«Rentrez chez vous ! Vous ne pouvez pas rester sur cette zone !» : C'est l'avertissement qui a été craché, mardi dernier, depuis le petit haut-parleur un mini-char robotisé conçu par la start-up tunisienne Enova Robotics. La scène n'est pas tirée d'un film de science-fiction. Il s'agit d'un robot déployé par le ministère de l'Intérieur pour faire respecter le confinement et atténuer les risques de contamination par le coronavirus. Baptisé PGuard, le robot de surveillance a sillonné l'Avenue Habib Bourguiba et les rues perpendiculaires pour «prêcher» la bonne parole et appeler les gens à ne sortir qu'en cas d'obligation. A l'instar de plusieurs pays touchés par le Covid-19, la Tunisie s'est rapidement emparée de diverses technologies pour lutter et contenir la redoutable épidémie. Outre le robot PGuard, le ministère tunisien de la Santé va utiliser des drones pour détecter les personnes fiévreuses dans les rues. Le groupe Telnet holding a en effet annoncé, mercredi, avoir acquis un nombre de drones équipés de caméras thermiques pour soutenir les efforts du ministère de la Santé en vue de détecter les personnes porteuses du coronavirus. «Dans le but de soutenir l'effort national de lutte contre le Covid-19, et après coordination avec le ministère de la Santé, le groupe Telnet a acquis aujourd'hui un certain nombre d'équipements et de drones équipés de caméras thermiques qui ont été récemment utilisés dans la ville chinoise de Wuhan pour faire face à l'épidémie et qui ont prouvé leur efficacité», a précisé le groupe fondé par l'homme d'affaires Mohamed Frikha dans un communiqué. Ces équipements, qui seront mis à la disposition du Ministère de la santé permettront d'afficher une image thermique des passants, permettant au passage de connaître leur température corporelle en temps réel. Les personnes fiévreuses sont alors interpellées par les forces de l'ordre. L'information a été confirmée hier par le ministre de la Santé, Abdelatif Mekki, qui a affirmé que les autorités feront dans les prochains jours appel à des drones pour prendre la température à distance et détecter les éventuels cas de contamination par ce virus. Des masques de plongée pour remplacer les respirateurs S'inspirant d'une expérience réalisée en Italie, la Tunisie utilisera aussi prochainement des masques de plongée Easybreath de Decathlon pour sauver des vies. Aldo Gervazoni, un citoyen italien résidant en Tunisie, a annoncé qu'en coopération avec le professeur tunisien Mounir Fraija, spécialiste de l'ingénierie optique, et Abdou Mathlouthi, président de l'Association tunisienne des sciences et technologies, le lancement de travaux de recherches visant à transformer ces masques de plongée en respirateurs. Ces masques, qui englobent tout le visage, présentent l'avantage d'intégrer à la fois un masque de plongée et un tuba pour respirer. Un médecin italien a déjà réussi à remplacer la partie tuba par une valve spécifique imprimée en 3D permettant ainsi une protection et une régulation de la pression de l'air. Selon Gervazoni, ce masque ne remplacera pas les respirateurs de réanimation Il est, d'après lui, est très efficace à utiliser en premiers soins, jusqu'à ce qu'un lit de réanimation soit disponible pour le patient. Et last but not least, une équipe d'ingénieurs de l'Ecole nationale d'ingénieurs de Sousse a réussi à fabriquer des visières de protection imprimés en 3D pour équiper le personnel soignant qui manque cruellement de moyens de protection. Un premier lot de visières a été déjà distribué dans plusieurs hôpitaux, dont ceux de Farhat Hached et Sahloul à Sousse, Charles Nicolle à Tunis et Abderrahmane Mami à l'Ariana. Le projet a déjà reçu le soutien de la Présidence de la République qui a décidé de fournir les ingénieurs en matériel nécessaire. L'école Nationale d'ingénieurs de Sousse et la Faculté de Médecine de Sousse ont par ailleurs lancé un challenge pour fabriquer des respirateurs de réanimation d'ici quelques semaines. La Chine a été le premier pays au monde à utiliser les nouvelles technologies pour tenter de ralentir la propagation du coronavirus. Des robots ont été en effet utilisés pour désinfecter les rues et les commerces à Wuhan. Des drones autonomes ont été également utilisés afin de livrer certains produits à distance et des robots ont livré médicaments et repas aux patients. Plus impressionnant, des policiers ont été munis de casques de réalité augmentée qui affichent une image thermique des passants, permettant au passage de connaître leur température corporelle en temps réel. L'idée est toujours de limiter le contact entre les humains.