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La France joue la carte « compétences et talents » Migrations professionnelles : Depuis l'ingénieur, jusqu'au joueur de talent en passant par les investisseurs
La population tunisienne connaît une évolution bien particulière. Son taux de croissance diminue. Le nombre des élèves du primaire se réduit, celui du secondaire se tasse et celui du supérieur explose. Cette situation va se poursuivre dix à quinze ans. Le nombre des diplômés du supérieur n'arrêtera pas d'augmenter. La migration organisée constitue un des débouchés pour les jeunes dont ils peuvent tirer profit. De nouvelles mesures ont été arrêtées par la loi française du 24 juillet 2006 complétée par la loi d'août 2007. Un accord d'échanges jeunes professionnels a été signé entre la Tunisie et la France en décembre 2003. L'exploitation des opportunités offertes par ces deux textes est encore timide. Elle est, toutefois, prometteuse à condition de mieux les faire connaître. A l'initiative conjointe de l'ambassade de France en Tunisie, de l'Agence Nationale pour l'Accueil des Etrangers et des Migrations ( ANAEM ) et de la Chambre Tuniso - Française de Commerce et d'Industrie ( CTFCI ), l'Institut Arabe des Chefs d'Entreprises ( IACE ) a abrité, hier, une rencontre pour présenter les nouvelles mesures de la loi française sur l'immigration. A l'ouverture des travaux S.E. Serge Degallaix, ambassadeur de France à Tunis, affirmait : « Au-delà des textes il y a un changement fondamental de perspectives au marché de l'emploi en France. Nous sommes dans une situation où malgré un taux de chômage de 7,8% ou 7,9%, un certain nombre d'emplois ne sont pas satisfaits. L'immigration doit corriger ce déséquilibre. Il faut passer à une situation où il y a un équilibre entre migrations à titre professionnel et migrations familiales. A l'échelle de la Tunisie, il y a de grandes possibilités d'arriver à des taux plus équilibrés ». Les textes de lois sont un socle de ce qui est faisable, mais il est possible d'aller plus loin dans le cadre d'un accord bilatéral de migration concertée et de co - développement. « Avec la Tunisie, nous aurons cette négociation dans l'intérêt des deux pays », ajoute l'ambassadeur. L'élément important de changement dans la loi est le passage d'une logique d'autorisation à une logique de déclaration.
Contingent non atteint La première amélioration concerne les étudiants. Quand le visa d'études est délivré, la carte de séjour suit automatiquement. « Nous n'avons jamais accordé autant de visas d'études que cette année » déclare l'ambassadeur. Un étudiant au cours de ses études peut travailler. Après la fin de son cursus universitaire, la loi l'autorise à séjourner 6 mois de plus sur le territoire français pour chercher un emploi. Un accord bilatéral peut allonger ce délai. La deuxième catégorie est celle des jeunes professionnels. Ce sont des jeunes de 18 à 35 ans et pouvant justifier qu'ils vont exercer un emploi correspondant à leur formation où à l'expérience acquise dans leur pays d'origine. La durée du travail est de 3 à 12 mois avec une possibilité de prorogation jusqu'à 18 mois. En Tunisie un contingent de 100 est fixé. Il peut être dépassé. De toute façon, depuis que l'accord a été signé avec la Tunisie ce contingent n'a pas été atteint. L'exécution de l'accord a débuté en 2005. En 2006, 24 jeunes tunisiens en ont profité. Cette année ils sont soixante. C'est un accord qui encourage la migration des jeunes dans les deux sens. Les Français ne sont pas nombreux à en profiter. Le niveau de la rémunération en Tunisie ne les encourage pas à le faire. La troisième nouveauté apportée par la législation française concerne les « salariés en mission ». Le principe est de permettre la circulation des cadres à l'intérieur d'un même groupe de société, dès que la rémunération brute du cadre concerné est au moins équivalente à 1,5 fois le SMIC. Une carte de séjour de trois ans renouvelables est délivrée au salarié. Après six mois de présence en France, il peut être accompagné par sa famille, le temps de son détachement. Cette carte répond aux attentes du monde économique.
Concourir au développement de son propre pays La quatrième nouveauté concerne la délivrance de la carte « Compétence et Talents ». L'objectif de cette mesure consiste à faire venir des compétences en France. Elle s'adresse à toutes les catégories de personnes de l'ingénieur informaticien au joueur de talent en passant par les investisseurs. Par rapport à la formule traditionnelle la carte « Compétences et Talents » est plus facile à obtenir. Il faut attendre la publication des critères dans le Journal officiel. Ce qui ne tardera pas à être fait. Pour les investisseurs, parmi les critères qui seront rendus publics, on peut citer la création au moins de deux emplois ( celui du créateur de l'entreprise et une autre personne ), des investissements plus lourds de 300 milles euros ( en immobilier et immatériel ). Cette carte est aussi délivrée pour les chercheurs et enseignants du supérieur. Les diplômés de la formation professionnelle peuvent en profiter. La carte est accordée pour une durée de trois ans renouvelables une fois, lorsque son titulaire a la nationalité d'un pays membre de la zone de solidarité prioritaire. Le titulaire de la carte doit apporter son concours à une action de coopération ou d'investissement dans son pays d'origine. Le renouvellement de la carte dépend, entre autres, du respect de cette obligation. Le conjoint et les enfants mineurs du titulaire de cette carte bénéficient de plein droit d'une carte de séjour temporaire. « Un accord bilatéral peut permettre d'aller plus loin », affirme l'ambassadeur tout en rappelant qu'une des particularités de la relation Tunisie - France est que le nombre des entreprises françaises installées en Tunisie est le double de celui du Maroc et le triple de celui de l'Algérie.