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Les vœux de l'Aïd en fléchettes de Kais Saïed : De fermes mises en garde, à bon entendeur…
Publié dans Leaders le 25 - 05 - 2020

Le bréviaire du président Kais Saïed s'enrichit à chaque nouveau discours de mises en garde, et de préannonces, précisant de plus en plus sa pensée, balisant le chemin qu'il compte tracer pour son mandat. Ses vœux à la nation (texte intégral), à l'occasion de l'Aïd Al Fitr, présentées dans un cadre solennel du haut de la Galerie des Beys au palais de Carthage, ont livré des messages de plus en plus clairs, qui feront perdre le sommeil à plus d'un. Montant les marches et avançant d'un pas martial vers le pupitre, Kais Saied voulait visiblement acter une allocution de plus d'un quart d'heure (16'50") qu'il a rédigée lui-même. Plus que des voeux traditionnels, les premiers de son quinquennat à l'occasion de la fin du ramadan, marqué cette année par le confinement général pour ciblé, il tenait à faire passer des messages très politiques. Alternant références coraniques, prêche, et poésie arabe, le verbe châtié, trempé dans la piété, et le discours très politisé sur un ton conquérant, le président de la République s'applique à ''traiter'' son auditoire, et dénoncer directement ceux « ayant la maladie au cœur ». En guerre « contre toutes les maladies, réelles ou factices », Saïed ne prévient pas comme Robespierre que « des têtes vont tomber », mais annonce que des projets de loi seront bientôt présentés au parlement. « L'argent du peuple qui a été pillé doit revenir au peuple », se limitera-t-il à souligner. Nous en avons ainsi un premier intitulé…

D'abord, le président Saïed entend confirmer pleinement le périmètre sans partage de son magistère à la tête de la République, revendiquant l'exclusivité d'exprimer la voix officielle de l'État. Lui, seul, ni Ghannouchi ni quiconque d'autre, fixant les lignes rouges.
Toujours dans l'exercice de ses attributions constitutionnelles, il annonce sa détermination à partager l'initiative des lois et de soumettre au parlement « des projets de loi, dont certains sont fin prêt pour être présentés et d'autres en cours d'élaboration. » Deuxième mise en garde : « Chacun assumera ses responsabilités », tonnera Saïed. S'il n'en révèle pas l'objet précis de chacun de ses textes, il en annonce la couleur : « L'argent du peuple qui a été pillé doit revenir au peuple. Un projet a été préparé dans ce sens, il y a des années en vue de garantir le droit des pauvres. » Un coup de pied dans la fourmilière de la malversation…
Qui conque planifie le feu, sera le premier à être brûlé par ses flammes
En première sommation à ses détracteurs qu'ils se garde de nommer, Kais Saïed sort le lance-flamme. "Certains sont nostalgiques du passé, désireux de revenir en arrière, certains se réjouissent d'atteindre leurs objectifs, ce dont ils rêvent, tandis que d'autres, malheureusement, sont en proie à l'hypocrisie, au mensonge et à la calomnie", martèlera-t-il. Ceux qui sont désignés par le tout puissant comme « ayant la maladie au cœur". Le couperet tombe rapidement : "Mais quiconque planifie le chaos et détruit par le feu les biens de ce peuple, sera sûrement le premier à être brûlé par les flammes. »
Une torpille en direct
Sur le système politique qu'il appelle de ses vœux, l'ancien professeur de droit constitutionnel porté à la tête de l'État, persiste et signe. « Quand nous avions évoqué la nécessité que légalité et légitimité se rejoignent, certains ont prétendu que c'est une tentative d'enfreindre la loi, commencera-t-il par mentionner ». Et de lancer sa torpille : « Peut-être, y en a-t-il qui ne peuvent faire la distinction entre les deux concepts. Ceux qui veulent vivre dans le chaos. Un chaos généralisé, dans la rue, dans les concepts. Mais l'État a ses institutions et ses lois, et les citoyens doivent jouir de leurs droits. Ce n'est pas un marché. Il n'y a pas lieu de tergiverser ni de lancer des transactions et conclure des accords matin et soir. » « Pour Saïed, c'est du non-négociable ! Ses détracteurs en reçoivent pour leur grade et s'en trouvent prévenus », commente pour Leaders l'un de ses exégètes.
En chef suprême et unique de la diplomatie, et de sa mise en œuvre
Sur la même lancée souveraine, le président de la République n'hésite pas à pointer du doigt les interférences dans la diplomatie tunisienne, qu'il considère sans l'affirmer publiquement, comme un domaine réservé, ne pouvant être ni partagé, ni concerté. Réaffirmant que « l'État tunisien est un et indivisible, et qu'il y a un seul et même président à l'intérieur et à l'étranger », il dénie à tout autre, dans une allusion directe au président de l'ARP, Rached Ghannouchi, chef du parti islamiste Ennahdha, tout droit d'exprimer un point de vue officiel au nom de la Tunisie.
Le président Saïed s'appuie en la matière sur l'article 77 de la Constitution disposant que « Le Président de la République représente l'État. Il lui appartient de déterminer les politiques générales dans les domaines de la défense, des relations étrangères et de la sécurité nationale relative à la protection de l'État et du territoire national des menaces intérieures et extérieures, et ce, après consultation du Chef du Gouvernement. » Sa lecture est exhaustive : déterminer les politiques générales, après consultation du chef du gouvernement est pour Kais Saïed gérer en direct (pour l'armée, il en est bien en droit, en tant que chef suprême des armées) et veiller à la mise en œuvre (alors que pour la diplomatie, c'est au ministre des Affaires étrangères d'appliquer la politique décidée). Mais, pour Carthage, aucune nuance ne peut subsister : ce là relève du domaine réservé, comme institué par De Gaulle, dans la Vème République française.
Carton rouge à Ghannouchi
Kais Saïed a saisi la première occasion pour l'affirmer fermement. Ce « recadrage sévère » vient à la suite des félicitations présentées par Ghannouchi lors d'une conversation téléphonique au président du gouvernement d'union nationale libyenne, Fayez al-Sarraj à l'occasion de la « libération » de la base militaire de Loutiya, reprise aux forces du maréchal Khalifa Haftar. Si, ni le bureau de presse de l'ARP, ni celui d'Ennahdha, d'habitude prolixes, n'ont relayé cet entretien, les communicants d'al-Sarraj, s'empresseront d'en révéler le contenu, actant avec enthousiasme ce qu'ils considèrent comme un ralliement en faveur de Tripoli contre Tobrouk et Benghazi.
Ce positionnement perçu comme un parti-pris de la Tunisie dans le conflit inter-libyen alors qu'elle entend se tenir à égale distance des deux grandes factions en présence a allumé la mèche d'une poudrière politique. De vives réactions n'ont pas manqué de fuser dans le camp des démocrates, ce qui a incité de nombreux députés à exiger l'audition de Ghannouchi à ce propos en séance plénière. « Carthage, en sortant le carton rouge contre les « félicitations » à Fayez al-Sarraj, fortement soutenu militairement par l'armée turque et des milices syriennes, se dédouane de ce parti-pris et, pour éviter d'autres dérapages diplomatiques, remet les pendules à l'heure », explique à Leaders, un proche du palais.
Ce carton rouge brandi par Carthage vaut-il également à un proche conseiller du chef du gouvernement, avec rang de ministre, Jawhar Ben Mbarek, qui accuse publiquement sur Hannibal TV, deux chefs de parti (Mohsen Marzouk et Abir Moussi) de s'appyer sur des puissances arabes (l'axe émirati-saudo-égyptien) pour faire avorter le processus démocratique en Tunisie? Nos relations avec les trois pays mis à l'index par un officiel tunisien ne risquent-elles pas d'en pâtir ? Mais, aussi, cette « intelligence », si avérée, ne tombe-t-elle pas sous le coup de la loi ?
En guerre contre toutes les maladies, réelles ou factices
Encore plus déterminé à aller de l'avant pour affronter ses détracteurs et réduire leurs ardeurs, le président Kais Saïed ne s'est pas privé de leur lancer une mise en garde ferme. « Les maladies les plus dangereuses sont celles qui affectent les esprits avant d'affecter le reste du corps. Les masques peuvent être portés par crainte de la contagion, mais les déguisements les plus redoutables sont ceux qui enferment la raison et l'esprit. Nous lancerons après la décrue de cette pandémie des initiatives pour contrer toutes les autres maladies, réelles ou factices. »


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