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Quand l'overdose de démocratie devient le plus court chemin pour le retour de la dictature
Publié dans Leaders le 10 - 04 - 2019

Je l'ai croisé il y a quelques semaines dans la salle d'attente d'un cabinet médical. Sans creuser dans ma mémoire, je l'ai, très vite, identifié. Il s'agissait d'un ministre de Ben Ali. Pourtant, je l'avais perdu de vue depuis une bonne vingtaine d'années. C'était l'époque où la durée de vie moyenne d'un ministre à son poste oscillait entre cinq ou six ans et pouvait aller jusqu'à...seize ans et plus pour les plus brillants comme ce fut le cas avec Lassaad Ben Osman à la tête du ministère de l'agriculture et son secrétaire d'Etat Ameur Horchani. On avait grandi avec eux. Dès lors, comment ne pas s'en souvenir du premier coup. On a eu droit à cinq ou six premiers ministres en cinquante ans, soit une moyenne d'un premier ministre tous les dix ans. Aujourd'hui, je serais bien en peine de citer le nom d'un ministre en exercice et a fortiori de mettre un nom sur son visage. Comment pouvait-il en être autrement quand on sait que notre révolution avait «usé» en huit ans, 13 ministres de la santé, huit chefs de gouvernement et plus de deux cents ministres et secrétaires d'Etat au moins.
Entendons-nous bien. Il ne s'agit pas de faire l'apologie de l'ancien régime ni d'instruire le procès de la révolution. L'inflation de ministres à laquelle on assiste aujourd'hui est intrinsèque à toute révolution, mais surtout elle est l'un des effets pervers du semi parlementarisme adopté par l'Arp. Tout à leur souci de nous prémunir contre la moindre tentation totalitaire, nos députés ont réduit au minimum les pérogatives du président de la République et fait en sorte que l'exécutif procède du légistatif en renforçant le pouvoir de contrôle de l'Assemblée permettant ainsi aux partis de détenir la plupart des pouvoirs. Un système dont le corollaire obligé était l'affaiblissement de l'Etat. C'est que le chemin de l'enfer est pavé de bonnes intentions. Le général De Gaulle qui abhorrait par dessus tout ce qu'il appelait le régime des partis parce qu'il était synonyme d'instabilité et d'affaiblissement de l'Etat avait d'ailleurs posé clairement le problème au lendemain de la libération de la France en 1945: «Veut-on un gouvernement qui gouverne ou bien une assemblée omnipotente déléguant un gouvernement pour accomplir ses volontés ?» La IVe République qui avait choisi «la partitocratie» au lendemain de la 2e Guerre mondiale en est morte après 11 ans.
«je préfère crever en vous faisant échouer, plutôt que de crever en vous voyant réussir»
De ce fait, notre assemblée s'est transformée depuis cinq ans en foire d'empoigne où les députés passent leur temps à s'invectiver, à défendre les intérêts de leurs partis au détriment de l'Etat. Quant aux séances d'audition du gouvernement, elles ressemblent de plus en plus à des séances de torture. A voir les traitements qui sont réservés à ses membres, on peut mesurer les préjudices attentatoires à l'autorité de l'Etat. En toute impunité, les ministres sont traités de corrompus, d'incompétents, d'agents stipendiés de l'étranger et surtout du Fmi, responsable idéal de tous nos malheurs. Ce qui frappe, c'est l'arrogance des intervenants. On surfe sur la vague populiste en revendiquant le monopole du coeur.Tout se passe comme si on tenait à montrer aux représentants du pouvoir exécutif la toute-puissance de l'Assemblée. Convoqué manu militari par la présidence de l'Assemblée pour s'expliquer sur la mort de 11 nourrissons, le chef de gouvernement est empêché de parler par des chercheurs universitaires après 5 heures d'attente. On a troqué la dictature pour la voyoucratie. En revanche, de débats d'idées, de propositions concrètes, point. A part ce serpent de mer appelé «un autre modèle de développement» qu'on nous ressort à la moindre occasion, sans qu'on ne nous dise de quoi il s'agit et les appels répétés au renversement du gouvernement. On s'acharne à saper les fondements mêmes de l'Etat en humiliant les ministres. On cherche à faire s'écrouler les colonnes du temple quitte à périr soi-même dans l'attente du Grand soir. Bref, on aurait voulu discréditer la démocratie, on ne s'y serait pas pris autrement.
Le pouvoir, objet du désir
En feuilletant un magazine français je tombe sur cette phrase : «je préfère crever en vous faisant échouer, plutôt que de crever en vous voyant réussir». C'est un opposant français qui s'adresse à un ministre. Elle traduit exactement l'état d'esprit d'une grande partie de la classe politique tunisienne. tout est fait pour affaiblir l'Etat et pour que ce gouvernement échoue dans sa tâche. Pourquoi ce sadisme, ce cynisme, cette agressivité ? Parce que les élections approchent, pardi. Comme toutes les séances sont retransmises par la télévision, c'est une occasion en or de se rappeler au bon souvenir de son parti et de l'électeur. Car il ne faut pas oublier que l'objet du désir est en fin de compte le pouvoir. Tout le reste est littérature.


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