De notre envoyé spécial en Egypte Lotfi Ben Khélifa Le Théâtre de plein air de l'Opéra du Caire a abrité récemment une rencontre en hommage à l'acteur égyptien Mahmoud Abdelaziz disparu le 12 novembre, soit trois jours avant le démarrage du festival. Cette rencontre a été organisée dans le cadre de la 38ème édition du festival international du film du Caire. « Assehir » (Le Magicien), comme surnommé par les critiques et le public, en référence au titre du film où il avait joué en 2001, y était salué par ses pairs, en présence d'une assistance nombreuse. On savait que Mahmoud Abdelaziz était gravement malade et que quelques semaines avant son départ à jamais, ses fans avaient eu très peur pour lui étant donné que son état de santé s'était détérioré. La nouvelle de sa mort avait faussement circulé sur les réseaux sociaux. Il était plutôt vivant et tout le monde se réjouissait qu'il ait dépassé une dure épreuve. Mais la mort le guettait toujours et avait fini par l'emporter. Et comme l'ont si bien rappelé Dr Achraf Zaki, président du syndicat des métiers du théâtre et Tarek Chennaoui, journaliste, critique et auteur, le corps s'en est allé, mais l'œuvre de l'artiste Mahmoud Abdelaziz demeurera. Sa renommée a dépassé les frontières de l'Egypte pour gagner tous les pays du monde arabe. Car, outre ses nombreux films, où il apparut pour la première fois en 1974 et les deux pièces de théâtre où il avait joué, le personnage de l'espion « Râafat Al Hajjen » qu'il avait admirablement incarné dans le feuilleton télévisé du même nom, a été à l'origine de sa grande célébrité. Les intervenants, entre comédiens, réalisateurs, auteurs, journalistes, critiques et producteurs, ont salué l'âme de cet acteur d'exception qui était méticuleux dans son travail, mais très jovial dans les coulisses partageant le pain et le sel avec tous les staffs artistiques et techniques. Il était d'une bonté sans égale et inoubliable. Le producteur Mohsen Alameddine a fait rappeler que Mahmoud Abdelaziz était diplômé de la faculté de l'agriculture et qu'il se rappelait l'avoir vu cherchant à trouver un rôle au « Maspero », le petit nom du building de la radio et de la télévision égyptienne. Il a ajouté que plusieurs comédiens égyptiens sont issus de cette faculté. Souvenirs et voeux De son côté, la comédienne Ilhem Chahine, qui a des liens de parenté avec l'épouse de Mahmoud Abdelaziz, se souvient parfaitement de ses débuts à l'écran aux côtés de Mahmoud Abdelaziz au milieu des années soixante-dix du siècle dernier. Il lui avait prodigué moult conseils qui ont été d'une grande utilité dans son parcours artistique. Elle lui a même donné la réplique sur scène dans l'une des deux pièces où le défunt avait joué. Enfin, Samir Sabri a évoqué d'autres souvenirs en relation avec les voyages qu'il a effectués aux côtés de son collègue et ami Mahmoud Abdelaziz. Vingt ans auparavant, il l'avait accompagné à Paris pour des soins urgents. Après avoir été opéré avec succès, Mahmoud Abdelaziz avait dit à Samir Sabri que sa fin avait été reportée ! Puis il lui avait demandé qu'il soit enterré à Alexandrie, sa ville natale. Et ce que l'on pourrait considérer aujourd'hui comme le testament de Mahmoud Abdelaziz, c'est qu'il voulait et selon Samir Sabri, que sa tombe soit arrosée d'eau de mer, puisqu'il lui vouait une grande admiration. Qu'il repose en paix !