Cinq atouts devraient donner un élan remarquable à "Manarat", nouveau festival consacré au cinéma méditerranéen. Quels sont ces atouts qui vont de la dimension populaire du festival aux dynamiques public-privé qu'il met en mouvement? Au-delà, quel impact aura ce festival qui proposera des films des quatre coins de la Méditerranée sur les cinéphiles et les professionnels du septième art? Le dernier-né des festivals est cinématographique et déploiera ses ailes dans le cadre des manifestations de La Saison Bleue. Intitulé "Manarat", ce festival du cinéma méditerranéen aura lieu du 9 au 15 juillet dans plusieurs villes tunisiennes et permettra au public d'aller à la rencontre de 52 oeuvres en provenance des quatre points cardinaux de la Méditerranée. Un festival pour favoriser les synergies institutionnelles et professionnelles Avec un programme très touffu, la première édition de "Manarat" sera l'occasion de retrouver dix films méditerranéens en compétition officielle, seize autres films récents dans le cadre d'un panorama et plusieurs autres oeuvres programmées dans le cadre d'hommages au cinémas marocain et palestinien ainsi qu'à la filmographie du cinéaste Philippe Faucon. Affiché dans cinq salles différentes, le programme sera aussi festif avec des projections en plein air sur huit plages tunisiennes. Enfin, des rencontres professionnelles et des débats avec des artistes seront aussi à l'ordre du jour. Plein d'ambitions légitimes, ce nouveau festival de cinéma vient restituer ses horizons méditerranéens à notre cinématographie et ouvrir un champ d'interactions nouvelles devant les professionnels. Apportant à sa manière brise marine et bol d'oxygène, "Manarat" s'inscrit dans une dynamique remarquable pour cinq raisons sur lesquelles il convient de se pencher pour saisir aussi bien les atouts que les apports de ce jeune festival. En premier lieu, "Manarat" se développe dans le cadre d'un partenariat institutionnel, essentiellement tuniso-français et ouvert sur plusieurs synergies. La coopération entre le Centre national du cinéma et de l'image (Tunisie) et le Centre national de la Cinématographie (France) trouve avec ce festival un socle original et une perspective méditerranéenne. De fait, ce festival ouvre les yeux sur la qualité des coproductions réalisées en France et invite les producteurs tunisiens à s'inscrire dans cette dynamique. Il est clair qu'une nouvelle plateforme vient de naître et le fait que les institutions les plus représentatives du septième art dans nos deux pays y soient impliquées, annonce des évolutions cohérentes. Un festival porté par un projet méditerranéen En second lieu, il convient de souligner que ces synergies institutionnelles se doublent d'un véritable partenariat public-privé, de nature à consolider ce festival. En effet, l'apport économique des sponsors dont la Biat est le chef de file vient offrir à "Manaret" des conditions propices pour son éclosion et ses futurs progrès. Le programme de cette première édition est enthousiasmant grâce à ces apports conjugués, au dynamisme de l'Institut français et au volontarisme de plusieurs ambassades. En mettant en évidence ces partenariats de qualité, "Manarat" propose aussi une matrice pour les festivals à naître. En tout état de cause, la construction de ce festival offre un cas d'école qui devrait pousser les manifestations similaires à adopter cette démarche associant institutions spécialisées, secteurs public et privé. Le troisième atout de "Manarat" est d'ordre intellectuel et moral. En effet, ce festival est porté par une idée, un projet, une vision méditerranéenne. Ce fait est d'une importance fondamentale car il vient combler un vide dans un pays où les manifestations cinématographiques ne se référent qu'au monde arabe ou à l'Afrique dans son ensemble. D'ailleurs, la compétition officielle de ce festival met en lice dix films de pays qui se croisent rarement dans les rencontres de cinéma. Il y a en effet beaucoup à apprendre en confrontant les films méditerranéens. Cet élément est profondément positif car il permet d'approcher harmonieusement les approches esthétiques dans des pays aussi différents que la Bosnie, l'Espagne ou l'Algérie. Dans cet esprit, la table-ronde autour de la vitalité des cinémas de la rive sud de la Méditerranée est un point ) souligner. Entre films récents et forums professionnels Quatrième atout de "Manarat", les films qui seront présentés, notamment dans le cadre du Panorama, seront récents et pluriels. Ce souci du programme de consacrer une section complète à l'actualité est à saluer et nous plongera de plain-pied dans le monde complexe du film méditerranéen. Les hommages feront le reste car leur caractère de gros plan sur une cinématographie donnée permettent d'approfondir les connaissances. Dans cette optique, il est important que les professionnels se rencontrent et "Manarat" n'occulte pas cet aspect. C'est là le quatrième atout de notre festival qui offre plusieurs forums aux professionnels ainsi que des espaces pour des rencontres informelles. La présentation de fonds destinés à la production entre dans ce cadre. De plus, la réunion du fonds franco-tunisien d'aide à la coproduction est à saluer tout comme la rencontre inédite des représentants des centres nationaux de la cinématographie en Europe et autour de la Méditerranée. Ces dernières initiatives sont de nature à offrir un socle solide au nouveau festival et à son projet. Enfin, les projections gratuites sur plusieurs plages tunisiennes sont de nature à ménager un cinquième atout à notre festival. En effet, avec leur indéniable dimension festive et populaire, ces projections viennent compléter la diffusion des films au programme en leur offrant un public différent de celui des cinéphiles patentés. En effet, "Manarat" se déroulera entre les salles de la Cinémathèque tunisienne et celles de l'Institut français, du Zéphyr, de l'Agora et Mad'art. Ces espaces qui réunissent en général un public de cinéphiles joueront pleinement leur fonction tout en étant doublés par les projections populaires sur huit plages choisies entre Bizerte, Sousse, Hammamet, Tunis ou Gabès. Place à "Manarat" dont la première édition démarre le 9 juillet et se déclinera tout au long d'une semaine. Tourné vers la mer Méditerranée, ce festival est dorénavant appelé à jouer un rôle pionnier, celui d'une vigie qui éclaire les horizons méditerranéens et d'un phare qui offre une plateforme aux professionnels du cinéma pour consolider leurs projets futurs.