Le nombre de jeunes au chômage et spécialement les diplômés du supérieur qui prolongent aujourd'hui indéfiniment leurs études pourvu de trouver entre temps un poste d'emploi qui répond à leurs qualifications, ne cesse d'augmenter. Afin de réduire ce nombre, la stratégie nationale du secteur de l'emploi vise à encourager les jeunes à prendre l'initiative et à lancer leurs propres projets. Dans ce cadre, un colloque vient d'être organisé par la faculté des sciences économiques et de gestion de Nabeul, la chambre de commerce et de l'industrie et le centre des affaires du Cap Bon ayant pour thème : la création d'entreprises et son impact sur le développement économique. Cette manifestation comme l'a précisé M. Mohamed Adel Dhif le doyen de la FSEGN s'inscrit dans le cadre de la campagne nationale de création et de développement des PME et l'ouverture de l'université sur son environnement. Rehaussé par la présence des jeunes promoteurs et des structures d'appui à l'investissement, ce séminaire vise la promotion et le développement des études prospectives industrielles, l'objectif étant de mieux orienter les jeunes promoteurs et donner un éclairage sur l'évolution des divers secteurs dans une perspective tenant compte à la fois des potentialités nationales, mais aussi des mutations enregistrées sur la scène internationale. M.Mohamed Lamine El Abed gouverneur de Nabeul a ouvert ce séminaire en soulignant l'importance de l'entreprise dans la consolidation du tissu économique tout en signalant l'existence de beaucoup d'opportunités liées aux différents secteurs de l'industrie tunisienne.
Identifier les niches porteuses L'entreprise est appelée à se positionner par rapport à une situation nouvelle qui est l'ouverture des frontières et l'entrée dans un marché concurrentiel. M.Abed a précisé que la Cap Bon qui accapare 15% du tissu industriel du pays ne cesse de s'intégrer dans ce processus de création d'entreprise et du développement total. Avec 129 projets programmés et 53 fiches de projets, la région est en train d'identifier les niches porteuses et les pistes de développement, pouvant être exploitées par les jeunes promoteurs,seuls ou avec des partenaires appartenant à des espaces industriels évolués. Ce colloque sur la création d'entreprises s'inscrit dans le cadre de la concrétisation de l'intérêt accordé par l'Etat à la promotion de l'emploi des jeunes et l'encouragement à l'initiative privée et la nécessité de créer un régime de stage d'initiation et d'adaptation à la création d'entreprises.
Enraciner la culture entrepreneuriale Ce nouveau mécanisme vient renforcer le dispositif mis en place pour encourager les jeunes à s'installer pour leur compte. Mme Najoua Attia présidente du CCI Cap Bon qui a rappelé les effets bénéfiques de cette campagne sur la création d'entreprises depuis son démarrage en octobre 2005 a mis en exergue les divers programmes mis en œuvre pour favoriser la concrétisation des idées de projet et enraciner la culture entreuprenariale chez les jeunes promoteurs. M.Baligh Hamdi directeur du centre d'affaires de Nabeul a expliqué le rôle du centre en tant que partenaire stratégique pour la création d'entreprise «Le centre d'affaires a pour mission d'offrir aux promoteurs et investisseurs des services visant à impulser l'initiative privée dans la région. Outre la volonté de renseigner les porteurs d'idées de projets sur les procédures de création d'entreprises, nous avons mis à la disposition du Centre des experts spécialisés en matière de formation, d'incubation et d'accompagnement de nouveaux projets. Nous avons pu accueillir 600 promoteurs dont 60 ont déjà commencé à concrétiser leurs projets » Saida Hadad maître assistante à la FSEG de Nabeul a parlé dans son intervention du rôle des PME innovantes en Tunisie et les enjeux et dispositifs d'accompagnement. Elle a évoqué notamment le rôle des pépinières d'entreprises qui ne cessent d'héberger les nouveaux créateurs d'entreprises, assurer des services communs au profit des créateurs à coût partagé et mettre à la disposition des créateurs des consultants spécialisés en création d'entreprises Entreprenariat, milieu et formation.
Former un bon entrepreneur, n'est pas toujours facile L'industrie tunisienne connaît actuellement une grande mutation et son premier défi concerne la nécessaire accélération du rythme de création d'entreprises. Or former un bon entrepreneur n'est pas toujours facile car comme l'a précisé Pr émérite Riadh Zghal du FSEG Sfax «L'entreprenariat est une discipline complexe et multidimensionnel qui implique une diversité d'acteurs et d'approches car les tentatives d'intégration sont disparates et là on peut retenir trois centres d'intérêt : L'individu est un entrepreneur. On doit distinguer entre l'esprit d'entreprendre et la création d'entreprise. L'entrepreneur doit rechercher et saisir les opportunités. Il doit prendre aussi des initiatives pour créer l'événement tout en cherchant les solutions de manière créative gérant ainsi les affaires d'une manière autonome. Et là il doit prendre sa responsabilité, regarder en face des espérances, réseauter de façon efficace et gérer l'interdépendance et user du bon jugement pour prendre des risques calculés. Comme qualité, il doit être ambitieux confiant, persévérant, créatif, innovant et déterminé à relever les défis. Il doit persuader, savoir négocier, regarder loin et prendre la décision en situation d'incertitude et positiver. Certes le stress psychologique, les comportements peu éthiques (duplicité, sentiment de supériorité, la morbidité psychique (machiavélisme, narcissisme) sont des menaces pour la durabilité des projets crées. Ces effets peuvent être réduits par la résilience et le coaching et par le développement des valeurs de l'entreprise citoyenne et l'éthique des affaires. Le milieu a son impact sur la réussite de l'entreprise. Il doit être favorable à la création du projet. L'interdépendance entre institutions et entreprises, la coopération entre les entreprises, les alliances stratégiques et l'importance des forces immatérielles et l'environnement. Tous ces facteurs contribuent au développement de l'entreprise. La création du dynamisme économique est liée à l'exploitation du capital social, aux opportunités et synergies du milieu, la transformation des paradoxes et des tensions en énergie pour l'initiative et l'innovation. La formation (transmission d'un savoir et d'un savoir faire) aidé par un bon coaching contribue à consolider cette culture entrepreneuriale et sociétale. Pour l'entreprise tunisienne, de plus en plus ouverte sur l'environnement extérieur, cette nouvelle pratique de gestion est appelée à prendre de plus en plus de l'importance. L'objectif est d'optimiser les performances mais aussi et surtout se donner un avantage compétitif durable » conclut Pr Zeghal