– TAP - La mission d'Instance vérité et dignité s'est achevée, selon la Constitution, mais comme dans beaucoup d'autres domaines, les pouvoirs publics continuent à être permissifs, surtout pour ceux qui sentent pouvoir bénéficier de l'impunité, et elles ne prennent pas les décisions qui s'imposent. L'IVD continue à utiliser le matériel de l'Etat et les biens publics, alors qu'elle n'en a plus le droit et elle cherche à accélérer le mouvement, pour faire illusion, alors qu'elle n'avait pratiquement, rien fait durant les cinq ans de son mandat, sauf envenimer davantage la scène politique, à des fins autres que celles de rendre justice. Actuellement, cette instance a présenté le dossier des événements du bassin minier de Gafsa, devant la justice transitionnelle et la juridiction spécialisée compétente en matière de justice transitionnelle près du Tribunal de première instance de Gafsa a entamé, mercredi, l'examen du premier dossier déposé par l'Instance Vérité et Dignité (IVD) portant sur les évènements du bassin minier de 2008. La région du Bassin minier qui englobe Redayef, Oum Larayès, Medhilla et Metlaoui avait connu, à partir de janvier 2008, un soulèvement social sur fond de revendications pour l'emploi et le développement et contre le népotisme. Le mouvement fut sévèrement réprimé par l'ancien régime. Plusieurs manifestants avaient été tués ou blessés. Des activistes et des syndicalistes avaient été emprisonnés. Les personnes soupçonnées d'avoir commis des atteintes aux droits humains ont été appelées pendant l'audience. Il s'agit de quinze personnes dont en particulier l'ancien président Zine El Abidine Ben Ali, l'ancien ministre de l'Intérieur, Rafik Haj Kacem et plusieurs hauts responsables sécuritaires de l'époque aux niveaux central, régional et local. Le président de l'audience a procédé à la lecture des chefs d'accusation retenus contre les accusés : homicide volontaire avec préméditation et tentative de meurtre avec préméditation, violences et torture. Les charges retenues s'appuient sur la Constitution tunisienne, la loi de la justice transitionnelle, les dispositions du Code pénal et les principes et obligations des traités internationaux relatifs aux droits humains et bannissant la torture. La Chambre a décidé, mercredi soir, le report, au 2 janvier 2019, de l'examen de l'affaire. C'est le premier dossier concernant la région de Gafsa qui a été transféré au tribunal par l'Instance vérité et dignité. Dans cette première audience tenue, durant toute la journée de mercredi, le tribunal a, également, décidé d'émettre un mandat d'amener international à l'encontre de l'ancien président Zine El Abidine Ben Ali, en tant que principal accusé dans cette affaire et d'autres mandats d'amener à l'encontre de 15 cadres sécuritaires à l'échelle centrale, régionale et locale. Il est, aussi, question de réactualiser la liste des personnes impliquées dans ces événements et d'y ajouter les noms des personnes citées par les plaignants, lors de l'audience. Les chefs d'accusation portent sur l'homicide volontaire avec préméditation, tentative d'homicide et torture. Les témoins ont évoqué les exactions dont ils ont été victimes, en 2008, dont les arrestations, les procès, le harcèlement, la torture et la répression sanglante des manifestations. Ils réclament la vérité sur ces événements.