La polémique interminable sur notre identité « arabo-musulmane » me rappelle un peu ce conflit majeur en 1950 entre les Iraniens et les pays de la Ligue arabe sur l'appellation autour du « golfe » pour les premiers « persique » et pour les second « arabique »... ! L'ONU a finit par trancher et renvoyer dos à dos les deux protagonistes en décidant d'appeler une fois pour toute ce passage marin : « Le golfe », point à la ligne ! En Tunisie, les ministres, les gouvernements et les partis politiques se font piéger par la surenchère et la pression constantes des « islamistes politiques » qui est celle d'un pays arabe très modéré qui regarde plus vers la Méditerranée Nord et l'Europe, que le Moyen-Orient, et d'un pays musulman encore plus modéré et tolérant que le Wahabisme et les doctrines « frères musulmans » d'Arabie, d'Egypte et plus récemment de Turquie. L'enjeu est de taille parce qu'il s'agit d'opérer au nom du « nationalisme arabe » et de « l'islamisme politique », un contrôle hermétique sur l'Etat et la société. La religion plus que le « nassérisme » et le « baâthisme », aujourd'hui, déclassés s'avère le fonds de commerce le plus prospère en matière de mobilisation politique et culturelle. Même l'attitude vestimentaire contribue à classer et répertorier les gens alors que beaucoup d'entr'eux ne sont pas politisés. Les partis islamistes tiennent au Hijeb et autre Niqab qu'on tolère sans trop forcer pour ne pas éveiller les soupçons des Tunisiens attachés à la liberté d'être et de paraître... « Tunisien » ! Tout ce qu'on raconte sur la séparation du « daâwique » (prédication) et du politique s'avère de jour en jour comme le poisson d'Avril à longueur d'année de cette Révolution récupérée depuis le 14 janvier au soir par les islamistes les plus endoctrinés. A peine vous touchez la question « identitaire » islamiste, qui est loin d'être celle de la majorité du peuple tunisien musulman et non islamiste, et les élections d'octobre 2014, l'ont prouvé et plus la levée de bouclier envahit l'ARP d'abord, puis les médias surtout audio-visuel, contrôlés par Ennahdha à plus de 40%, selon un rapport des plus neutres de la Haica, au niveau de la présence des représentants du courant islamiste sur la scène médiatique,T.V et Radio ! On est, évidemment, bien loin de la « presse de la honte » ou « Iîlam al Aâr » de 2012-2013, agitée par les occupants de la fameuse tente de la colline du Sheraton, en face du siège de la T.V nationale, avec les leaders de ce parti qui haranguaient la foule des passants contre les « traîtres » journalistes ! Aujourd'hui, la « traîtrise » a changé de camp et les démocrates libéraux et progressistes dénoncent la main mise « islamiste » sur la scène médiatique tunisienne tous organes confondus. Disons, tout de même, chapeau aux Nahdhaouis pour leur savoir-faire ! Pourtant, tout le monde, y compris, les partis islamistes, (à l'exception de l'immuable Parti Attahrir), se réclament de l'identité spécifique tunisienne. Mais, dès qu'il s'agit d'un projet de loi sur les jardins d'enfants et de la Syrie avec ce groupe de députés qui ont rencontré récemment « l'infréquentable », pour les islamistes, M. Bachar Al Assad, ou de revoir cette convention de tous les dégâts sur notre industrie textile et du cuir, signée avec la Turquie du temps de Ben Ali, mais mise en œuvre avec le plus grand empressement par l'actuel ministre, nahdhaoui, de l'Industrie et du Commerce, et alors nos chers « frères » islamistes se mobilisent pour dénoncer une atteinte à notre identité acquise avec la conquête arabe et islamique de ce pays, en 670 de notre ère ! Alors, de Carthage à Rome, à Byzance, en passant par les Andalous, les Espagnols, les Ottomans puis les Français, avant l'indépendance, tout cela compte pour du beurre... Et dire que ça se chiffre à des millénaires de présence civilisationnelle et identitaire non « islamique », même si elle est « musulmane »... Et la différence est de taille. Toutes ces associations qui se comptent par milliers et qui ont poussé comme des champignons du temps de la fameuse Troïka, qui peut les contrôler aujourd'hui, leurs finances occultes et leur totale incohérence vis-à-vis de statuts qui ont permis leur existence... Personne ! De peur de se faire traiter de tous les noms au nom d'une identité imposée par les partis islamistes radicaux et au nom d'une religion que les Tunisiens pratiquent avec bonheur parce que tunisifiée ! Tout cela doit compter dans les prochains votes et les Tunisiennes et les Tunisiens doivent savoir à quelle sauce ils doivent « s'identifier » ! Celles des Wajdi Ghoneïm et compagnie qui sont sur le retour dans ce pays par « associations » interposées, alors qu'ils sont chassés de par le monde, ou celle de nos ancêtres et de nos cheikhs vénérables de la Zitouna qui n'ont jamais assimilé la Religion à une contrainte et encore moins à la soumission aux partis islamistes rétrogrades. Mon Islam, à moi, c'est la parole de Dieu et de son Prophète vénéré, Mohamed – SAWASLM - : « Inna Allaha Youridou bikom Al Yusr » et aussi « Wala ikraha fi Eddine », ce qui est traduit par la tolérance absolue de Dieu. Et mon identité, c'est celle de la Tunisie et rien que la Tunisie comme elle a été sculptée depuis plus de 3000 ans par toutes les civilisations brillantes de la terre et de la mer ! Tout le reste est politique et la Religion ne doit pas devenir un acte pour soumettre la politique ! K.G