Sous le titre « l'heure a sonné », l'Ordre des ingénieurs tunisiens a tenu, hier, à la bourse de travail, à Tunis, un conseil national extraordinaire au cours duquel les ingénieurs tunisiens ont décidé d'entreprendre des mouvements de protestation, allant du port du brassard rouge aux grèves sectorielles et générale, avec des marches et des rassemblements dans les diverses villes du pays, en vue de faire valoir leurs revendications concernant l'amélioration de leur situation matérielle et professionnelle. Le président du conseil de l'Ordre, Oussama Khériji, a indiqué que les ingénieurs en ont ras le bol de l'état de marginalisation délibéré dans lequel se débat le secteur, depuis des années, et qu'ils ont décidé de bouger pour obtenir l'amélioration de leur situation matérielle et professionnelle, face au silence observé par le gouvernement à ce sujet, malgré les correspondances répétées adressées au gouvernement en vue de l'ouverture de négociations dans ce but et l'entrevue du 7 septembre avec le président de la République. Aussi, a-t-il dit, suite à la détérioration de la situation matérielle et professionnelle des ingénieurs, et l'indifférence des autorités envers leur cause, le Conseil a décidé de mobiliser tous les ingénieurs et leurs différentes structures représentatives, ordre, syndicats et associations, en vue d'engager une série de mouvements de protestation à l'appui de leurs revendications légitimes, englobant port de brassards rouges, marches et arrêts de travail. L'ingénieur Mohsen Ben Ali, chef adjoint du projet « énergies renouvelables » à la Société tunisienne d'électricité et de gaz (STEG) nous a indiqué qu'outre les salaires qui sont restés très bas, dans l'absolu et par rapport aux autres corps de métiers similaires, le secteur de l'ingénierie a été délibérément marginalisé et inondé par la formation dans les établissements privés au détriment de la qualité et du niveau scientifique garantis par les écoles publiques d'ingénieurs, comme l'Ecole nationale d'ingénieurs de Tunis (ENIT) dont les diplômes sont accrédités à l'échelle européenne. Il a noté qu'il n'y a pas longtemps, nous étions quelques 3000 ingénieurs sortis des écoles publiques à occuper la place, alors qu'aujourd'hui, la place compte quelques 40 000 ingénieurs formés pour la plupart dans les établissements privés, de sorte que l'une de nos revendications est la réhabilitation de la formation d'ingénieur selon les standards internationaux les plus exigeants.