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Le Dr Ahmed Kaabi
Publié dans Leaders le 24 - 10 - 2010

La vie du Pr Ahmed El Kaabi, premier cardiologue tunisien, est intimement liée aux grandes étapes vécues par la Tunisie du 20ème siècle. C'est l'histoire d'une extraordinaire détermination mise au service d'une passion pour la médecine.
Ahmed El Kaabi est né à Kairouan le 2 juin 1924 au sein d'une fratrie de 8 enfants dont le père, Ali Ben Abdallah était instituteur.Tout naturellement, comme il considérait l'enseignement comme le plus noble des métiers, son père le destinait à être instituteur comme lui. Mais, le jeune Ahmed était très tôt fasciné par la médecine. Son jeu d'enfant favori n'était-il pas de jouer le rôle du docteur ?
Une volonté à soulever les montagnes
Entré à l'école primaire française de Kairouan, il montrait très tôt une grande soif d'apprendre, une envie de réussir et une volonté hors du commun. Une péripétie l'illustre très bien: A l'âge de 11 ans, le petit Ahmed est renversé par une calèche dont une des roues lui passe sur le pied. Il n'en parla à personne et passera quand même, le lendemain l'épreuve de sport du Certificat d'Etudes Primaires (CEP), bien que sa jambe le faisait souffrir terriblement. Il s'avérera plus tard qu'un des os du pied avait été fracturé (et il en gardera des séquelles !).
Il entra à l'école Normale de Sousse avant de poursuivre ses études au lycée Carnot de Tunis, car le gouvernement français de l'époque avait imposé aux élèves d'être titulaires du baccalauréat. Cette décision ouvrira de nouveaux horizons à Ahmed.
Obligé par le proviseur de manger un plat de lentilles infesté de vers
Durant la seconde guerre mondiale il était pensionnaire au lycée Carnot . Les conditions à l'époque étaient très dures pour les jeunes tunisiens qui étudiaient dans les écoles françaises et les humiliations subies, fréquentes: Un jour Ahmed sera obligé par le proviseur de manger un plat de lentilles infesté de vers (charançons) et forcé de terminer son assiette. Le soir, Il faisait souvent ses devoirs dans la cordonnerie du lycée, à la lumière d'une bougie
Mais Ahmed était un élève brillant : pendant les cours de Mathématiques, les professeurs paniquaient et recherchaient l'erreur qu'ils avaient pu commettre dès qu'il levait le doigt. Il Ses camarades l'appelaient "la dernière question". Il y avait aussi ‘la ‘question Kaabi' qui était la plus difficile et dont on savait qu'il serait le seul à pouvoir la résoudre
Nomme instituteur dans la région d'Enfida, en accord avec la volonté paternelle, il quittera son poste au bout d'un an à la suite d'une altercation avec le directeur d'école parce qu'il refusait de faire bénéficier le fils du colon local d'un traitement préférentiel.
Ahmed en profitera pour mettre à exécution son rêve de toujours : Etudier la médecine. Mais son père y demeurait fermement opposé et n'hésitait pas de le sermonner à chaque fois où il lui faisait part de sa volonté d'embrasser la carrière médicale : "instituteur, tu as un salaire fixe et assuré. Médecin, tu tendras la main à tes malades comme un mendiant', lui disait-il.
Mais la passion de la médecine sera la plus forte. Il finira par passer outre à la volonté de son père et se rendra secrètement à Alger pour y faire son PCB (Physique – Chimie – Biologie), étape préliminaire aux études de médecine. Sans l'appui financier paternel, il doit faire le voyage par train vers Alger clandestinement, par moment sur les essieux.
"Le médecin sans voiture"
Il obtiendra un petit prêt d'honneur qui lui permettra de financer ses études, réussira brillamment et s'inscrira en 1945 à la faculté de Médecine René Descartes de Paris. Il y logera dans une auberge misérable pompeusement appelée "Hôtel des Grands Hommes" et connaîtra de graves difficultés financières. A un moment, il devra même vendre ses vêtements dans la rue, aidé par un ami – Mohammed Etri – qui faisait monter les enchères
La rencontre avec une française - Marcelle - qui deviendra son épouse sera déterminante. Elle travaillait et son soutien moral et financier permettra à Ahmed de poursuivre ses études.Travailleur acharné, il obtiendra son Diplôme de Médecine puis le diplôme d'Etudes Spéciales de Cardiologie à la Faculté de Médecine de Paris. Il deviendra assistant en cardiologie à l'hôpital Broussais, au service du Professeur Donzelot.
De retour à Tunis avec son épouse et leur premier enfant, il aura des débuts difficiles de jeune médecin désargenté. Entre autres, il se rend toutes les semaines à Kairouan en autobus avec sa trousse de médecine et son électrocardiogramme pour y donner des consultations. On l'appelle "le médecin sans voiture". Mais il se fera rapidement une excellente réputation et poursuivra en parallèle une brillante carrière hospitalière .
Il est inquiété par les autorités du protectorat français pour avoir rendu à leurs familles les corps de militants anticolonialistes décédés à l'hôpital. Mais c'est bientôt l'indépendance. Il sera nommé Chef de Service. C'est sous sa direction que serposé le premier ‘Pace Maker' africain à l'hôpital de la Rabta (Ernest Conseil)
Il sera appelé à soigner Bourguiba en 1967 suite à son infarctus. Il avait été choisi suite aux conseils du Professeur Lenègre dont il était le meilleur élève à Paris. L'éminent cardiologue français avait été appelé au chevet de Bourguiba. Plusieurs diagnostics avaient été alors établis par les praticiens tunisiens et celui du Dr Kaabi avait été jugé le meilleur. Jusqu'à 1980, il sera le médecin particulier de l'ancien président. Apprécié pour sa compétence, sa discrétion et sa scrupuleuse honnêteté, il fera partie au cours de cette période du premier cercle d'amis de Bourguiba au côté de Béchir Zargayoun, Allala Laouiti et Hassan Ben Abdelaziz. Devenu Professeur à la faculté de Tunis en 1973, Il est alors très fier d'avoir réconcilié sa passion pour la médecine avec la volonté de feu son père : Devenir enseignant
Après avoir pris sa retraite en 1987, Ahmed El Kaabi s'installera à Paris pour être proche de ses enfants. Il décèdera dans le service de réanimation cardio-vasculaire de l'hôpital George Pompidou, service similaire à ceux où il avait si longtemps exercé, entouré de quatre de ses enfants (il avait eu la douleur d'en perdre un de façon accidentelle en 1971) et par sa fidèle épouse qui avait partagé sa vie durant 63 années.
Le Dr Kaabi était Commandeur de l'Ordre du Mérite de la République Tunisienne, Commandeur de l'Ordre National du Mérite Français et titulaire de plusieurs autres décorations de pays étrangers (Pays-Bas, Belgique, etc.).


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