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Chante cigale, chante... La fourmi est ouvrière
Publié dans Leaders le 02 - 07 - 2012

Il est 13h, rue des salines, une chaleur étouffante, à la sortie d'une réunion, il nous aborde, couvert de sueur, la mine patibulaire, affamé... On l'emmène dans une épicerie... Il passe sa petite commande, la main collée à son nez, une protubérance sous son teeshirt. Il snifait de la colle, sa réserve collée à son ventre. Walid a 14 ans, il habite la cité "Nour" mais son horizon est déjà obscur, ses avant bras tailladés de toutes les mutilations qu'il s'est affligées. Walid était prêt à renoncer à ses quelques provisions mais pas à sa réserve de colle. On a laissé nos coordonnées à l'épicier qui le voit tous les jours trainer devant sa boutique, en attendant... En attendant quoi ? Pas de services sociaux en Tunisie, pas assez de centres de désintoxication, juste une loi pour envoyer ces enfants du désespoirs définitivement sur la voie de la délinquance, pas de structures d'accueil...
Je suis rentrée épuisée et accablée par l'étendue de la misère qui mine des dizaines de Walid, des centaines de familles, des milliers de jeunes et de moins jeunes. Ils la noient chacun à sa manière dans la délinquance, l'extrémisme, le défaitisme, la résignation... Terreau de toutes les manipulations et instrumentalisations.
Sur Facebook, certains annonçaient leur escapade hammametoise, d'autres se plaignaient des "c..." qui bloquaient l'autoroute, beaucoup "militaient" sans être en manque d'armes, des critiques acerbes, des noms d'oiseau entre tartour et detartourage, des caricatures, des photos retouchées, et que sais je encore... Les pétitions à n'en plus finir, les vidéos de tous acabits, les citations et les dénonciations de fausses et de vraies informations... Et ne parlons pas des photos aux relents de voyeurisme ou de masochisme...
Jamais, depuis très longtemps, je n'ai ressenti autant de désarroi et d'impuissance. J'avais quitté des personnes qui, avec les moyens pourtant limités dont ils disposaient, sacrifiaient temps, énergie, famille, argent, loisirs parce qu'ils ont décidé de gagner le combat. J'avais croisé le sens du combat dans ce regard hagard et perdu et pourtant combien humain d'une enfance brisée dans l'errance et l'inconnu. Et au bout du chemin, l'insouciance qui se donne bonne conscience en crachant son venin sur un champ de bataille virtuel ne m'a donné que des raisons de capituler.
Nos ennemis ne sont pas nos adversaires, nous sommes nos propres ennemis. Je sais bien que la vie doit continuer, que chacun porte sa croix et qu'il a besoin de poser son fardeau. Mais je sais aussi qu'il y'a des moments uniques dans une vie, dans l'histoire d'une nation, dans le parcours d'un peuple, dans la construction d'un pays. Je sais que nous sommes à seulement une année et demi d'un grand bouleversement dans notre pays, espéré et attendu par des centaines et des milliers d'entre nous. Nous sommes à huit mois d'une déconfiture inattendue, d'une défaite douloureuse, d'une désillusion poignante. Nous sommes à quelques mois de nouvelles élections. Dans l'intervalle, notre modèle de société est remis en questions, nos aspirations sont contestées, nos libertés sont menacées, notre économie périclite, notre pays chavire, les pauvres s'appauvrissent, le chômage s'aggrave, notre système éducatif continue sa dérive, nos horizons sont incertains... Dans l'intervalle, ceux qui ne savaient pas ont découvert, appris, vu, su, entendu... Ceux qui fermaient yeux et oreilles ont mesuré l'ampleur des injustices sociales et de la misère... Ceux qui se laissaient bercer par l'illusion de la Tunisie moderne ont été submergés par une déferlante d'obscurantisme, d'intolérance, de totalitarisme.
Alors, quoi ? C'est Facebook qui organisera la résistance, instaurera la démocratie, protégera les libertés, nourrira les affamés, créera les conditions de la paix sociale, offrira un visage humain des "privilégiés" aux yeux des démunis ?
Alors quoi ? C'est à travers Facebook que les milliers de tunisiens qui ne connaissent que privations et indigence comprendront le sens de notre combat, saisiront la portée de notre projet de société au point de se l'approprier, adopteront notre conception d'un modèle de développement économique et social juste, nous feront confiance et nous suivrons sur la voie de la Tunisie que nous voulons et que nous aimons ?
Alors quoi ? C'est en déversant notre venin et en refaisant le monde sur un sofa, une chaise longue ou au fond d'un hamac en sirotant une boisson bien rafraîchissante qu'on fera obstacle à une politique implacable dont le dessein est affirmé et les promoteurs déterminés ?
Chante cigale, chante... La fourmi est ouvrière...
Personne ne nous sauvera si nous ne nous sauvons pas nous même. Il ne suffit pas de soutenir les uns et les autres, ce n'est pas en adulant tel homme politique ou tel autre, ce n'est pas en applaudissant l'homme providentiel sur son beau cheval blanc, ce n'est pas en lançant les appels à l'union et signant les pétitions que vous écrirez l'avenir, le votre et celui de vos enfants.
Ce qui se passe dans notre pays est de la responsabilité de tous. Ce qui se passe dans notre pays est une chance unique et il ne tient qu'à nous tous, à chacun et à chacune que cela ne se transforme pas en malédiction. Ce qui se passe dans notre pays impose des sacrifices de tous, chacun selon ses moyens, mais de chacun. Ni les mots, ni les intentions ne suffisent.
Excusez mon ton qui peut paraître éhonté et présomptueux. Seulement voilà, je suis prête à affronter les pires difficultés et à consentir tous les sacrifices face à l'adversité, sans jamais capituler. Ne me donnez pas, vous avec qui je partage rêves et valeurs, la seule raison de capituler.
L'heure est grave, mais c'est notre heure et notre unique chance de contrôler notre destin, ne la laissons pas nous échapper.


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