Les points d'interrogation s'accumulent, et se ressemblent étrangement. Chokri Belaïd, Mohamed Brahmi, Lotfi Naguedh..., et des procès à rallonge, dont le dernier en date a abouti à un verdict en queue de poisson. Les LPR peuvent pavoiser en effet. Ennahdha aussi, qui appelle au respect des décisions de la justice. Laquelle serait indépendante et souveraine. En bref, il faut accepter qu'un martyr soit enterré une seconde fois, sans tambour ni trompettes, en laissant le champ libre à ses assassins, pour qu'ils recommencent à sévir à la prochaine occasion, pour ne pas inquiéter ces messieurs-dames, parangons du respect et de la paix sociale, qui continuent à prêcher tranquillement la bonne parole, du côté de Montplaisir, ayant suffisamment assuré leurs arrières, pour ne pas avoir à se préoccuper, outre-mesure, des retombés de certaines décisions de la justice. Justice qui pourrait les toucher par ricochet. Ou de plein fouet, dans la figure, sans avoir à emprunter un raccourci. Car la justice rend ses verdicts à coup sûr, mais à coup sûr ne convainc pas toujours. Rendons lui, par convenance, le conditionnel d'usage : « qui pourrait ne pas convaincre ». Maintenant que c'est fait, il est permis d'avoir un doute, quant à son indépendance, lorsque l'on se penche sur l'affaire Chokri Belaïd, reportée de date en date, aux calendes grecques nous semble-t-il, dans un procès à gigognes, où s'emboitent tellement d'intérêts, qu'il semble de plus en plus difficile à mesure, d'en démêler le bon grain de l'ivraie. Difficile ? Presque impossible, tant que certaines langues ne se sont pas déliées, pour raconter la vérité pure et brute, qui leur est restée dans le gosier. Et avec laquelle ils finiront par s'étouffer, s'ils ne trouvent pas le courage d'affronter leurs peurs, pour apporter leur témoignage à la justice. Laquelle devra aussi avoir le courage, d'assumer sa charge et son sacerdoce, en son âme et conscience, sans permettre à quiconque d'infléchir ses décisions. Dans un sens, ou dans l'autre d'ailleurs. Pour le moment, l'issue du procès de l'assassinat de Lotfi Naguedh augure plutôt du contraire. L'omerta est toujours de mise...