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La Tunisie à visage découvert
Publié dans Le Temps le 01 - 01 - 2017

L'année 2016, c'est déjà fini ! Pendant 365 jours, les Tunisiens ont vécu au rythme d'une actualité parfois morose, d'autres fois choquante, quelques fois heureuse mais jamais monotone. Parce qu'aujourd'hui, avec la levée de la censure sur les medias et la profusion des réseaux sociaux, tout se sait et plus rien ne se cache, les Tunisiens ont eu vent, en temps réel, des moindres événements qui se sont passés dans leur pays. Et à chaque fois, les commentaires ont plu et les avis ont divergé. Voici là cinq faits divers ayant fait couler beaucoup d'encre, une liste non exhaustive d'événements qui mettent en avant les démons de la Tunisie de 2016. Le pays gagnera-t-il ces batailles en 2017 et criera-t-il victoire face à ses ennemis jurés, à savoir le terrorisme, le racisme, la violence, l'intolérance et la précarité ? C'est tout le mal qu'on lui souhaite !
Un fléau nommé racisme
Cela s'est passé à la station de métro "le Passage" située en plein cœur de Tunis. Deux jeunes filles congolaises ont été sauvagement attaquées par un individu muni d'un couteau. Un de leurs compatriotes, présent sur les lieux, a essayé de les défendre et a lui aussi été blessé. Ils ont été admis à l'hôpital Charles Nicole. L'une des jeunes filles a été opérée et la ministre de la Santé s'est rendue à son chevet pour s'enquérir de son état. Une manifestation contre le racisme a été organisée à Tunis et Youssef Chahed a déclaré qu'une loi criminalisant le racisme et les discriminations en tout genre sera bientôt adoptée et sera sévèrement appliquée. Oui, mais l'adoption d'une loi sera-t-elle suffisante pour lutter contre ce dangereux phénomène d'intolérance qui rend la vie dure aux étudiants et travailleurs subsahariens mais aussi à une large frange du peuple tunisien dont la peau est noire ? Doit-on seulement sévir au nom de la loi ou bien changer les mentalités, apprendre aux enfants dès leur plus jeune âge à accepter les différences, toutes les différences et surtout bannir de notre langage toutes les expressions humiliantes envers ces personnes. « Kahlouch », « Nigrou », « Wsif » et bien d'autres, visant aussi d'autres minorités, ne font-ils pas partie intégrante de notre dialecte ? A El Gosba (Médenine), n'y a-t-il pas un bus réservé aux blancs et un autre pour les noirs de peau ? Les mariages entre une personne blanche de peau et une autre noire de peau ne sont-ils pas honnis et les époux moqués ? Une réalité aussi crue que cruelle qui montre une large frange de la société tunisienne sous son visage le plus intolérant, le plus raciste et le plus sombre.
Une fillette de 13 ans mariée à son violeur
Aussitôt relayée, l'information a défrayé la chronique et surtout divisé. Entre ceux qui qualifiaient les faits de viol et d'autres de relation sexuelle consentie, le destin d'une fillette de 13 ans s'est joué de peu. Aussi tragique soit-elle, cette histoire a eu le mérite de relancer le débat autour de la violence faite aux femmes et notamment sur l'article 227 bis, tant contesté, du Code Pénal qui permet au violeur d'une mineure d'échapper à la prison en épousant sa victime. Qualifiée de rétrograde et de barbare, cette loi devrait être rapidement abrogée ou amendée et le bourreau n'aura plus aucun recours pour échapper aux poursuites judiciaires comme c'est le cas dans la majorité des pays où les droits des femmes et des enfants sont sacrés et respectés. Au Maroc, la question avait également fait débat durant de longues années, autour de l'article 475. De nombreux cas de suicide ont été rapportés suite aux mariages forcés de victimes avec leurs violeurs, notamment celui d'Amina Filali, 16 ans, qui a mis fin à sa jeune vie en avalant de la mort-au-rat et dont le geste de désespoir a ébranlé le royaume. En janvier 2014, les députés marocains ont enfin voté en faveur d'un amendement du code pénal et l'alinéa autorisant jusque là ces mariages de la honte a été supprimé. A quand la Tunisie ?
Le terroriste de Berlin était bel et bien Tunisien
Lundi 19 décembre, au soir, l'ambiance est à la fête au marché de noël à Berlin quand un camion bélier fonce dans la foule, tue plus d'une dizaine de personnes et fait une cinquantaine de blessés. L'information s'est immédiatement propagée et tous les regards se sont rivés sur l'Allemagne. Apprenant la nouvelle et voulant faire un peu d'humour noir, un site satirique lance sur les réseaux sociaux une blague comme quoi l'auteur de l'attentat aurait un proche d'origine tunisienne. Mais finalement, l'homme n'avait pas qu'un seul proche tunisien mais toute la famille. Anis Amri, désigné comme étant l'auteur de l'attentat, était originaire de Msaken. Il sera abattu à Milan et emportera ses secrets dans sa tombe. Depuis, de par le monde, les articles décrivant la Tunisie comme « un vivier du terrorisme » abonderont et l'image du pays sera de nouveau internationalement ternie après une courte accalmie, à la veille des vacances de fin d'année et alors que des centaines de touristes avaient prévu de passer les fêtes parmi nous. Depuis aussi, l'Allemagne a décidé de rapatrier d'urgence tous les individus refoulés, dont nombreux sont accusés d'appartenance ou de sympathie avec des organisations terroristes. Quant aux Tunisiens, ils sont désormais condamnés à retenir leur souffle à chaque nouvel acte terroriste, de peur que l'un des criminels ne soit un des leurs. Ils sont aussi condamnés à être désormais taxés d'« individus potentiellement dangereux ». Pour preuve, nombreux sont les voyageurs tunisiens qui ont eu, depuis l'attentat de Berlin, et même avant notamment en Serbie, la mésaventure d'être rudoyés ou refoulés en montrant leur fameux passeport vert à la police des frontières en arrivant sous d'autres cieux.
Le test anal de la honte
La pratique est barbare, dégradante et écœurante. En cas de suspicion d'homosexualité, tout jeune homme peut être soumis à un test anal pratiqué par un médecin légiste, au détriment de tout respect de l'être humain qu'il est. En 2014, la Commission internationale de lutte contre la torture des Nations Unies a statué sur le sujet et a listé cette pratique comme étant un acte de torture punissable. Mais bien souvent, on fait comprendre aux individus arrêtés que refuser un test anal reviendrait à s'avouer coupables du « crime ». Et quel crime ! Celui de disposer librement de leurs corps. Nombreux jeunes Tunisiens ont vécu cette horreur, notamment six étudiants, condamnés en début d'année, par le tribunal de première instance de Kairouan, à 3 ans de prison et à un bannissement de la ville d'une durée de 5 ans. Ils ne sont pas les seuls. Selon des statistiques récentes, plus de 100 personnes sont emprisonnées chaque année en vertu de l'article 230 du Code Pénal. Autant de vies détruites et de droits humains bafoués au vu et au su de tous, en totale contradiction avec la Constitution qui se veut garante des libertés de chacun mais aussi de l'intégrité physique et de la dignité humaine de tous les citoyens de manière égale.
Il pleut des catastrophes
Le mois de décembre a été plutôt pluvieux. Bonne nouvelle pour les agriculteurs mais synonyme d'alerte maximale pour les habitants des zones rurales et montagneuses et des villages défavorisés limitrophes des frontières, éloignés de tout et de tous. Le 17 décembre, il pleut des cordes à Kasserine. A Kharoub, le toit d'un taudis s'effondre à cause des intempéries. Une mère et ses deux enfants périront dans ce drame. Ce n'est pas là une première. Chaque année, des drames surviennent à cause des pluies torrentielles dans les régions intérieures. Routes bloquées, habitations précaires effondrées, citoyens emportés par les eaux, biens détériorés... Les drames dus aux inondations se suivent et se ressemblent. D'année en année, les infrastructures s'usent et se dégradent à vue d'œil dans certaines régions. Dans certaines zones, les citoyens crèvent de froid, de malnutrition, de manque d'eau potable, d'absence de soins médicaux... Jusqu'à quand la précarité rongera-t-elle leurs vies tel un vers à bois ronge une planche déjà usée par le temps. Jusqu'à quand devront-ils payer au prix fort la répartition inéquitable des ressources du pays ? Jusqu'à quand devront-ils se cantonner dans le statut de « pauvres » et se terrer dans un mutisme bouillonnant ? Jusqu'à quand seront-ils oubliés, ignorés ? Jusqu'aux prochaines élections ?


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