Les images données par les médias sur la réunion d'activation du « contrat social » donnent l'impression d'une séparation à l'amiable plutôt que d'un mariage arrosé de ferveur de part et d'autre entre acteurs sociaux et économiques. Visages sévères et serrés, même pas un sourire, la rupture est consommée bel et bien entre deux mondes montés l'un contre l'autre, à travers ce bras de fer de bientôt six ans, entre l'UGTT et le monde des affaires (je ne dis même pas l'UTICA, qui est discrète à la limite de la passivité). Comment en sommes-nous arrivés là, alors que le système politique depuis l'indépendance malgré des hauts et des bas, a réussi à assurer l'essentiel à savoir une entente plus que cordiale entre le monde ouvrier et le monde de l'entreprise ! Il faut le dire les temps ont changé et la cristallisation des uns et des autres au niveau idéologique et du positionnement politique aussi. Le syndicalisme « national », coopératif et solidaire, type valeurs du grand « Hached » a vécu. Aujourd'hui, sans parler encore de luttes des classes, à consonante idéologique communiste, les conflits sociaux se dessinent au chacun pour soi ! M. Abassi n'arrête pas de marteler : « Le gouvernement doit chercher le déficit à couvrir là où campe l'argent ». Par conséquent, toute cette masse salariale, objet de toutes les menaces sur les finances publiques, et qui gonfle au firmament, n'est pas le problème des syndicats ... ! Au gouvernement d'en assumer la responsabilité et les conséquences ! Les conséquences, Mme Bouchamaoui en a relaté au moins une, très calmement à son habitude, et qui touche directement l'emploi des jeunes chômeurs, du fait du retard dans l'engagement et la réalisation des projets du développement. Quand plus de 85% des ressources budgétaires vont aux charges de fonctionnement et des salaires dans la fonction publique et dérivés, que reste-t-il pour le titre II, le développement régional, les grands travaux, l'infrastructure et j'en passe ! L'emploi des jeunes n'est plus la priorité des priorités... « révolutionnaires ». Côté entreprises, parler d'associer ces institutions au « contrat social » c'est croire au père Noël et décembre pour bientôt. Depuis la révolution, une nouvelle culture a envahi la société... « l'anti-réussite » et la haine des entrepreneurs et du capital. Ceci est le résultat du matraquage à longueur d'antennes sur les « valeurs » capitalistes qui ne payent pas leurs impôts etc... Alors que du côté de l'Islam politique on a culpabilisé l'ancien régime à travers les purges dans les corps sécuritaires, de la Justice et dans l'administration centrale et régionale, en parallèle, l'UGTT et ses nouvelles sections politisées et gauchistes à l'extrême, a engagé une véritable mobilisation contre le capital et l'entreprise. Ça a commencé légitimement par la réévaluation des salaires juste après la révolution puis l'appel à préserver le secteur public même largement déficitaire et délabré avec des entreprises publiques presque à l'agonie financièrement... pour atteindre une certaine vitesse de croisière de la revendication permanente, tous azimuts. Le tout a culminé en 2015, avec plus de 800 grèves, arrêts de travail et sit-in... Résultat, le gouvernement Essid jette l'éponge malgré toute sa bonne volonté de répondre aux exigences de la centrale syndicale historique. De là, nous avons hérité de la quadrature du cercle... l'Etat est incapable de tenir ses promesses et il a proposé une sorte de moratoire ou de consolidation des « dettes » au chapitre des augmentations des salaires non respectées... pour 2019. Puis, nouveau recul du gouvernement devant le « niet » catégorique « Abasside ». Il propose un report juste pour 2018 ! Nouveau « niet » de l'UGTT et la crise ne s'apaise pas avec menaces constantes de mobilisations futures, alos que le pays s'efforce de présenter une toute autre image rassurante de sérénité, à la veille de la conférence internationale sur l'investissement ! Les temps sont difficiles, parce que répondre aux vœux de l'UGTT d'augmenter la pression fiscale, aboutit fatalement à la fuite des capitaux et la rétention de l'investissement... alors que le budget a besoin de ressources importantes pour faire face à toutes ces exigences embouteillées. Allons-nous vers l'irréparable et le point de rupture irréversible entre le monde du travail et le monde des capitaux ! J'espère que non ! Mais, le « boss » à Carthage aura besoin de tout son savoir-faire et sa diplomatie pour calmer les frustrations et arrondir les angles d'une discorde consommée et mal digérée par les acteurs sociaux et économiques... ça fait six ans et ça laisse des traces. Au fait, ce congrès de l'UGTT, c'est pour quand... Vivement demain ! Une petite contagion à l'américaine avec un « nouveau Trump » syndical tunisien serait le bienvenu ! Qui sait, « Tabdil essrouj fih raha » (le changement de monture repose !) K.G