Il est de coutume de voir dans les banlieues de la capitale ou dans les villes du pays l'installation, un jour par semaine, de souks hebdomadaires afin de permettre aux citoyens de s'approvisionner en toutes sortes de produits alimentaires ou marchandises autres. Ces souks sont tellement fréquentés, vu les prix abordables qui y sont consentis, qu'ils animent la localité ou le quartier dans lesquels ils s'implantent et ce durant toute une matinée. En général, de nombreux ménages attendent le jour du souk pour remplir comme il se doit leurs couffins. Ils font en quelque sorte leur marché de toute la semaine. Outre les prix qui correspondent à leur bourse, ils sont attirés par la chaleur des lieux, la clameur des négociants, les rencontres qu'ils font. Bref, par l'animation particulière qui y règne. Un mercredi matin au souk de Kalaat Al Andalous et alors que l'ambiance était bon enfant, un tapage inhabituel enfla en un clin d'œil au point de s'étendre presque à tous les étals. De quoi s'agissait-il en fait ? Eh bien d'une altercation entre un marchand de légumes et un poissonnier au sujet d'un emplacement au souk qui a vite dégénéré en une véritable bataille rangée entre les partisans des deux camps. Un drame qui s'est abattu inopinément sur la localité dont la majorité des habitants vaquaient paisiblement à leurs besoins, notamment en étant affairés au souk. Le poissonnier, qui était arrivé en retard, avait réclamé avec insistance à son collègue, le marchand de légumes, de déménager de la place qu'il occupe, car c'est le lieu qu'il fréquente d'habitude et qui est bien connu de sa fidèle clientèle. Faisant fi de la requête formulée par l'habitué des lieux, ce dernier se mit à crier à tue-tête, vantant les qualités de ses produits. Le sang du poissonnier ne fit qu'un tour dans ses veines avant qu'il n'agresse violemment son rival. Le tenant à la gorge, il faillit l'étouffer, n'eût été l'intervention énergique des autres marchands accourus pour secourir leur infortuné collègue. La bagarre ne s'arrêta pas là puisque chacun des protagonistes fit appel à ses adeptes. Et les bâtons et les pierres de pleuvoir et les armes blanches d'apparaître. Une bataille en bonne et due forme s'installa dans le souk au grand désarroi des citoyens venus comme de coutume en grand nombre pour faire leurs achats de la semaine. Du coup, le champ s'est vidé et le gémissement des blessés a remplacé, comme par enchantement, le brouhaha habituel. Un individu a même reçu un méchant coup de couteau qui a fait craindre le pire, mais ses jours ne sont pas en danger. D'ailleurs, il a été transporté à l'hôpital le plus proche pour recevoir les soins nécessaires tandis que la police s'est empressée de procéder à plusieurs arrestations. Conduits au poste, les enquêteurs ont enregistré plusieurs dépositions des acteurs de cette bataille gratuite née d'une querelle futile pour un emplacement dans un souk hebdomadaire. Voilà où l'incivilité peut conduire.