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Bourguiba, lauréat, à titre posthume, du Prix Nelson-Mandela
Tribune
Publié dans La Presse de Tunisie le 19 - 03 - 2018


Par le Colonel Boubaker BENKRAIEM(*)
Aujourd'hui, lundi 19 mars, sera organisé, à Paris, en présence de certains membres de sa famille et de quelques personnalités tunisiennes et françaises, proches du grand homme, la cérémonie de remise, à titre posthume, du Prix Nelson-Mandela au président Habib Bourguiba. Ce prix a été créé par la résolution 68/275 de l'Assemblée générale des Nations unies et approuvé par la résolution 69/262 du 2 avril 2015 de cette prestigieuse assemblée. C'est «en reconnaissance de sa vision de la paix dans le monde et de son action visionnaire pour la souveraineté de la Tunisie moderne et la libération de l'Afrique» que ce prix lui a été décerné.
Nous, appartenant à la 1ère promotion d'officiers de la Tunisie indépendante formée par la prestigieuse Ecole spéciale militaire inter-armes de St-Cyr Coëtquidan, nous conformant aux us et coutumes de l'école, nous avons choisi comme nom de promotion, celui de promotion Bourguiba. Cet homme, ce grand homme, ce leader exceptionnel dont certains ont essayé, sans y parvenir, tout de suite après le 14 janvier 2011, de minimiser le rôle et l'œuvre mais qui demeurera, pour toujours, le Combattant suprême et l'un des grands hommes de notre pays comme le sont Hannibal, Ibn Khaldoun, Aboulkacem Chabbi, Farhat Hached et tant d'autres. D'ailleurs, ayant fait éditer, en 2012, un essai relatif à la naissance d'une armée nationale : la promotion Bourguiba, j'ai essayé, dans le chapitre relatif à l'appellation de la promotion, de définir, pour les générations futures qui pourraient consulter cet essai, dans vingt ans ou un siècle, le Combattant Suprême, comme suit :
«De tous les hommes d'Etat d'une époque qui en connaît beaucoup de flamboyants ou d'abusifs, Habib Bourguiba est probablement celui dont le nom se confond le plus totalement avec la fondation et les premiers développements d'un Etat. Créateur de la première organisation qui posa avec sérieux le problème de l'indépendance, militant, chef de parti et d'insurrection, négociateur, prisonnier, libérateur du territoire, fondateur de l'Etat, «combattant suprême» et guide incontesté, il aura dominé de sa puissante personnalité la vie du peuple tunisien et imprimé sa marque et sa pensée, pour le meilleur et pour le pire, sur le nouvel Etat...
Très vite, il milite au sein du «Destour» (Parti libéral constitutionnel) dont il découvre la vanité et l'inefficience. Il lui faut donc transformer, rajeunir, et muscler ce parti dont les chefs préfèrent plutôt les réunions de salon. Entouré d'un groupe de jeunes intellectuels, il provoque une dissidence et convoque à Ksar Hellal, au Sahel, en 1934, un congrès au cours duquel est fondé le «Néo-Destour». Le nouveau parti tranche sur l'ancien: il n'est plus aristocratique mais populaire; il n'est plus, exclusivement, urbain mais largement rural; il n'est plus intégriste, refusant le «tout ou rien», et accepte la négociation avec le pouvoir colonial. C'est ainsi qu'est née l'organisation qui restera longtemps le seul parti moderne du monde arabe, qui fera passer la société musulmane de l'âge théologique à l'âge politique, et le groupe oriental du style de la caravane conduite par le «zaïm» prophétique à celui de l'organisation de masse appuyant le leader politique...
De son œuvre gigantesque, l'histoire retiendra, et indépendamment des erreurs commises, dont certaines étaient importantes, qu'il a été :
1- Le fondateur de l'Etat tunisien moderne,
2- L'émancipateur de la femme avec la promulgation, dès 1956, du Code du statut personnel, unique dans le monde musulman,
3- Et celui qui a généralisé l'enseignement qui deviendra obligatoire pour les garçons comme pour les filles et gratuit pour tous».
Aussi, l'attribution de cette distinction nous touche et nous honore comme elle glorifie tous les Tunisiens. C'est la reconnaissance de l'œuvre immense de Bourguiba pour la liberté des peuples opprimés, pour l'indépendance des pays colonisés, et son soutien et son appui à la guerre d'indépendance de l'Algérie demeurera historique et l'exemple le plus édifiant : il a proposé, au général de Gaulle, avant la guerre de Bizerte, le maintien de la base aéronavale de Bizerte sous domination française au cas où la France reconnaîtrait l'indépendance de l'Algérie. Des engagements et des propositions pareils ne sont pas faciles à faire.
Quant au rôle joué par Bourguiba dans le conflit israélo-palestinien, il est mémorable et son discours à Jericho, en mars 1965, ne peut être considéré que comme des leçons de sciences politiques à enseigner aux étudiants des grandes écoles. D'ailleurs, de toutes les personnes qui se sont investies dans l'imbroglio israélo-palestinien, seul Bourguiba, le Combattant Suprême, a proposé la solution la plus appropriée à l'acceptation par les pays arabes de la résolution 181 des Nations unies votée le 29 novembre 1947 préconisant le partage de la Palestine et constituant la dernière chance de régler le conflit israélo-palestinien dans la légalité onusienne.
Par ailleurs, Bourguiba méritait le prix Nobel de la paix et on s'étonne comment et pourquoi ses disciples, ses fidèles, ses élèves n'ont pas pensé ou osé faire pareille proposition depuis fort longtemps ? Ont-ils oublié sa fameuse plaidoirie en faveur d'une paix durable entre les Palestiniens et les Israéliens lors de ce fameux discours de Jericho ? C'est à la fois une grande avancée historique et sincère, surtout quand on voit, de nos jours, les retombées néfastes de la négligence de ce discours que nous considérons fondateur dans le monde arabe et même à l'échelle planétaire. Sa contribution et son soutien indéfectible à l'ONU, dès 1960, par l'envoi de toute une brigade de trois mille hommes au Congo ex-belge alors que son armée n'avait que quatre ans d'existence et était totalement engagée sur ses frontières avec l'Algérie qui se battait pour son indépendance, étaient une décision courageuse et édifiante. Il est d'ailleurs regrettable et incompréhensible que la Tunisie n'ait point accordé l'attention nécessaire à la proposition du président Bourguiba au Prix Nobel de la paix, ce sujet qui demeure toujours d'actualité. D'autre part, comment ne pas apprécier les prises de position du grand visionnaire et homme d'Etat dont le souci était de promouvoir le développement dans la paix qu'il a, dans un premier temps, clairement indiqué dans la lettre qu'il a adressée, de sa prison à Fort St-Nicolas, à Marseille, au Docteur Habib Thameur, membre du Bureau politique du Néo-Destour, le 8 août 1942, lui disant «la vérité qui crève les yeux, c'est que l'Allemagne ne gagnera pas la guerre, qu'elle ne peut pas la gagner. Ce n'est donc qu'une question de temps. Notre rôle est donc d'agir de telle sorte qu'à l'issue de la guerre, le peuple tunisien ne se trouve pas dans le camp des vaincus».
Aussi, on est bien surpris, lorsque le Quartet a reçu le Prix Nobel de la paix, qu'aucun des quatre récipiendaires n'ait soulevé, n'ait soufflé mot, ou ne se soit étonné qu'un grand homme comme Bourguiba, qui a tant lutté pour la liberté des peuples, qui a tant combattu le colonialisme dans son pays et ailleurs, n'ait pas été concerné par ce prix et que pourquoi ne pas le lui attribuer à titre posthume ?
L'attribution de cette distinction, le «Prix Nelson-Mandela» au Combattant Suprême, le Président Bourguiba, est due, en grande partie à l'action et à la campagne de sensibilisation en faveur de l'attribution de ce Prix au Président Bourguiba de notre camarade de promotion Abderrazak Essaied, diplômé de l'Université de Londres. C'est, en effet, suite à ses gros efforts entrepris depuis plusieurs années, pour accéder à cette distinction, auprès de la Fondation Mandela et en un deuxième temps auprès de l'Institut Mandela. M. Abderrazak Essaied, dix ans après St Cyr, a souhaité et préféré se joindre au travail humanitaire. Nous ses camarades de promotion, sommes fiers d'avoir parmi nous le premier Africain et Arabe à avoir servi dans trois institutions récipiendaires du Prix Nobel de la paix, à savoir :
1- Les Casques bleus de l'ONU.
2- La Croix-Rouge internationale.
3- Le Haut commissariat pour les réfugiés.
Est-il bon de rappeler que la décision prise par l'ONU de déclarer le 18 juillet «Journée internationale Nelson Mandela» indique que c'est dans le souvenir de cet Homme que le monde cherchera ses repères en puisant dans sa philosophie, son charisme et les sacrifices qu'il s'est imposés tout au long de sa vie pour la justice, les droits de l'Homme et de la paix.
*Ancien sous-chef d'état-major de l'Armée de terre, issu de la promotion Bourguiba, président du Comité du cinquantenaire


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