Décédé le 9 novembre 2017, Jelal Ben Abdallah était le doyen des artistes tunisiens. Il a commencé à exposer dès 1939 et s'est affirmé comme l'un des ténors de l'Ecole de Tunis. Il laisse une oeuvre produite tout au long du vingtième siècle et une touche unique entre patrimoine et innovation... Né à Tunis, le 26 mai 1921, Jelal Ben Abdallah vient de disparaître à un âge quasiment centenaire. Après des études au lycée Carnot de Tunis, Ben Abdallah s'est vite consacré à la peinture en s'installant dans son désormais mythique studio de Sidi Bou Said. C'est à l'âge de 18 ans qu'il organise sa première exposition. Déjà à cette époque où les artistes tunisiens demeuraient balbutiants, il parviendra à introduire une novation de taille. En effet, il créait ses oeuvres en autodidacte, au-delà des conventions académiques de l'époque et en introduisant une touche personnelle qui ira en s'affirmant, au point où l'on finira par évoquer un style particulier, une griffe reconnaissable entre toutes. Jelal Ben Abdallah participera régulièrement au Salon tunisien et comptera parmi les premiers membres de l'Ecole de Tunis. Ses expositions à l'international dans les années 1950 participeront à consolider sa réputation. De Stockholm à Paris, il ira à la rencontre du public et de la critique laissant découvrir des oeuvres d'une grande finesse. Plébiscité par les collectionneurs en Tunisie, Ben Abdallah a fait l'objet de plusieurs monographies et albums couvrant tous les aspects de sa carrière. Cet artiste est l'un des rares à n'avoir vécu que de son art sans avoir d'activités académiques ou dispenser un enseignement. Un témoin du développement pictural en Tunisie De fait, Jelal Ben Abdallah s'est pleinement imposé grâce à la dialectique qui existe dans ses oeuvres entre le traditionnel et l'innovation chromatique. Ses recherches sur la couleur déboucheront sur un univers de nuances dans le vert et le bleu qui sublimeront ses signes et symboles issus du patrimoine. Ses compositions avec des natures mortes ou des personnages qui semblent sortis de la légende sont reconnaissables entre mille. Tenté un temps par la miniature, il saura dans ses tableaux restituer avec une très grande précision un univers à la confluence des archétypes et des rêves. Ses mariées traditionnelles, ses chevaux, ses églogues plastiques font de Ben Abdallah l'un des meilleurs représentants de l'Ecole de Tunis ainsi que l'un des artistes les plus prisés du public. L'une de ses dernières expositions s'était déroulée il y a peu à la galerie du lycée Carnot où il poursuivit ses études. Les oeuvres qu'il présenta retraçaient aussi bien la genèse d'un parcours que l'accomplissement d'un artiste qui, de son vécu, a pu mesurer tout le développement du mouvement pictural tunisien.