Une campagne de sensibilisation et de lutte contre le harcèlement sexuel dans les moyens de transport public, a été lancée, hier, à partir de Tunis, par un collectif d'acteurs en collaboration avec le Centre de recherches, d'études, de documentation et d'information sur la femme (CREDIF), relevant du ministère de la Femme et de la famille, et avec le soutien de la fondation allemande « Friedrich Ebert Stiftung », et ce sous le thème : « ne te tais pas, tu n'es pas seule (Matosketch makch wahdek). Lors d'un point de presse tenu, à cette occasion, les initiateurs de l'action, un groupe de jeunes tunisiens et tunisiennes affiliés au programme « Génération à venir » de la fondation allemande Friedrich Ebert Stiftung, le CREDIF et la section tunisienne de l'Association internationale des étudiants en sciences économiques et commerciales-AISEC Bardo, ont présenté des données et des chiffres inquiétants qui montrent l'ampleur du phénomène et son aggravation au fil des ans, notamment au cours de la dernière période. Riadh Jaziri, du groupe des jeunes affiliés au programme « Génération à venir », a indiqué qu'un sondage réalisé par ce groupe auprès d'un échantillon de quelques 2400 usagers des moyens de transport public, âgés entre 18 et 40 ans et composé de 67% de femmes, a montré que 70% des femmes et jeunes filles interrogées ont dit avoir été victimes d'un harcèlement sexuel, tandis que 70% ont dit avoir été témoins d'un harcèlement sexuel, mais qu'ils n'ont pas réagi. Les études effectuées à l'échelle nationale ont montré que 54% des femmes ont été victimes d'un harcèlement sexuel dont 12% dans les moyens de transport public. Selon les témoignages enregistrés, présentés lors du point de presse, les victimes du harcèlement sexuel dans les moyens du transport public ont reconnu, elles aussi, qu'elles étaient restées passives, et n'avaient pas réagi ou cherché à dénoncer l'agresseur, par peur, se contentant de descendre au premier arrêt. Une jeune fille de 23 ans a dit avoir été victime d'un harcèlement sexuel dans un moyen de transport public à l'âge de 17 ans et qu'elle en garde encore un douloureux souvenir, avec l'amer regret de n'avoir pas réagi contre son harceleur. D'après les données présentées et contrairement à une fausse opinion, la tenue de la femme et de la jeune fille n'a rien à voir avec le harcèlement sexuel, car des jeunes filles portant le hijab ou voile traditionnel de la tête, en ont été victimes. Aussi, la campagne vise à encourager les victimes à sortir du silence, à dire non aux harceleurs et amener les témoins à agir. Mais, l'objectif est de sensibiliser et de mobiliser toute la société civile, et les pouvoirs publics afin de mettre fin au harcèlement sexuel dans les moyens de transport public. Il a été fait état d'un projet de mise en place d'une application informatique ou mobile devant permettre aux victimes et aux témoins de dénoncer les harceleurs.