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Bourguiba, le grand visionnaire, l'homme des grandes décisions
Publié dans Leaders le 22 - 01 - 2023

Par le Colonel Boubaker Benkraiem - Dès la conquête de l'Algérie, du 5 juillet 1830 au 23 décembre 1847, la France décida d'étendre son hégémonie sur toute la région nord-africaine, connue sous la dénomination de Maghreb. C'est ainsi qu'elle imposa au Bey de Tunis, alors que la situation économique du pays s'était sérieusement dégradée à la suite d'une mauvaise gouvernance manifeste, l'acceptation du protectorat en 1881.
Après 75 ans de protectorat, la Tunisie a obtenu son indépendance, qui n'est intervenue le 20 mars 1956 qu'après trois décennies de mobilisation populaire, une lutte politique soutenue et dirigée par le président Bourguiba, le Combattant Suprême, et appuyée durant les dernières années (entre 1952 et 1955) par une guérilla, essentiellement rurale et fort heureusement peu coûteuse en vies humaines.
Aussitôt, Bourguiba s'est mis à l'œuvre pour la création d'un Etat moderne, bien organisé, suffisamment réglementé et correctement administré en vue d'être bien gouverné. Sa riche expérience politique lui a permis, avec beaucoup de subtilité, d'intelligence et de savoir-faire, de convaincre le peuple tunisien de le soutenir et l'appuyer dans ses choix. D'ailleurs, il a toujours eu le courage de revenir sur certaines décisions qu'il avait prises et se sont avérées inefficaces, telle que celle du système coopératif dans le domaine économique.
Au lendemain de l'indépendance, il a fallu faire preuve de compétence et d'ingéniosité pour créer une administration nationale et régionale, une diplomatie, une justice et une armée, toutes les composantes d'un Etat moderne. Pour le traitement de ces quatre domaines essentiels, le plus compliqué était celui de la Défense Nationale, exigeant un encadrement important qui ne peut être formé en Tunisie à ce moment-là.
Aussi, fort d'un solide appui populaire et mettant de côté les évènements du passé (arrestations, emprisonnements, brimades, exils et déportations subis par de nombreux Tunisiens durant la lutte pour l'indépendance), il a demandé à la France, d'une part, de nous transférer les militaires tunisiens servant dans l'armée française et volontaires pour rejoindre l'armée nationale, et d'autre part de nous former quelques promotions de jeunes Tunisiens, comme officiers, dans la prestigieuse Ecole Spéciale Militaire Interarmes de St-Cyr Coëtquidan.
Mais pourquoi Bourguiba a-t-il choisi de former ses cadres officiers en France ? La réponse est simple.
D'abord, sûr de la qualité et du niveau de la formation dans cette Ecole prestigieuse, Bourguiba a choisi la France et non l'une des Ecoles du moyen–orient qui, compte tenu des nombreux coups d'Etat qui ont eu lieu, à cette époque, dans cette région, étaient loin de le satisfaire. Et c'est ainsi qu'une première promotion d'une centaine de jeunes tunisiens suivie de cinq autres, dont l'effectif était, à la demande de la France, beaucoup moins important, ont été formées en France et dont les premières constituaient l'ossature de l'encadrement de l'armée tunisienne naissante. D'ailleurs, suivant la tradition de l'Ecole qui veut que chaque promotion choisisse un nom, cette première promotion tunisienne a choisi le nom de ° Promotion Bourguiba° en hommage au président Bourguiba pour les services rendus à la patrie et les sacrifices qu'il a consentis. D'ailleurs, nos camarades marocains qui suivaient la même formation que nous, avaient choisi l'appellation de °Promotion Mohamed V °.
Ensuite, l'Ecole de St Cyr est reconnue dans le monde entier - avec West point aux Etats-Unis et Sandhurst en Grande-Bretagne - comme l'une des meilleures institutions de formation des jeunes cadres officiers. C'est dans une telle école que les élèves officiers reçoivent la formation morale, technique, psychologique et humaine nécessaire pour assumer des fonctions de commandement et devenir des chefs.
C'est aussi dans une telle école aux traditions séculaires que sont enseignées les règles républicaines: la séparation des pouvoirs, la subordination du militaire au politique, la place du militaire au sein de la société, etc.
Père de l'indépendance et de la nation, Bourguiba savait parler aux populations le langage qu'elles comprenaient. C'était un homme qui avait un sens aigu de la communication. Autant le dire, dans ce domaine, nos politiciens d'aujourd'hui gagneraient à étudier les différentes adresses du « Zaïm » pour améliorer leurs bien insuffisantes capacités.
Bourguiba hérita du colonialisme un pays sous-développé dans tous les domaines: très peu d'établissements scolaires (moins de dix lycées) et hospitaliers, quasi-inexistence de facultés, infrastructure routière minimale, éclairage public très insuffisant : le pays avait besoin de chantiers dans tous les domaines.
Bien qu'il n'existe pas de définition internationalement reconnue de ce qu'on appelle la bonne gouvernance, Bourguiba essaya de couvrir, un tant soit peu, certains des nombreux thèmes dont, entre autres: l'Etat de droit; la participation effective; les partenariats multipartites; l'efficience et l'efficacité du secteur public; la légitimité; l'accès à la connaissance, à l'information et à l'éducation; des attitudes et des valeurs qui favorisent la responsabilité, la solidarité et la tolérance.
Le Conseil des droits de l'homme reconnaît comme piliers de la bonne gouvernance la transparence; la responsabilité; l'obligation de rendre compte de ses actes; la participation ; la capacité de répondre aux besoins de la population. La bonne gouvernance est en fait liée aux processus et résultats, aussi politiques qu'institutionnels, nécessaires pour atteindre les objectifs de développement. La bonne gouvernance est donc celle du responsable politique qui tient ses promesses en matière de droits de l'homme: droits civils, culturels, économiques, politiques et sociaux.
Les institutions garantissent-elles de manière efficace le droit à une éducation de qualité, à une alimentation suffisante, à un logement convenable, à la santé, à une justice équitable et à la sécurité de la personne ? Il est vrai que Bourguiba n'a pas aussi bien réussi dans tous ces domaines, mais dans la plupart d'entre eux la Tunisie a fait des pas de géant, malgré le manque de moyens. Héritant du colonialisme un pays à l'état presque primitif, dont la population était analphabète à plus de 70%, Bourguiba a dû utiliser des méthodes de gouvernance assez autoritaires pour faire appliquer certaines lois et décisions.
Bourguiba connaît aujourd'hui une réhabilitation internationale méritée. On ne peut oublier que durant la 2ème guerre mondiale, depuis sa prison de Marseille où la France l'avait enfermé pour ses activités politiques en 1942, Bourguiba a donné ses ordres à ses camarades du Bureau politique du Parti pour que les Tunisiens, qui avaient pris fait et cause pour les forces de l'Axe (Allemagne et Italie), changent leur fusil d'épaule et appuient les forces alliées (France, Royaume-Uni, Etats-Unis), afin que « nous soyons du côté des vainqueurs à la fin de la guerre ». La lettre, adressée au Dr Habib Thameur, est demeurée historique. Pareille prise de position n'a jamais été oubliée par les Américains, d'où l'accueil historique qui lui a été réservé par la population new-yorkaise lors de sa première visite aux Etats-Unis en 1961, et la considération qui lui a toujours portée.
En Tunisie, hormis une certaine minorité parmi la classe politique et certains jeunes qui ne l'ont connu ni de près ni de loin, une bonne majorité de citoyens apprécient à leur juste valeur l'héritage du Combattant suprême: nous devons être reconnaissants à tous ceux qui ont rendu d'éminents services à la patrie. Après la remise de la statue du Leader à Monastir, il en a été de même à Tunis, en dépit de quelques récalcitrants, avant que la ville de Sousse ne retrouve, elle aussi, son «Zaïm» qui trône, désormais, au cœur de la Perle du Sahel. Cela prouve, si besoin est, que les Tunisiennes et les Tunisiens sont fiers de revivre avec le symbole de la libération du pays, le fondateur de la Tunisie moderne, le protecteur de la femme et l'instigateur du Code du Statut Personnel, qui a rompu avec le sous-développement, en particulier celui de l'état d'esprit et des mentalités.
Le libérateur de la Nation s'est illustré par ses prises de position et ses approches en matière de politique internationale. On se rappelle ses positions courageuses sur la question palestinienne, ainsi que celles en faveur de la Mauritanie, fraîchement indépendante en 1960. Il avait fait de même en 1961 en reconnaissant le Koweït indépendant, malgré les prétentions territoriales de l'Irak d'Abdelkerim Kacem. On se rappelle son célèbre discours de 1965 à Ariha où il avait appelé les Palestiniens à accepter la décision de partage de la Palestine : fustigé et traité de traître à la cause arabe, il lui avait alors valu une rupture violente avec l'Egypte du président Nasser. Mais les accords d'Oslo dits «Gaza et Ariha d'abord», signés par le défunt Arafat en 1993, ont mis en relief la justesse de la vision de Bourguiba, qui avait réussi à faire condamner Israël par le Conseil de sécurité de l'ONU, pour la première fois de son histoire, après les frappes aériennes contre Hammam Chott.
Autant de faits d'histoire à l'échelle nationale, arabe et internationale qui montrent indéniablement l'extraordinaire «vista» du Leader, et qui font de lui la grande idole des jeunes et moins jeunes, qui s'inspirent de son œuvre et de ses visions politiques plus d'actualité que jamais.
Que notre «Zaïm» immortel repose en paix et que Dieu l'accepte dans son Eternel Paradis et veille et protège la Tunisie Eternelle, l'héritière de Carthage et de Kairouan.
Colonel Boubaker Benkraiem
Ancien Sous-Chef d'Etat Major de l'Armée de Terre,


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