En ce 3 janvier 2017, trente cinq ans se sont écoulés depuis le départ à jamais de notre chanteur Mohamed Jamoussi. L'auteur, le compositeur et l'interprète tunisien avait su populariser sa poésie qui va droit au coeur et sa musique qui a touché à tous les genres avec une voix tendre et douce. Jamoussi avait fait découvrir sa chanson hors-frontières à une époque où il était extrêmement difficile de réaliser un tel rêve. Le combat artistique fort et réussi de l'artiste et du maître, né le 12 juillet 1910 et disparu le 3 janvier 1982, a été mené en Europe et au Moyen Orient durant des décennies pour continuer en Tunisie au lendemain de l'indépendance. Jamoussi était un artiste d'exception et à part entière. Il avait participé à la fondation de la troupe musicale de Radio Sfax crée le 8 décembre 1961 en compagnie de Mohamed Boudaya, Mohamed Aloulou, Ahmed Hamza et du jeune poète (à l'époque) Ridha Khouini, dépêché sur place par la radio nationale, un an avant le démarrage de la première radio régionale tunisienne. La carrière de Mohamed Jamoussi allait commencer à Paris où il avait enregistré des chansons grâce à la complicité de Béchir Ressaïssi, fondateur de la première maison de disques en Tunisie. Il restera dix ans dans la ville-lumière côtoyant les étudiants arabes du Quartier latin, chantant et enregistrant à Radio Paris, en langue arabe. Il rentrera à Tunis pour composer pour ses pairs, comme la grande Safia Chamia qui venait de s'installer en Tunisie. Mohamed Jamoussi va même jouer au cinéma dans le film « Ounchoudet Meriem » où il avait interprété sept chansons composées par Ali Riahi. Ce film reste toujours introuvable et demeure un trésor à chercher. Jamoussi deviendra par la suite et toujours à la fin des années cinquante du siècle dernier, le directeur artistique de l'Opéra d'Alger (nul n'est prophète chez lui.) Il jouera dans des films égyptiens au Caire aux côtés de Youssef Wahbi qu'il avait rencontré dans la capitale algérienne. Il s'agit des films : « Nahed » et « Dhalamti rouhi. » Dans l'un de ces films, il avait chanté en duo avec Chadia ! Jamoussi, en jeune premier, jouera également à l'écran en Italie dans trois films. La créativité continuait Rentré définitivement en Tunisie après l'indépendance, comme précédemment indiqué, il enregistrera ses œuvres à Radio Tunis et à Radio Sfax. Son répertoire s'élargira auprès des jeunes chanteurs de l'époque. Les téléspectateurs découvriront la plénitude de ses talents de chanteur et d'animateur des variétés qu'il produisait avec la complicité des membres de la troupe de Radio Sfax et de celle de la radio nationale et que réalisait Mohamed Slimène. Les opérettes, étant l'un de ses genres favoris ont été jouées ainsi à la télévision. Son franc-parler, son humour et sa joie de chanter et d'improviser crevaient le petit écran. Ces variétés sont parfois reprises, à l'instar des deux dernières qui ont été proposées le 3 janvier, le jour même de l'anniversaire de sa mort, sans toutefois que cet anniversaire ne soit rappelé aux téléspectateurs. Paix à l'âme de Mohamed Jamoussi !