Sculpteur de premier plan, Abdelhamid Hajem reste relativement peu connu en Tunisie malgré sa notoriété internationale. Qui rendra hommage à cet artiste émérite? La sculpture n'a pas de secrets pour Abdelhamid Hajem qui, modelant le bois, le marbre ou le fer, produit des oeuvres d'une grande puissance. Pour lui, c'est le dessin qui importe le plus et constitue la voie passante vers tous les arts. "Le dessin, dit-il, c'est comme le solfège de l'artiste". Cette boutade en dit long sur le travail de ce sculpteur qui met une grande minutie dans ses réalisations et prolonge une tradition à la fois figurative et abstraite. Un parcours de plus d'un demi-siècle Hajem a fait ses premiers pas à l'Ecole des Beaux-Arts de Tunis en 1958. Il poursuivra ensuite son apprentissage à l'Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris où il s'est spécialisé dans la gravure sur médaille et la sculpture. Dans ces deux domaines, il fait autorité depuis des décennies et a traversé un demi-siècle de productions diverses. Seul Tunisien et seul Arabe membre de la Fédération internationale de la médaille, la prestigieuse FIDEM, Hajem a exposé à Weimar, La Haye, Neuchâtel ou Londres. Ses médailles sont des plus éloquentes et constituent des pièces de collection très recherchées. C'est le cas aussi de ses oeuvres en cuivre martelé ou en marbre. Exposant rarement, Hajem reste pour cette raison peu connu du grand public malgré de nombreuses réalisations monumentales. Sa dernière exposition personnelle remonte à 2008. Encore faut-il savoir que pour cette exposition précise qui s'était tenue à Sidi Bou Said, l'artiste avait choisi de montrer ses collages! Dans l'intimité studieuse de son atelier Avant cela, il faut remonter à 2002 pour trouver la trace d'une exposition personnelle de Hajem, alors accueilli par la galerie Essaâdi à Carthage. Cette rétrospective avait permis à Hajem de réunir de nombreuses oeuvres, notamment des sculptures. Sinon, cet artiste préfère l'intimité studieuse de son atelier aux feux de la rampe. De fait, outre ses nombreuses participations à des rencontres collectives, sa seule grande exposition personnelle remonte à 1996. C'est peu pour un artiste de cette envergure même si son rayonnement est diamétralement opposé à sa présence effective dans la vie culturelle. Depuis les années 1970, Hajem a en effet réalisé de nombreuses sculptures monumentales dont celle du président Bourguiba représenté en élève à Monastir ou celles créées en collaboration avec Zoubeir Turki. A près de 80 ans, Abdelhamid continue à pétrir les matériaux, modeler les formes et accoucher d'oeuvres souvent surprenantes. cet artiste de la génération des Brahim Ksontini et autres Ridha Ben Abdallah a énormément donné à l'art en Tunisie et demeure le maître incontesté dans le domaine de la gravure. N'est-il pas temps de lui rendre l'hommage qu'il mérite amplement? N'est-il pas temps de saluer ce créateur qui fréquenta les ateliers de Bercier, Corbin ou Brianchon? Assurément, une rétrospective s'impose...