'intéresser aux écrits du général à la retraite Michael Flynn – démis de ses fonctions à la tête de la DIA (espionnage) par M. Obama- et nommé conseiller à la Sécurité Nationale par M. Trump qui affirme: «Nous sommes dans une guerre mondiale contre un mouvement de masse messianique du peuple du Mal dont la plupart des membres professent une idéologie totalitaire: l'islam radical.» Cet islam, pour Flynn, est une menace aussi grave qu'Hitler lors de la Grande Guerre ou l'Union Soviétique pendant la Guerre Froide. Le quotidien en conclut que, pour M. Flynn et ses amis radicaux, «la lutte ne concerne pas un petit nombre de fanatiques religieux qui cherchent à attaquer l'Occident et ses alliés arabes mais une religion entière. MM. Bush et Obama tombaient d'accord pour dire que les terroristes avaient perverti les enseignements de l'Islam non que l'Islam soit le problème» et de conclure qu'il ne s'agit pas de faire de « tous les musulmans des ennemis.» Les idées de Flynn débouchent sur une guerre sans fin. Et l'éditorial de conclure que pour remporter la victoire contre le terrorisme, il est nécessaire, sur le long terme, de coopérer avec les leaders du monde musulman et des alliés.
Pour l'heure, du côté de ces leaders, il ne se passe rien! L'islamophobie ambiante les laisse de marbre.
Mohamed Larbi Bouguerra
(**) Il a effectivement signé un Ordre Exécutif le 27 janvier 2017 arrêtant l'entrée de ces ressortissants pour quatre mois. Il a aussi supprimé l'accueil des réfugiés.


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