Tunis, Le Temps - Il n'était que temps pour donner un nouveau souffle à la Banque centrale de Tunisie (BCT) et cela ne pouvait se faire qu'à travers un sursaut et un choc psychologique, surtout que cette institution est le nerf de l'économie et des finances tunisiennes. L'approbation de la nomination de Marouane Abassi est accompagnée de beaucoup d'espoir, pour rétablir la situation que ce soit au niveau des démarches et du programme, que celui des décisions, de la transparence et de l'information véridique sur l'Etat des lieux des finances tunisiennes. Marouane Abassi a bénéficié de presque une unanimité, au sein de l'Assemblée des représentants du peuple (ARP) qui a pu, chose qui est devenue peu courante, réunir le quorum nécessaire pour sa désignation. Marouane El Abassi, docteur en économie, économiste principal au sein de la Banque Mondiale (BM), depuis janvier 2008, a obtenu, jeudi soir, à l'ARP, un vote de confiance, avec 134 voix pour, 18 voix contre et 5 abstentions. Il est désormais, le 13ème gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie (BCT), en remplacement de Chedly Ayari, démis de ses fonctions, à la suite d'une demande de limogeage de la part du chef du gouvernement, Youssef Chahed, basée sur l'article 78 de la constitution. Marouane El Abassi, né le 20 juillet 1959 à Tunis et titulaire d'un mastère en économie mathématique et économétrie de l'Université de Paris II et d'un mastère en agroéconomie de l'Université de Paris I Panthéon Sorbonne-INRA, avait été proposé, auparavant au poste de ministre de l'Economie au sein du gouvernement de Youssef Chahed. Agrégé d'économie, il a été nommé professeur titulaire à l'Université de Carthage en 2007. Il a collaboré avec plusieurs revues universitaires de renom. Il a été professeur visiteur à l'Université de Tsukuba au Japon, et au Rensselaer Polytechnic Institute de New York. Depuis 1997, il est conseiller principal à l'Institut Arabe des Chefs d'Entreprises (IACE) et expert pour l'Institut Tunisien des Etudes Stratégiques (ITES). Il a assuré, depuis janvier 2008, la mission d'économiste principal au sein de la Banque mondiale et coordonne le programme pays pour la Libye et a été nommé en novembre 2010, en tant que représentant de la Banque mondiale pour la Tunisie et la Libye. Le legs laissé par l'ancien gouverneur ne semble pas pouvoir laisser dormir tranquillement le successeur, mais tous les espoirs sont permis, surtout que le nouveau patron de la BCT a un carnet d'adresses assez étoffé et volumineux, lui permettant de servir de la meilleure manière les intérêts du pays. Le 13ème gouverneur de la BCT a l'obligation de ne pas décevoir, surtout qu'il a bénéficié de la confiance du président du gouvernement et, par la suite, de celle du président de la République et d'une majorité écrasante des députés. La séance plénière consacrée au vote de confiance avait démarré sur une polémique sur l'absence du Chef du Gouvernement, Youssef Chahed, alors qu'il avait proposé sa nomination, sans toutefois que les interventions des députés ne contestent la compétence de Marouane El Abbassi et son expérience. Par contre, certains ont critiqué l'absence de son programme, ce qui aurait permis de l'évaluer et de lui demander des éclaircissements. Les députés ont évoqué dans leurs interventions, la situation difficile qui attend le nouveau gouverneur dont le glissement du dinar face aux devises étrangères, la poursuite de la spirale inflationniste et la dégradation des réserves en devises du pays. Ils ont, aussi, souligné la nécessité d'activer la mission de contrôle dévolue à la BCT pour faire face aux dangers qui guettent la Tunisie.