D'habitude l'automne c'est la saison du travail et de « l'entreprise » à tous les niveaux. Les « rentrées » se succèdent dans tous les domaines et se disputent, l'ambition et l'engagement du « mieux faire » que l'année précédente et surtout de classer la paresse de l'été doublée cette année par le Ramadan et ses douceurs. Mais voilà que l'horizon tunisien s'assombrit par des nuages autrement moins bénéfiques que les pluies « laveuses », (ghassalet ennouader) des poussières accumulées par les vents sahariens, pour dégager dans notre ciel les fumées noires et denses, d'une violence sans pareille depuis la Révolution du 14 Janvier.
Il y a quelque part un sentiment diffus de « faillites » en cascades et d'incapacité endémique à rationaliser ce pays et le réintégrer dans le « raisonnable » et le bons sens.
Faillite d'une constituante qui tourne en rond sans avancer sur l'essentiel. Faillite de politiciens qui faute de compétences prouvées et de programmes cohérents, ont choisi de manipuler les sentiments passionnels des masses populaires et de les jeter dans les « Rues », à la recherche de « pressions » pour conserver ou conquérir un pouvoir de plus en plus contesté et éphémère. Nous avons prévenu dans une chronique précédente que la « Rue » n'a pas d'ami ni de nationalité, et qu'elle est capable à tout moment de déraper vers l'inconnu-connu, qui est « l'insurrection » et l'insubordination où tout peut-être remis en question y compris la légitimité de ceux qui ont jeté l'huile sur le feu pour la débrayer. Ces messieurs, les stratèges des partis messianiques... révolutionnaires et autres assoiffés par le pouvoir, et pour qui la « fin... justifie » les moyens, en ont eu avant-hier pour leur compte avec un avertissement cette fois très sérieux : L'Etats n'est plus le seul dépositaire de la violence légale. Eh oui ! des bandes fanatisées ont fait des leurs et le bilan est bien lourd : des morts parmi les manifestants et plus de 50 policiers grièvement blessés et c'est l'Etat qui chavire ou presque. Certains leaders dont dépend notre destin tout entier trouvent même suffisamment de mots pour leur trouver des justifications au nom du « sacré » ! C'est tout simplement un scandale, car ces Messieurs sont bel et bien des idéologues mais pas des hommes d'Etat. L'art politique depuis l'Antiquité a été de combiner la rêve avec la réalité, de combiner la liberté avec la sûreté, en un mot de permettre la vie paisible sans asphyxier la liberté ni l'autonomie personnelle des individus. Or les idéologues font passer la liberté... leur liberté, qui soutient leurs rêves de changer les individus et la société, en position prioritaire. En effet, la priorité pour les politiciens illuminés c'est de casser l'ordre ancien même au prix de désastres violents. Les marxistes ont inventé la « dictature du prolétariat » pour asservir les individus et la liberté d'entreprendre et de vivre, et les religieux ont réinventé leurs propres paradis et leurs propres enfers pour instituer un ordre moral contraignant que Dieu lui-même n'a pas imposé à ses sujets et ses créatures. « Inna Allaha Yourid Bikom Al Yusr...wa la Yourid bikom Al Osr » (Dieu a voulu pour vous l'aisance et la béatitude... et non pas la misère et la difficulté).
Le « torchon » de film qui a porté atteinte à notre prophète vénéré Mohamed, ne mérite pas tant de publicité qui risque d'en faire le « film à voir » dans le monde. Notre meilleure défense c'est notre dignité de bons Musulmans qui offre au monde la véritable image de l'Islam, tolérant, libre et solidaire... donc non violent.
La violence qui tue et qui brûle les édifices publics ou les ambassades va à contre-courant de l'objectif essentiel qui est de dénoncer et de mettre à nu cette atteinte criminelle au prophète et à sa « sira » lumineuse, et de montrer le véritable message de l'Islam libérateur et humain.
Plus que jamais, nous l'avons dit et nous le répétons : Nous avons besoin de rationalisme et de raison et surtout de calmer les passions enflammées, qui risquent de nous ramener à l'âge anti-islamique, celui que l'Islam lui-même a changé par la sagesse et la grandeur du Prophète et la parole sacrée de Dieu à travers le Saint Coran. Les politiciens de tout bord sont encore une fois avertis : Laissez la rue paisible à ses promeneurs. La Tunisie s'en portera mieux !