La Tunisie est actuellement 4ème producteur et 3ème exportateur mondial d'huile d'olive. Mais vu l'émergence de pays concurrents comme la Syrie, la Jordanie, la Turquie, le Chili, l'Algérie, le Maroc, la Chine et même les Etats-Unis cette nouvelle donne est à prendre très sérieusement en considération. La nouvelle situation dont les contours se précisent de plus en plus appelle d'autant plus de vigilance que , à titre d'exemple, la Syrie compterait actuellement plus d'oliviers que la Tunisie, l'Algérie qui accuse un énorme retard est en train de le rattraper comme en témoigne l'institution toute récente d'un label de qualité « Alors que chez nous, font remarquer certains professionnels, on attend encore le vote de la loi sur le label de qualité ainsi que les décrets d'application y afférents. Au Maroc, une politique de plantation et de différenciation est entreprise tous azimuts. Le Chili, un producteur, sans envergure ni tradition dans le domaine nous a dépassés du point de vue promotion de ses marques et plus particulièrement en matière de conditionnement et de mise en bouteille avec l'impact que l'on sait quant à la maximisation de la valeur ajoutée. Sur un autre plan, la Tunisie compte un dégustateur unique agréé par le Conseil Oléicole International ( COI ), ce qui soulève des interrogations quant à la politique de formation de dégustateurs nationaux agréés à l'échelle mondiale. Nous avons également un seul laboratoire agréé par le COI, alors qu'en France, un tout petit producteur, sans image ( 04 mille tonnes d'huile d'olive, soit l'équivalent de la production d'une seule grosse huilerie à Sfax, ce qui implique les coûts de production les plus élevés du monde), on recense 04 dégustateurs et , au moins, 03 laboratoires agréés par le COI et surtout 07 appellations d'origine contrôlée et ce grâce à une stratégie de valorisation, bien ficelée, du produit français. » Il est vrai qu'une stratégie nationale axée sur les volets quantitatif et qualitatif a été mise en place pour promouvoir le secteur et mieux se positionner sur les marchés extérieurs, mais pour les professionnels certains points mériteraient quelques réflexions. Ils concernent :
Marché de l'huile Il est de fait que les cours d'huile d'olive nous sont imposés par l'Espagne qui vient de supplanter l'Italie. Il est vrai qu'en Tunisie, nous disposons d'un excellent instrument, en l'occurrence, le prix minimum à l'exportation destiné à empêcher toute velléité de braderie, lequel est défini par une commission inter-ministérielle. Mais cette tâche devrait, estime-t-on être confiée à une commission mixte ultra spécialisée, privé / public ou bien, ce qui serait le mieux indiqué, à l'Office National de l'Huile, bien habilité à le faire. Or, l'ONH, au lieu d'assumer exclusivement son rôle d'arbitre, s'est orienté vers une nouvelle vocation en se posant comme un concurrent sérieux des exportateurs privés, ce qui non seulement le place en porte à faux avec les orientations de l'Etat dans le sens du désengagement du marché concurrentiel, mais lui confère, de surcroît, un double rôle, celui à la fois de juge et d'arbitre. Il est appelé par conséquent à jouer le rôle qui est naturellement le sien, en l'occurrence, celui de préserver les intérêts de toutes les parties prenantes dans le secteur oléicole et partant de l'intérêt national.
Gestion du contingent destiné à l'exportation Un autre grief est fait à l'ONH, en matière de gestion du contingent à l'exportation, dans la mesure où depuis 06 ans, il ne parvient pas à exporter la totalité de la quantité convenue avec l'Union Européenne. En effet, en vertu des accords avec l'Union Européenne, une quantité de l'ordre de 56.700 tonnes d'huile d'olive tunisienne est exonérée des droits de douane, à son accès au marché européen. Or ce contingent alloué à la Tunisie est réparti en quotas mensuels, sachant que les quotas ratés ne peuvent être reportés uniquement pour le mois suivant. Passé ce délai, ils sont perdus. C'est ce qui s'est passé notamment lors de la dernière saison oléicole durant laquelle la part exportée du contingent est estimée à 15.300 tonnes d'huile d'olive sur 56.700 tonnes, ce qui s'est traduit pour le Trésor public , par un manque à gagner, une perte palpable et chiffrable de l'ordre de 08 millions de dinars. Ce qui est incompréhensible, c'est que la requête de la chambre des exportateurs de pourvoir au manque au niveau du contingent a essuyé inexplicablement un refus catégorique de la part des autorités compétentes. Conséquences : outre la perte d'une part importante du marché, s'ajoute la perte de clients, de position et de crédibilité sur ce même marché. Sans compter la faille qui pourrait éventuellement profiter à nos concurrents lesquels nous envient cette faveur et multiplient les démarches pour y avoir droit.
Stratégie de promotion des exportations Voilà un autre axe de réflexion sur lequel devrait se porter un intérêt accru, selon nos interlocuteurs. Il est vrai que le ministère de tutelle a défini une démarche stratégique à suivre pour promouvoir les exportations tunisiennes d'huile d'olive , stratégie axée sur l'intensification de l'exportation de l'huile conditionnée dans la mesure où elle garantit une valeur ajoutée au produit tunisien et assure sa compétitivité sur les marchés internationaux. Il n'en demeure pas moins vrai, assurent-ils que les actions entreprises en matière de marketing manquent d'ampleur et d'agressivité. Etant donné la puissance, le poids et la dimension des concurrents du Fonds de promotion de l'huile d'olive, qui plus est ont l'avantage de la renommée, de l'image, du label et du prix, on préconise un surcroît d'engagement de la part des pouvoirs publics et on propose, en plus de ce surcroît d'implication ,de cibler un marché, de mettre le paquet et d'éviter l'éparpillement des efforts. Tout le monde s'accorde à dire que seul l'Etat a la capacité de faire une promotion efficiente et à ce propos, l'on se demande s'il est vraiment pertinent de placer le Fonds de promotion de l'huile d'olive sous la tutelle du ministère de l'industrie alors qu'il devrait être rattaché à l'ONH, qualifié de « véritable trésor inexploité » par un jeune oléifacteur.