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Bourguiba – Ben Salah : même combat
Publié dans Leaders le 24 - 10 - 2020

Par Aïssa Baccouche - Maintenant que les deux sont passés de vie à trépas, l'un, Bourguiba en 2000, l'autre, Ben Salah en 2020, il est peut-être temps de se remémorer la saga, riche et tumultueuse, de ce binôme qui a marqué l'histoire contemporaine de la Tunisie durant près d'une quinzaine d'années - de 1955 à 1970.
Une fois, le pays libéré du joug du colonialisme, l'ainé et son cadet de vingt-cinq ans, menèrent un combat d'une autre nature contre ce qu'il était convenu d'appeler le sous-développement - le jihad suprême dans la doxa bourguibienne.
Le premier en fut le timonier avisé, le second, le fantassin intrépide.
Ils étaient mus par une volonté farouche de gommer les marqueurs de l'arriération de plans entiers de la population tunisienne ; sous-emploi, analphabétisme, logement rudimentaire, fléaux sanitaires, bref des conditions de vie peu amènes.
Il fallait donc parer au plus pressé. Après avoir généralisé les chantiers de travail, on devait assumer, comme le préconisait, à l'époque, dans son enseignement à la Sorbonne. notre maître François Perroux (1903-1987) la couverture des coûts de l'homme c'est-à-dire nourrir, instruire et soigner.(1)
C'est ainsi, qu'après une année de balbutiements (1956-1957), le deuxième gouvernement Bourguiba s'attaqua frontalement aux maux, désormais, ciblés.
Le nouveau chef d'Etat fraîchement désigné par la constituante fit donc appel à Ben Salah, le rebelle. En effet, le successeur de Hached à la tête de l'UGTT, eut la hardiesse lors du congrès de l'Union en 1955 de présenter un programme de redressement économique et social qui déplut au « combattant suprême ». Il n'hésita point à affubler les auteurs de ce « nouveau manifeste » de l'épithète, corrosive à ses yeux, de « communistes ».
Et il ne tarda pas à le faire déposer le 19 décembre 1956 par la commission administrative de cette organisation qui commençait à prendre ses distances du nouveau régime. Ben Salah, bouc-émissaire déjà ! Il faut dire qu'à la gouverne de Bourguiba, le leader de la centrale syndicale avait osé exprimer lors de l'inauguration du nouveau siège de l'UGTT à la place Mohamed Ali, le 12 Juin 1955 par le chef victorieux du néo-destour, le souhait que celui-ci demeurât une figure tutélaire, à l'instar de Ghandi, en assumant guère de responsabilités à la tête du gouvernement annoncé au lendemain de l'indépendance.
C'était, bien sûr, méconnaître l'homme-lion qui voulait non seulement gouverner, mais, aussi, régner.
C'est pourtant le même Ben Salah qui sera le 25 Juillet 1957 au premier rang au palais du Bardo, pour faire occuper le siège du 19ème et dernier bey husseinite, l'homme qui annonça à Edgar Faure à Paris le 15 mai 1955. « En Tunisie, je m'apprête à établir la république »(2). Le nouveau chef d'Etat eut derechef de bonnes dispositions à l'égard de ce trentenaire fougueux.
Habib Bourguiba Junior, son compagnon, dira que « son père était impressionné par sa capacité de travail, son éloquence et la logique de ses projets : trois vertus rarement réunies en une seule personne »(3) .
C'est alors qu'il lui confia le 31 Juillet 1957 le ministère de la santé.
Son bilan à la tête de ce département fut éloquent. Plusieurs réalisations sanitaires sont à son actif. J'en retiens, quant à moi, une que l'actualité a rendue célébrissime : l'hôpital Abderrahmane Mami à l'Ariana, construit en 1958.
Dr Brahim Gharbi, l'inspirateur de ce temple de la pneumologie, m'a souvent rappelé, du temps où j'étais maire de cette ville, avec beaucoup de chagrin, que lui et Sid Ahmed avaient fait planter des centaines d'arbres, autant de sources d'oxygène aux alentours de l'hôpital mais que la déferlante urbaine a arrachés.(4) Trois ans et demi plus tard en janvier 1961, Bourguiba, se rendant compte que le « laisser-faire, lasser-passer » n'était point le modèle économique approprié pour le redressement du pays, confia les rênes de l'économie nationale au « communiste » d'hier.
Ministre du plan et des finances en titre, Ben Salah allait progressivement coiffer tous les départements économiques : agriculture, industrie, mines et commerce. Le 1er juillet 1968, il héritera concomitamment du ministère de l'éducation nationale dirigé depuis une décennie par son ainé et camarade syndical, Mahmoud Messeddi(5), Si Ahmed prit alors à bras le corps son destin dont il fixa l'horizon à l'an 1971, c'est-à-dire l'échéance des premières perspectives décennales en Tunisie.
La décolonisation, la promotion de l'homme, la réforme des structures et l'auto-développement, telles étaient les finalités de cette vision du tandem Bourguiba – Ben Salah.
Tout alla si bien au début que le parti au pouvoir changera en 1964 pour la première fois d'appellation en adoptant le socialisme -fut-il édulcoré par une réminiscence destourienne-.
Mais, Bourguiba, comme tout être mortel, fut foudroyé le 14 Mars 1967par une attaque cardiaque. Un mauvais présage pour celui qui tenait mordicus au soutien de son mentor.
A Paris, en ce jour-là, nous organisions à la Faculté de Droit de la Rue d'Assas, un colloque sus le socialisme destourien en présence de deux ténors : Ben Salah et Masmoudi.
Nous sentions une sourde tension à la tribune entre le ministre flamboyant et l'ambassadeur virevoltant, deux parmi les dauphins présumés du « matador » affaibli. L'un des participants osa même interpeller Ben Salah « ne craignez-vous pas, en l'absence de l'adhésion de vos pairs au bureau politique à vos idées, d'être lâché un jour par le président telle une boule de cristal ? ».
Propos prémonitoire ! Deux ans plus tard ce qui devait advenir, advint.
En entrainant son ministre dans la course effrénée vers la généralisation du système coopératif, le président, aiguillonné par son entourage hostile à cet alter-go, le poussa vers le précipice.
Le 8 septembre 1969, le conseil de la république(6) décida de stopper net l'expérience socialiste.
Le 7 novembre suivant, Bourguiba limoge Ben Salah du dernier département qu'il occupait encore depuis le 9 septembre(7). Alors commença la descente aux enfers(8).
Une cour partiale, puisque composée par ses contempteurs, lui infligea pour crime de haute trahison, une lourde sentence – dix ans de travaux forcés – qu'il ne tarda pas à abréger en quittant discrètement le pays le 4 février 1973.
Ahmed Ben Salah survivra pendant cinquante ans à ce jugement ignominieux. Il est mort en toute sérénité, parmi les siens, dans son douillet cocon de Radès.
L'histoire à laquelle il appartient désormais jugera de la vie d'un homme d'Etat qui, telle une météorite, fut stoppée en plein envol.
Aïssa Baccouche
1) L'un de ses disciples, Gérard de Bernis (1928-2010) a amplement contribué à l'élaboration du programme économique de l'UGTT.
2) Edgar Faure, Mémoires II Plon 1984, p. 265
3) Bourguiba Junior, notre histoire, entretiens avec Mohamed Kerrou, CERES 2006, p. 219.
4) L'hôpital est aujourd'hui enserré entre le quartier ENNASR et celui de Borj Turki Cf mon livre « l'Ariana du village à la grande ville » Arabesque, 2015 : « avec le nouvel hôpital Mahmoud Materi, on aura consommé la quasi-totalité de l'espace, boisé, il y a une demi-siècle », p. 191.
5) Mahmoud Messadi fit parti du bureau exécutif présidé par Ben Salah aux côtés, entre autres, de Ahmed Tlili, Abdallah Farhat, Mustapha Filali et Mohamed Kraiem.
6) Une hérésie « constitutionnelle » : assemblée conjointe du gouvernement et du bureau politique du PSD !
7) Ce jour-là, j'étais dans son bureau pour traiter des affaires estudiantines, dont j'avais la charge à la tête de l'UGTT. Il épancha sa bile en me lançant cette phrase métaphorique : « moi, professeur du secondaire, je me sens fier quand mes propres élèves me surpassent tandis que d'autres maîtres sont aveuglés par la réussite de leurs disciples ».
8)« J'estime en pesant mes mots qu'il s'agissant d'un complot, je dis bien complot pour faire endosser à Ben Salah toute la responsabilité, le prendre en bouc émissaire et ainsi exonérer tout autre responsable », Bourguiba Junior notre histoire, p. 220.


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