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L'INP dans la tourmente !
Publié dans Le Temps le 22 - 04 - 2017

Nous avons depuis longtemps, avant, pendant et après «la Révolution» et aujourd'hui encore évoqué, révélé et dénoncé dans des publications critiques, lors de témoignage et d'interventions académiques ou de vulgarisation, les agressions subies par notre patrimoine culturel national matériel ou immatériel, ses monuments, ses sites, ses musées et les pillages de nos trésors (calligraphie Koufique de Raggeda) et de Coran bleu, au sculptures de Venus ou d'autres divinités, de Ganymede entre autres... Nous avons dénoncé les fouilles clandestines destructives, les vols, les trafics et les ventes illicites de nos biens culturels, des faux en peinture...etc. Nous avons également révélé et dénoncé les déclassements des terrains archéologies de Carthage et leurs acquisitions par les membres de la famille Ben Ali et leurs ventes juteuses effectuées par ces derniers.
La vague des agressions contre notre patrimoine a quelque peu cessé ces derniers temps mais la situation de nos sites non protégés, de certaines zones sensibles continue à être fragile et dangereuse. Ce qui augmente ce danger est le manque d'entretien (à la charge de l'ANEP) de pans entiers de notre patrimoine comme les sites et monuments de Kairouan, de la Zitouna...etc.
Les associations de défense du patrimoine, les sociétés civiles officielles régionales et nationales de l'INP deviennent de plus en plus efficaces et plus opérationnelles dans la sauvegarde des sites et monuments l'INP, essaya de mener une politique de mise en valeur «dictée» par la nécessité d'éloigner le spectre des pillages et de sauvegarder les richesses archéologiques en les exposant davantage au public. Les réactions salutaires du peuple tunisien contre le vandalisme, les incendies contre les lieux saints de nos «Zauias» et de leur «Woulis» soufis a été salutaire et le salafisme et ses alliés ont vite fait de reculer. Les chercheurs de l'INP (Le directeur général de l'époque et Fethi Bahri en particulier) ont été prompts à mener la résistance et à défendre les biens du culte et les pratiques spirituelles populaires. Leur intervention rapide a anéanti tous les effets d'abattement moral escomptés des terroristes.
L'INP a depuis organisé des manifestations plus élaborées, plus fortes symboliquement pour exprimer une vive résistance aux attaques contre le patrimoine et pour impliquer notre patrimoine dans des luttes plus longues pour endiguer la vague de sa destruction et pour insuffler des messages de paix et de tolérance à tout notre peuple.
La première de ces manifestations fut celle des :
I. «Patrimoine spolié, patrimoine récupéré» organisé à Carthage en 2013, cette exposition a souligne l'effort fourni pour nos institutions de sécurité et de protection du patrimoine (Brigades de protection) en liaison avec l'INP pour récupérer ce qui a été spolié et pillé pendant les périodes troubles de la «Révolution» et même un peu avant et lors de l'affaiblissement de la structure de gestion et de conservation de l'INP et qui a vu la disparition de pièces archéologiques dûment inventoriées au profit des proches du régime déchu... et qui ont servi à décorer leur résidence et leurs jardins.... La récupération de dizaines et de dizaines de statues, de colonnes, de chapiteaux et d'objets divers sortis illégalement des réserves archéologiques de Ksar Saîd ou d'autres sites protégés ou non de notre patrimoine, fut saluée et fêtée.
L'opération de récupération souligna la fin du grand pillage et le début du retour à la légalité. L'INP participa à faire en sorte d'affirmer sa prééminence à défendre le champ du patrimoine malgré l'affaiblissement encore manifeste des institutions d'ordre étatique. Le citoyen fut réconforté de pouvoir, lors de cette exposition jouir de son patrimoine ainsi récupéré et de ses joyaux que certains ont cru pouvoir accaparer définitivement d'une manière illégale.
II. L'autre initiative et non des moindres, qui nous a semblée jouer un grand rôle dans la mise en valeur de notre patrimoine matériel et immatériel a été déployé au Musée du Bardo et a été comme une continuité de la première exposition de récupération du patrimoine spolié. L'exposition utilisant tous les moyens de communication a centré son axe d'intérêt sur la rencontre spirituelle entre des expériences religieuses qui possèdent en partage le monothéisme en Méditerranée, à savoir celles des religions juives, chrétiennes et musulmans
Cette manifestation très bien montée par l'INP en connivence avec le Mucem de Marseille a été le résultat d'une collaboration réussie entre organismes et chercheurs nationaux et internationaux d'envergure dont celle de notre ami Néjib Lazreg commissaire de l'exposition.
Lieux saints, lieux partagés
Cette exposition a été montée dans l'espace du petit palais et de la salle de Sousse du Musée du Bardo entre le 19 novembre 2016 et le 12 février 2017 montrant ainsi les pratiques dévotionnelles des trois religions monothéistes autour de la Méditerranée, les termes de référence semblent tourner autour de la communauté et de la similarité de ces pratiques des adeptes des trois religions.
L'importance du travail réalisé par l'INP et par le Mucem a été relevé par beaucoup d'observateurs dont le président Béji Caïd Essebsi qui a souligné dans le catalogue de l'exposition : « Cette manifestation offre l'occasion de découvrir le patrimoine multiple et ce qu'il véhicule comme vécu spirituel méditerranéen commun, B.C.E nous rappelle justement que l'exposition montée par les chercheurs tunisiens de l'INP et ceux du Mucem se tient à un moment et dans un contexte de violences et de crispations idéologiques, de replis sur soi se nourrissant des perversions et d'interprétations dogmatiques des extrémismes religieux surtout, dirons-nous ceux, d'un islam rétrograde, d'un hébraïsme violent et d'un christianisme intégriste .... fournissant les trois « les soldats de l'apocalypse » qui ignorent les valeurs de tolérance et de compréhension entre les peuples monothéistes ». L'exposition « Lieux Saints » lieux partagés dit BCE est porteuse d'un message de paix et de solidarité !
L'INP a pu communiquer ce message d'une manière adéquate et appropriée. Elle a réussi à le faire en recourant à des croisements, aux rencontres des cultures et des religions de cette Méditerranéen grosse d'histoire et centre humaniste du monde. L'INP a mérité réellement qu'on lui rende hommage pour avoir porter haut et fort la parole de la paix et de la tolérance. Au lieu de cela, elle reçut des blâmes, des pressions pour faire « dégager » sa direction et les chercheurs de l'INP qui n'ont pas pourtant démérité dans la lutte contre la destruction du patrimoine national et qui ont mis en exergue les valeurs les plus humanistes de notre peuple pour arrêter les tendances rétrogrades et les forces de « l'apocalypse ».
Serait-ce parce que l'INP a commencé à agir justement pour sauvegarder notre patrimoine qu'elle a été décapitée d'une manière si violente et si peu convenable. Tout cela ne semble pas convenir à certains qui préfèrent agir, dans le bruit la fureur et les tintamarres des places éphémères d'un art hypothétique et médiocre.
L'autre événement qui illustre le travail de mise en valeur de notre patrimoine et de notre histoire fut l'organisation d'une exposition « L'éveil d'une nation » montée au Palais Ksar Saïd toujours au Bardo et toujours sur l'initiative de l'INP
IV. Cette exposition a été montée par l'INP en collaboration avec la fondation allemande Rambourg.
Le but premier de l'événement était de l'ordre de la restauration des œuvres de peinture, des tableaux représentant les portraits des beys, peut-être tous, beys husseinites. Cette restauration devant aboutir à une exposition de ces portraits mais cet objectif a vite été dépassé puisque le thème change et il impliqua toute l'époque historique où les aspirations au changement sur la scène politique et culturelle commencèrent à s'exprimer. Les réformes étaient nécessaires... elles fuient tentées à tous les niveaux... institutionnels, économiques, architecturaux urbains, picturaux... L'échec de ces tentatives et du aboutit à l'instauration du protectorat et du colonialisme. Cette manifestation, emblématique, a eu le mérite de permettre à faire dégager des similitudes avec ce qui se passe aujourd'hui... Peut-être pourrions nous ne pas aboutir aux mêmes résultats que ceux du 19 siècle. Tout indique qu'il faudrait l'espérer... L'histoire ne peut pas se répéter... Il n'y a pas de retour éternel du même. Le livre de Béchir Tlili : « Les rapports culturels et idéologiques entre l'Orient et l'Occident en Tunisie au XIXe » (1830-1880) aurait pu accompagner l'exposition et illustrer sa démarche.
Pareillement à toute cette activité très riche de mise en valeur qu'il a organisée, programmée et réalisée, l'INP a essayé de structurer ses institutions en créant son comité scientifique en 2015 et à opérer une vaste réorganisation de ses activités et remplit son organigramme fonctionnel défaillant depuis longtemps. Il a en outre institué une expertise dans les régions et imposé ses contrôles pour l'obtention des permis de construire...
Des prémices de décentralisation de ses services ont permis de régionaliser quelque peu ses activités
L'Institut a aussi développé une activité de collaboration avec les universités tunisiennes pour promouvoir les études et les mises en valeur du Patrimoine aussi a-t-il approfondi sa collaboration avec les universités allemandes comme à Chentour ou à Monastir (programme Tapsus à Bekalta etc)
Il va sans dire qu'en évoquant tous ces éléments, nous visons à mettre en valeur l'action profonde de nos chercheurs du patrimoine et les résultats probants auxquels ils ont abouti.
Au moment précis où toutes ces réformes et ces améliorations commençaient à donner des résultats, à ce moment précis, les autorités de tutelle poussent à la démission d'un grand militant et promoteur des changements profonds du patrimoine dans notre pays. Nous ne connaissons pas les causes de la crise, du conflit autour du patrimoine, un conflit, peut-être, artificiellement provoqué.
Les reproches faits à la direction du patrimoine n'ont pas été publiés ou exprimés officiellement !
C'est seulement il y a de cela sept (7) mois, à la nomination du jeune ministre actuel des affaires culturelles que les problèmes ont commencé à poindre à l'occasion de la nomination unilatérale par le ministre d'une responsable du patrimoine nommée d'une manière intempestive et arbitraire.
Cette nomination n'a pas été acceptée par l'INP. Mais beaucoup de chercheurs du patrimoine et leurs collègues de l'université ont cependant reconnu que le conflit ne porte pas sur la gestion de l'INP mais peut-être sur des choix, sur les options, en vérité sur la place de l'Institut dans la mise en valeur du patrimoine et plus particulièrement sur l'opportunité de privatiser totalement on en partie cette mise en valeur. L'autre question qui semble préoccuper le ministre des affaires culturelles est la décentralisation. Cette mise au point des éléments du dossier privatisation et décentralisation sont réellement des hypothèses relevées peut-être d'une manière arbitraire. Nous supposons qu'elles sont validées. Aucune déclaration officielle ni texte ne viennent les confirmer cependant ou les infirmer.
- L'hypothèse :
L'ambiance générale de la politique générale du pays semble être orientée vers le libéralisme. Il semblerait alors qu'une orientation libérale donnée à la gestion du patrimoine soit logique, naturelle. Mais qui oserait annoncer cette option de vendre ou d'acheter les colonnes, les chapiteaux, des monuments du site de Dougga, des mosaïques et des objets- sculptés ou peints de nos espaces sacrés... qui oserait liquider nos sites ou les confier à des hommes d'affaires.... Qui, oserait ? Qui oserait liquider notre mémoire pour récolter deux sous !
Voilà peut-être les racines du conflit ? Un conflit stratégique que personne n'ose soulever ouvertement !
La rentabilité recherchée du patrimoine est peut-être très difficile à effectuer. Concernant la décentralisation. Il semble que cette option tant souhaitée soit certainement très positive et adéquate pour gérer au mieux et au plus près notre patrimoine, de le protéger et de le mettre en valeur. Cela est certainement possible à moyen terme mais loin d'être réalisée aujourd'hui et immédiatement et pourrait se faire plus tard lorsque la régionalisation sera assumée et réellement pratiquée. Des techniciens, des gestionnaires, des architectes et des chercheurs devront être formés pour prendre en charge les mises en valeur, les recherches... dont notre patrimoine à besoin. La privatisation pourra-t-elle, voudra-t-elle prendre en charge l'investissement au niveau de la formation de la recherche, ou de la mise en valeur ?? Peut-être pourra-t-elle prendre en charge les sites les plus rentables mais le reste qui pourra le prendre en charge ?
Les questions stratégiques sont d'une importance capitale pour notre patrimoine, pour notre mémoire et pour notre histoire passée et présente. Y répondre exige une réflexion profonde, collective tout azimut qui ne peut-être prise en charge que par la communauté scientifique, les hommes de culture la société civile dans le cadre de la convocation des états généraux autour du patrimoine où le problème de l'orientation à donner au développement durable sera posé et peut-être résolu.
Il faudrait en tous les cas espérer que ces Etats généraux soient le cadre adéquat qui permettra à notre pays répondre d'une manière efficace aux défis posés à notre patrimoine, aux dangers qui le guettent et qui menacent notre mémoire et notre passe de l'anéantissement et de l'oubli !! Vivement donc états généraux.


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