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La présidence jupitérienne Un retour aux fondamentaux de la Vème République
Publié dans Leaders le 19 - 05 - 2018

Concentration du pouvoir entre les mains du président et ses conseillers, gouvernement de techniciens, parlement discipliné et parti réduit à une simple courroie de transmission: Macron veut l'efficacité avant tout.
Le pouvoir l'a-t-il métamorphosé? Appuyé sur des milliers de comités locaux bénévoles, le candidat Emmanuel Macron, pendant sa campagne, faisait assaut de bienveillance. Jamais un mot plus haut que l'autre. En meeting, son sourire extatique ne le quittait jamais, et ses discours prenaient volontiers des accents christiques. Macron, un agneau égaré dans un monde de brutes? C'est l'image qu'aimaient à projeter, avec un brin de condescendance, des commentateurs habitués à jauger les grands fauves politiques du «monde d'avant», les Mitterrand, Chirac, Villepin, Sarkozy ou Valls, ces tueurs-nés. Devenu président, l'ancien disciple du philosophe chrétien Paul Ricoeur offre un autre visage: le sourire ne l'a pas abandonné, mais il est devenu crispé. La bienveillance a cédé le pas à une certaine forme de dureté et à une détermination froide. Les commentateurs, tout penauds, ont dû réviser leur jugement: Macron est un général en campagne, un « tueur » qui n'offre aucun répit à ses adversaires. Avec méthode, il a explosé le PS, a réduit Les Républicains en les déplumant, et il n'a strictement rien fait pour sauver ses alliés du Modem, devenus inutiles après sa victoire aux législatives, en juin. Lui-même se réclame volontiers de l'héritage gaullo-mitterrandien, mais sa pratique du pouvoir s'apparente bien davantage à celle de l'impétueux Bonaparte: jeunesse, fougue, audace, et, surtout, une théorie de la guerre de mouvement.
Le succès d'Emmanuel Macron repose en grande partie sur la justesse de ses intuitions: le rejet des partis traditionnels, ce fameux «dégagisme» emprunté à la révolution tunisienne, l'obsolescence des clivages, et une attente, confuse mais puissante: la France, encalminée, demandait à être gouvernée. Instruit par les déboires de François Hollande, élu sur le malentendu du discours du Bourget, Macron n'a rien caché de ses intentions. Loi travail, ordonnances, réformes de la Sncf, des retraites ou de l'université: on peut l'accuser de tout sauf d'avoir menti à ses électeurs. Il estime avoir reçu du peuple un mandat pour moderniser la France. Il modernisera donc la France. L'honnêteté l'oblige à le reconnaître: si le rythme de ses réformes donne le vertige, car le pays n'y était plus habitué, celles-ci, prises isolément, sont cependant assez éloignées du libéralisme sauvage dénoncé par ses adversaires. C'est de leur addition que doit naître la dynamique qui remettra en mouvement la vieille nation française qui s'était assoupie: le choc de confiance.
Pour cela, Emmanuel Macron entend s'appuyer d'abord sur les ressources offertes par la Constitution de la Vème République. Il veut revenir à l'esprit et la lettre du texte gaullien, en restaurant la prééminence présidentielle. Sa présidence sera une présidence jupitérienne : le chef de l'Etat doit surplomber, présider, mais n'a pas vocation à commenter l'actualité du quotidien ou à réagir aux polémiques du quotidien. Sa parole, pour être entendue, doit être rare. Finie la connivence avec la presse, qui a coûté si cher à Sarkozy et Hollande ! Conseillé par le trentenaire Ismaël Emellien, son stratège attitré, passé par Havas, Emmanuel Macron a remis les journalistes à bonne distance de l'Elysée.
Cette conception « jupitérienne » emporte plusieurs conséquences déterminantes. Au plan institutionnel, il convenait donc de restaurer la verticalité du pouvoir. Le choix d'un Premier ministre de droite, ancien lieutenant d'Alain Juppé, privé de base politique autonome, donc obligatoirement loyal, en est la parfaite illustration. Le casting gouvernemental, qui fait la part belle aux techniciens ou aux figures de la société civile, en découle. Les rares ministres « politiques » sont soit cantonnés dans des domaines régaliens (Gérard Collomb, à l'Intérieur, Jean-Yves Le Drian, aux Affaires étrangères), soit des transfuges de la droite, eux aussi privés de toute base politique autonome, donc également contraints à la loyauté (Bruno Le Maire à l'Economie, Gérald Darmanin, aux Comptes publics). Le Parlement est réduit à une sorte de chambre d'enregistrement. Le message passé aux députés du pléthorique groupe de La République En Marche est sans équivoque : la majorité présidentielle ne s'embarrassera pas de «frondeurs». Richard Ferrand, le président du groupe, et Stéphane Séjourné, l'influent conseiller parlementaire de l'Elysée, sont là pour veiller au grain et imposer une discipline de fer. Quant au parti En Marche, confié à un autre fidèle de la première heure, Christophe Castaner, il s'est transformé en une organisation pyramidale, cadenassée et dévitalisée.
Pour gouverner, Emmanuel Macron centralise et s'appuie sur un noyau dur de collaborateurs et conseillers. A l'instar d'Alexis Kohler, l'indispensable secrétaire général de l'Elysée, ces janissaires obsédés par l'efficacité ont participé à ses côtés à l'aventure de la conquête méthodique du pouvoir. Comme lui, ils sont sortis du moule de la haute fonction publique à la française, et, comme lui, ils travaillent beaucoup… et dorment peu. Cela suffira-t-il dans la durée?


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