Les dirigeants du G20 ont promis d'injecter 5.000 milliards de dollars pour soutenir l'économie mondiale menacée par une pandémie de coronavirus au bilan dramatique, particulièrement en Europe où la barre des 4.000 décès a été franchie en Espagne et où les hôpitaux de Londres font face à un "tsunami" de malades. Réunis jeudi en sommet par visioconférence sous la présidence du roi Salmane d'Arabie saoudite, les dirigeants des vingt plus grandes économies de la planète ont voulu présenter "un front uni contre cette menace commune". Malgré des mesures de confinement sans précédent affectant plus de trois milliards de personnes sur la planète, le nouveau coronavirus, apparu en Chine en décembre, a déjà tué près de 22.000 personnes, dont les deux tiers en Europe, où plus de 250.000 cas sont désormais officiellement diagnostiqués. "Bien que la situation reste très préoccupante, nous commençons à voir des signes encourageants", a néanmoins déclaré jeudi le patron de la branche Europe de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), Hans Kluge. L'augmentation du nombre de cas en Italie, pays le plus durement touché au monde avec plus de 7.500 décès, semble ralentir, "mais il est encore trop tôt pour dire que la pandémie a atteint son apogée dans ce pays", a-t-il tempéré. A Bergame, le macabre cortège des camions militaires emporte les cercueils des victimes vers d'autres villes. Le crématorium, surchargé, ne pouvant répondre aux besoins, la cité lombarde s'est vue obligée de les envoyer vers d'autres localités. Une image qui à elle seule cristallise cet afflux funèbre : une cinquantaine de cercueils alignés dans l'église Saint-Joseph, eux aussi destinés à la crémation. L'Espagne, devenu la veille le deuxième pays le plus touché au monde devant la Chine en nombre de morts, a franchi jeudi la barre des 4.000 décès. Des membres du personnel médical espagnol parlent de la "solitude immense" des malades et de leurs proches, de la tristesse des soignants, et de la crainte que "le pire" soit à venir. "J'ai cinq patients pour un seul lit. Je dois choisir. Des gens qu'on pourrait sauver sont en train de mourir, parce qu'ils ne peuvent pas être admis en soins intensifs", explique Sara Chinchilla, 32 ans, médecin dans un hôpital à Mostoles, près de Madrid. Le célèbre stade Santiago Bernabeu du Real Madrid est mis à contribution: il va être utilisé pour entreposer du matériel médical. A Londres, les hôpitaux publics sont confrontés à un "tsunami continu" de malades graves accompagné d'une proportion "sans précédent" de personnel souffrant, selon un responsable du système public de santé britannique. Conséquence des mesures de confinement sans précédent touchant désormais plus d'un tiers de l'humanité: le monde est à l'arrêt et l'économie plonge. Aux Etats-Unis, les demandes d'allocations chômage ont explosé de 1.000% la semaine écoulée et atteint un record historique. En France, l'institut national des statistiques estime à 35% la perte d'activité économique due aux mesures de confinement. Politiques fiscales ciblées, mesures économiques et systèmes de garantie, les 5.000 milliards injectés par le G20 visent à "contrer les répercussions sociales, économiques et financières de la pandémie", selon un communiqué de l'institution. Représentant près des deux tiers de la population mondiale et les trois quarts du PIB planétaire, le G20 a été critiqué pour son silence jusqu'ici. La Banque centrale américaine a de son côté promis jeudi de continuer à prêter de l'argent "agressivement" pour combattre l'impact de l'épidémie sur la première économie mondiale, au lendemain du vote par le Sénat d'un plan de soutien à l'économie américaine de 2.000 milliards de dollars. Après deux séances de gains, la Bourse de Tokyo a lourdement rechuté jeudi, sur fond de crainte d'une flambée de l'épidémie dans la capitale japonaise, dont les habitants sont invités à éviter les déplacements ce weekend, mais pas confinés. Les bourses de Londres et Paris ont terminé en hausse après avoir navigué dans le rouge, tirées par Wall Street qui profite de promesses de nouvelles aides de la Fed, aux Etats-Unis.