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Une symbolique hautement polémique
Publié dans Le Temps le 09 - 03 - 2017

Chaque année, le 8 mars, le débat fait rage sur les réseaux sociaux tunisiens à l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes. Entre ceux qui trouvent que les Tunisiennes ont déjà beaucoup trop de droits, ceux qui estiment que ce n'est pas assez, ceux qui présentent leurs vœux de bonheur aux femmes de la Terre et celles qui considèrent qu'elles ne sont pas des objets pour être célébrés, les avis divergent et le 8 mars est loin de faire l'unanimité. Retour sur une journée à la symbolique hautement polémique.
A l'origine de la Journée internationale des droits des femmes, les luttes féministes menées sur les continents européen et américain, revendiquant le droit de vote des femmes, le droit au travail et la fin des discriminations au travail. Ce n'est qu'en 1977 que les Nations Unies officialiseront la date du 8 mars comme journée des droits des femmes et inviteront tous les pays à la célébrer. « C'est une journée de lutte pour les droits et non de célébrations et de fêtes. Assez de discours mielleux, de bouquets de fleurs et de promesses non tenues. L'heure est à l'action et les Tunisiennes seront toujours aux premiers rangs pour défendre leurs droits et imposer leur présence dans les plus hautes sphères décisionnelles », explique Ahlem, militante engagée pour la cause féminine et membre de plusieurs associations féministes. Hajer, journaliste et féministe très engagée, considère elle aussi que le 8 mars n'est pas du tout une fête qui honore les femmes. Elle déclare à ce propos : « Ce genre de journée n'existerait pas s'il y avait parfaite égalité entre les genres alors c'est tout sauf une journée de "fête" et de "célébrations". D'autant plus que ce n'est pas la journée de la femme mais plutôt des droits des femmes, nuance ! »
Militante de première heure et fondatrice du collectif Be Tounsi, Faten s'insurge, elle aussi, contre la célébration de cette journée. Elle explique : « Nous sommes fatiguées de devoir dire et redire chaque année que le 8 mars n'est pas une fête, au point de vouloir que cette journée disparaisse une fois pour toutes ! A ceux qui s'obstinent sournoisement à en faire une fête, vous fêtez quoi au juste? La misogynie? Le sexisme? Le machisme? L'inégalité dans les droits? La régression rampante? La faible représentation des femmes dans les postes de décision? Les publicités dégradantes qui font de la femme un objet? L'image négative véhiculée dans nos médias? Que fêtez-vous au juste? »
Le passé, le présent et le futur
Des avis bien tranchés, partagés par beaucoup de Tunisiennes qui sont conscientes que malgré les droits dont elles jouissent, le chemin reste long et périlleux pour une vraie égalité avec les hommes. Salaires, héritages, postes hiérarchiques, libertés... Aussi bien dans leur vie professionnelle que personnelle, la majorité des femmes sont sujettes à des discriminations basées sur le genre et victimes d'une société patriarcale machiste. Et pourtant ! Les Tunisiennes figurent parmi les citoyennes les plus éduquées et les plus cultivées au monde. Aussi bien en littérature qu'en science, qu'en management ou encore en art, en sport, en technologie et autres, leurs compétences ne sont plus à discuter et leurs prouesses dépassent allègrement les frontières du pays pour forcer l'admiration du monde.
La Tunisie, ce sont toutes ces femmes au quotient intellectuel époustouflant, aux prix de distinction amplement mérités, aux records mondiaux mais c'est aussi toutes ces femmes qui travaillent dur, dans leurs villages éloignés, pour subvenir aux besoins de leurs familles et qui réussissent à vivre dignement malgré la misère qui les entoure. La Tunisie, c'est aussi Zakia, jeune femme de la localité de Birinou, à Kasserine, qui, faute d'avoir poursuivi ses études, n'a pas de diplôme pour aspirer décrocher un bon poste et nourrir sa fratrie nombreuse après la mort de leur père. Lorsqu'en 2012 elle apprend qu'une créatrice et femme d'affaires se rendrait bientôt dans la région afin de nouer des contacts avec des artisans et chercher des collaborateurs locaux, la jeune femme de 23 ans n'hésite pas à aller à sa rencontre. Motivée et sûre d'elle, Zakia n'a pas la langue dans la poche et réussit à convaincre rapidement la créatrice de la recruter. Elle apprendra à tisser la laine, à marier les couleurs et à réaliser avec dextérité et patience des œuvres d'art qui seront revendues à Tunis et même à l'étranger pour une petite fortune. Ambitieuse, Zakia ne s'arrêtera pas en si bon chemin et mobilisera plusieurs femmes de son entourage qui travailleront sous ses ordres. D'ouvrière, elle assurera désormais la supervision. En un an, elle multipliera au moins par dix ses bénéfices. Zakia est aujourd'hui à la tête d'une PME qui vend à un meilleur prix les articles de décoration en laine aux créateurs. Elle vit toujours dans son village et est un modèle de réussite pour toutes les jeunes filles et femmes de la région. Loin de se résigner à vivre une vie de misère et de privations, Zakia a cru en son rêve d'un lendemain meilleur et s'est frayé un chemin vers la réussite. Des Tunisiennes comme elle, il y a en beaucoup.
Du nord au sud, des citoyennes livrent chaque jour un âpre combat contre la pauvreté, l'ignorance, les idées rétrogrades, le machisme, la maladie, la violence... Et même si la Journée du 8 mars est loin de faire l'unanimité, c'est aussi l'occasion de rendre hommage à toutes ces infatigables battantes. Et pour finir, le poète disait : « La femme est l'avenir de l'homme ». S'il vivait en Tunisie, il aurait sûrement dit que la femme est le passé, le présent et le futur de l'homme. »


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